Le Band-e Amir (persan بند امیر, ce qui signifie "barrage de l'émir") est un ensemble de six lacs au cœur des montagnes de l'Hindou Kouch, en Afghanistan. Leur localisation précise est : <maplink latitude="34.83972" longitude="67.23083" text="34° 50′ 23″ N, 67° 13′ 51″ E" zoom="13">{"type":"Feature","geometry":{"coordinates":[67.23083,34.83972],"type":"Point"},"properties":{"marker-color":"228b22"}}</maplink>.
Ils se situent dans la province de Bâmiyân, à 55 kilomètres à l'ouest de la ville de Bâmiyân, près de la localité de Yakaolang. Il faut compter 73 km par la piste pour se rendre au pied du dernier lac.
Les lacs s'étagent entre 2971 et 2887 mètres d'altitude, séparés par des barrages naturels constitués de roches carbonatées. Ils sont entourés de murailles rocheuses hautes de plus ou moins 300 mètres formées par des plateaux creusés par la vallée appelée Vallée Band-e Amir. Les montagnes environnantes atteignent 3832 mètres d'altitude. Non loin, au sud, au centre d'un cercle formé par Bâmiyân, Band-e-Amir, Panjaw et Beshood, la chaîne du Koh-i Baba culmine à 5 500 m d'altitude.
Il s'agit, d'est en ouest, des lacs Zulfiqar, Pudina, Panir, Haibat, Qambar et Gholaman. Les deux plus grands, le Haibat et le Zulfiqar, couvrent respectivement 490 et 90 hectares. Le lac Panir est le plus petit et mesure seulement un hectare.Selon la légende, le site fut créé par Ali, gendre et cousin de Mahomet. Rendu furieux par un tyran local, Ali aurait escaladé la montagne et donné un grand coup de pied qui aurait fait tomber des pans entiers de montagne. Ceci aurait créé Band-e Haibat (le "barrage du courroux"). Puis prenant son sabre, il aurait donné un coup suffisant pour détacher un autