Le Musée romain Augst est un musée archéologique en plein
air. Le site abrite les découvertes les plus importantes de la
ville romaine et raconte son histoire. D’autres salles d’exposition
et plus de vingt curiosités en plein air peuvent également être
visitées sur le site même, dont le plus grand théâtre romain au
nord des Alpes. L’objet d’exposition le plus important constitue le
trésor d’argenterie de Kaiseraugst.
Situation géographique
Le site d’Augusta Raurica s’étend sur le territoire des communes
d’Augst, de Kaiseraugst et de Pratteln, au sud-est de
l’agglomération baloise, sur la rive sud du Rhin. Elle est située
au bord d’un axe de communication nord-sud reliant Rome
à la Germanie par le col du Grand-Saint-Bernard. Par ailleurs, le
Rhin à également favoriser le négoce tout le long de la vallée.
Enfin, le site d’Augusta Raurica est vallonné. C’est pourquoi la
ville a toujours été divisée en 3 parties :
- Sur la rive, le quartier commerçant, artisanal et
portuaire.
- Sur la terrasse, le quartier résidentiel, politique et
religieux
- Sur le sommet d’une colline, le camp militaire.
Histoire d’Augusta
Raurica
Contexte général
Augusta Raurica est la première cité romaine à voir le jour
après la première invasion romaine de la Germanie par Jules César,
à la demande des habitants de la région. À cette époque, l’actuelle
Alsace était occupée dans sa partie nord par les Médiomatriques et
dans sa partie sud par les Sénaques qui peuplaient également le
Jura, la plaine de la Saône et de la vallée du Doubs.
Vers 60 avant J.-C., Arioviste, originaire de la vallée du Main
et du Neckar, vient occuper avec ses troupes toute la région. À la
demande des populations autochtones, Jules César à la tête de six
légions, trente mille fantassins, huit mille cavaliers, rencontre
l’armée d’Arioviste en 58 avant J.-C., entre Cernay et Vittelsheim
et lui inflige une cuisante défaite, le rejetant finalement avec
ses soldats sur la rive droite du Rhin.
Par la suite, César favorise l’installation de nouveaux colons
alliés de Rome, les Triboques
autour de Brumath et les
Rauraques dans le sud de l’Alsace jusqu’à Augst d’où le nom
d’Augusta Raurica (les Rauraques étaient des tribus germaniques
originaires de la Ruhr) qui sera fondé en 43 après J.-C par Lucius
Munatius Plancus .
Drusus établit ensuite tout au long du Rhin des camps militaires
reliés entre eux par des routes nord sud, sur les deux rives du
Rhin dont Argentoratum et
Augusta Raurica sont parmi les plus importants. Cette conquête
romaine de l’espace rhénan s’accompagna également d’une
organisation administrative dont les conséquences sont encore
perceptibles aujourd’hui en Alsace. En 297, l’empereur Dioclétien
divise la région en deux parties qui correspondent quasiment au
Bas-Rhin et au Haut-Rhin.
- La Basse-Alsace avec les Triboques sera rattachée à la Germania
Prima (capitale Mayence)
- La Haute-Alsace (avec Augusta Raurica) à la Maxima Sequanerum
(capitale Besançon).
Ce découpage administratif est plus tard repris sur un plan
religieux jusqu’à la révolution française, puisque le Haut-Rhin
fera partie de l’évêché de Bâle, lequel
relèvera de l’archevêché de Besançon.
Cette première fondation romaine s’inscrit donc dans le cadre de
la conquête d’une partie de la Germanie par Jules César vers 43-44
avant J.-C. L’assassinat de Jules César engendre une période
d’instabilité politique dont profitent certaines tribus germaniques
qui détruisent partiellement la ville d’Augst.
C’est sous l’empereur Auguste vers 10 avant J.-C., qu’elle
connaît une nouvelle reconstruction et expansion et devient alors
la ville romaine d’Augusta Raurica.
Histoire de la
construction de la ville
Les travaux de construction commencent à Augusta Raurica entre
15 et 10 avant Jésus-Christ. Des bâtiments en bois, caractérisent
cette première inflation immobilière.
Sous le règne de l’empereur Auguste, entre 27 avant J.-C. et 14
après J.-C., a lieu une nouvelle fondation qui prend de ce fait le
nom connu d’Augusta Raurica. Le forum qui était en bois, voit le
jour vers 20 après J.-C.
Entre 20 et 50, des troupes d’infanterie se trouvent cantonnées
dans le fortin lui aussi en bois, de la ville basse et c’est entre
40 et 70, que les habitations sont reconstruites en pierres
(seconde inflation immobilière).
Le premier théâtre romain, le temple de Mercure et le forum en
pierre sont construits entre 60 et 70. Une aire de prospérité
économique, de la fin du Шаблон:Ier siècle
à la fin du Шаблон:IIIe
siècle, permet l’aménagement des thermes romains, puis vers
200, du troisième théâtre, de l’amphithéâtre, et de luxueux
bâtiments privés à mosaïques (3Шаблон:E inflation
immobilière).
Description de la ville
Les premières fouilles archéologiques commencent au Шаблон:S-, grande période
de l’Humanisme à Bâle. C’est au
Шаблон:S- que la cité
antique est mise progressivement au jour. Ce travail effectué par
la Société historique et archéologique de Bâle, se poursuit encore
de nos jours.
Plus d'une vingtaine de monuments ont déjà pu être mis au jour,
parmi lesquels :
- Le Forum : A l'est du théâtre, se trouve les restes d'un
centre administratif et marchand avec un temple de Jupiter, une
sorte de halle administrative et de justice, une basilique et une
curie. La grande place bordée par ces édifices publics et les
nombreuses boutiques constituait le forum. C’est là que se tenait
aussi les marchés et certaine manifestations officielles. Il fut
construit au milieu du Шаблон:S- apr. J.-C.
- Le Théâtre : Le théâtre situé au cœur de l'antique cité
fut reconstruit plusieurs fois. Au cours de son histoire, il servit
alternativement de théâtre scénique et d'arène de combat. Il
pouvait contenir 8000 spectateurs. Ce n'est que vers 200 apr. J.-C.
que les habitants purent s'offrir le luxe de deux édifices :
le théâtre scénique ici au centre et l'amphithéâtre en bordure
sud-ouest de la ville. Plus importante ruine romaine de n Suisse,
il a été entièrement restauré en 2007.
- Le Temple à podium : Depuis le théâtre, on aboutit par un
escalier monumental au podium d'un temple autrefois imposant.
Le temple à podium fut construit selon des modèles
méditerranéens sur l'emplacement d'antiques temples carrés
gallo-romains dont les fondations de trois d’entre eux sont encore
visibles. Il fut bâti vers 50-60 apr. J.-C. en même temps que le
théâtre qui lui fait face.
- Les Habitations (insulae) : Les quartiers de la
ville, bâtis vers 15 av. J.-C. formaient des îlots urbains
(insula). Ils entourent encore le théâtre romain et sont
maintenant bordés par l'autoroute. Dans la mesure du possible, les
rues reliant les maisons actuelles ont été tracées dans le
prolongement des rues romaines.
- Les aqueducs : Ils n’en restent aucun, mais les rares
vestiges trouvés révèlent un système d’acheminement d’eau
remarquable assurant les besoins d’eau des habitants.
- Les ateliers : Tout près de la route cantonale de
Bâle à Rheinfelden,
se trouvent sous un toit commun, une auberge avec échoppes
(caupona) et une foulerie (fullonica). Ces bâtiments
plusieurs fois réaménagés brûlèrent au Шаблон:S- apr. J.-C.,
peut-être à la suite d'un tremblement de terre. On a retrouvé de
nombreux morceaux de bois calcinés témoignant des
reconstructions.
- L'amphithéâtre : En complément au théâtre scénique du
centre ville, les habitants s'offrirent le luxe d'une grande arène
ovale au sud de la cité. Elle fut construite à l'époque florissante
du Шаблон:S- et pouvait
accueillir près de 6 000 spectateurs. Des combats d'animaux et de
gladiateurs se déroulèrent ici. Les notables et leurs hôtes
suivaient le spectacle depuis la tribune d'honneur aujourd'hui
reconstituée. Le carcer abritait autrefois les animaux et
accessoires.
- La basilique : La basilique était située à l'aile nord-est
du forum, perpendiculairement à la place. Les ruines des murs de
soutènement témoignent de son ancienne ampleur. Contrairement au
sens habituel qu'on lui donne, la basilique à trois nefs n'était
pas un édifice religieux. C'était un bâtiment administratif et de
juridiction.
- Le baptistère : Sur le site du Castrum Rauracense, au bord
du Rhin, on découvrit les vestiges d'une église paléochrétienne,
c'est-à-dire datant du début du christianisme, avec des fonts
baptismaux et une étuve. Au Шаблон:S- apr.
J.-C., un évêque résidait à Kaiseraugst. Des documents citent même
un évêque de « Kaiseraugst et Bâle », vers le Шаблон:S-. À partir du
Шаблон:S-, le siège de
l'évêque fut installé dans Bâle alors en pleine
expansion, pendant que Kaiseraugst perdait son ampleur de cité
antique et devenait une ville moins importante.
- La boulangerie et le poste de garde : A l'époque romaine,
une rangée d'étroites maisons s'étendait au pied d'un puissant mur
de soutènement, en bas de la colline. Le rez-de-chaussée de
certaines d'entre elles était bâti en murs de pierre alors que
l'étage supérieur était en torchis. Ces bâtiments connurent
différents usages au cours des années. De 250 à 275 après. J.-C.,
des fours à pains comme celui que l’on peut voir encore
aujourd’hui, existaient dans plusieurs maisons. Une partie du pain
de ces boulangeries était sans doute destinée aux légionnaires. Car
une garnison stationnait à cette époque à Augusta Raurica. Sa tâche
était d'intervenir lors de sanglantes batailles. Après 275 après.
J.-C., la légion fortifia finalement l'éperon du Kastelen qui
domine la boulangerie. Vers 275 après. J.-C., un vaste incendie
détruisit le bâtiment. Lors des fouilles, on retrouva dans les
décombres, non seulement de la vaisselle en céramique, mais aussi
des figurines de bronze représentant les dieux honorés dans un
sanctuaire familial. On ne sait pas où se trouvait exactement ce
sanctuaire à l'origine. Il est reconstitué aujourd'hui dans la
boulangerie. On a dégagé également de nombreux morceaux d'armes,
non pas l'armure complète d'un légionnaire, mais différentes pièces
comme des épées, des morceaux de fourreaux ou des pointes de lance.
C'est pourquoi on suppose que l'étage au-dessus de la boulangerie
devait servir de poste de garde et de dépôt d'armes pour une petite
unité de la garnison.
- La forteresse Rauracense : Le village de Kaiseraugst se
trouve sur l'emplacement du Castrum Rauracense. Vers 260-280 apr.
J.-C., la chute du limes, frontière de l'Empire au nord, en
Germanie supérieure et en Rhétie, redonna à Augusta Raurica son
importance de ville-frontière. La construction du Castrum
Rauracense en fut une conséquence.
- Une cave : La cave exceptionnellement bien conservée est
reliée à l'égout principal et est accessible grâce au même
escalier.
Cette cave était à l'origine la réserve d'une riche maison
patricienne. Elle fut comblée lors de la construction des thermes
centraux à la fin du Шаблон:S- apr. J.-C., et
découverte pratiquement intacte lors des travaux de dégagement en
1943.
- Les égouts : Le cloaque ou canal des égouts, d'abord à
hauteur d'homme, descendait les eaux usées des thermes centraux
vers le ruisseau Violenbach. D'autres canaux d'arrivée montrent que
le canal collectait également les eaux d'égouts privés. Le canal
des égouts est visible sur prés de 100 mètres.
- Les remparts : Les restes de remparts encore visibles en
différents endroits à Kaiseraugst témoignent que le Castrum
Rauracense était bien défendu. Les remparts entouraient la
fortification militaire et la tête de pont de toutes parts.
Aujourd'hui encore, le côté sud, le plus exposé, est épais de 4 m
et haut de 4,5 m par endroits ! Le castrum fut détruit vers
350 apr. J.-C. C'est vers cette époque qu’un trésor, comprenant
plus de 60 pièces d’argenteries, fut caché au pied des remparts. Ce
trésor est maintenant exposé dans le musée romain.
- Le Temple du Forum : A l'aile sud-ouest du forum s'élevait
un temple majestueux, dédié au culte de l'empereur Auguste et
consacré à la déesse Roma. Une construction en bois blanc en
délimite la façade, indiquant les dimensions originales.
On découvrit les fondations d'un autel au pied du vaste escalier
du temple. C'est ici que se trouvait le lieu sacré appelé
umbilicus, donnant le point d'origine du cadastre de la
ville. Les axes de coordonnées principaux de ce cadastre,
decumanus et cardo, se recoupent ici.
- Un tombeau monumental : Près de la porte est, devant les
murs de la ville, on reconnaît les fondations d'un remarquable
monument cylindrique de 15 m de diamètre. Ce tombeau monumental fut
édifié vers la fin du Шаблон:S- après J.-C. A la
même époque, on commençait à élever les murs de la ville. Ce
monument reproduit un modèle méditerranéen. Il se trouvait près du
lieu de crémation. Il fut certainement édifié pour un très haut
personnage de la cité.
- Les thermes de la gent féminine : Non loin du théâtre
s’élevaient aux Шаблон:Sp-s des bains
publics aujourd'hui disparus. Dans le canal des eaux usées, on
retrouva de nombreuses épingles à cheveux et des perles, d'où le
nom donné à ces thermes.
- Chauffage par le sol : On peut admirer un exemple du
chauffage romain par le sol. Il se trouve sous abri, près du forum,
au Schneckenberg. L'hypocauste servait à chauffer le sol de marbre
de la salle à manger d'une luxueuse maison privée.
- Un sanctuaire de dieux romains et celtes : Dans un vallon
proche du centre ville se trouve un temple difficile à interpréter.
Il semble aujourd'hui qu'il s'agisse d'un temple double
gallo-romain ou d'un sanctuaire dédié à une source. Différents
objets témoignent non seulement de la vénération pour Esculape,
dieu de la médecine et pour Apollon, son père, mais évoquent aussi
le culte d'Hercule, de Sucellus et des divinités des sept jours de
la semaine.
- Les Thermes au bord du Rhin : Ces thermes situés au bord
du Rhin furent utilisés par les habitants des quartiers artisans et
marchands de la basse ville, à partir de la seconde moitié du
Шаблон:S-. Vers le
Шаблон:S-, les bains
furent réaménagés et intégrés au Castrum.
Économie et
société
L’artisanat et le commerce sont alors des piliers de l’économie
urbaine. Les maisons, d’abord en bois, puis en pierre, dès 40-70,
agrandis au gré des besoins, servent à la fois de logements et de
lieux de travail. On a retrouvé des boucheries et des fumoirs, des
locaux ayant servis à des bronziers, fondeurs d’ornements
métalliques, forgerons, ferrailleurs, tourneurs, souffleurs de
verre, tisserand, foulons, mosaïstes, peintres, tailleurs d’objets
en os, fabricants de colle, médecins, marchands éleveur de petits
bétails ou aubergistes (tavernes), des maisons de commerces, des
hôtelleries (auberges), et fabricants de poteries relégués à la
périphérie de la ville pour parer au risques d’incendies.
L’importance grandissante du port et le manque d’espace dans la
ville haute appellent le développement, au Шаблон:S-, de la ville
basse, avec ses entrepôts, ses ateliers et ses magasins. L’intense
activité commerciale d’Augusta Raurica, est attestée par une
inscription provenant de la basilique, par une allusion de Pline
l'Ancien à des cerises des rives du Rhin et par une précision de
Varron concernant l’importation de jambons, de saucisses et de lard
gaulois.
Le confort des habitations va du logement d’artisans étroit et
sombre munis d’un foyer ouvert très primitif jusqu’à la luxueuse
villa urbaine, offrant un péristyle, des bains privées, des pièces
agrémentées de mosaïques et chauffée au moyen d’un chauffage par le
sol. Les quartiers non desservis par une fontaine publique, tel que
le faubourg sud, et certaines parties de la ville basse doivent
être alimentées en eau par des puits.
La prospérité d’Augusta Raurica, repose sur son emplacement
privilégié au bord d’un fleuve navigable et au croisement de routes
importantes, sur ses échanges avec son environnement agricole
immédiat et sur l’exportation de ses spécialités artisanales
(articles en métal, conserves de viande, éventuellement fruits).
Son port fluvial, probablement situé à l’embouchure de l’Ergolz,
qui n’a pas encore été fouillé, et ses ponts sur le Rhin,
représentent ses principaux atouts en matière de transports et
d’échanges.
Des études archéologiques et topographiques, laissent à penser
qu’au premier siècle déjà, il existait un pont primitif, dans le
prolongement de l’axe nord-sud, à l’emplacement du futur pont
reliant au Шаблон:S- le Castrum
Rauracense à un ouvrage fortifié de l’autre côté du fleuve. Un
ouvrage permet en tous les cas au Шаблон:S
mini-, Шаблон:S- d’atteindre la
rive droite du Rhin.
Galerie
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Liens
externes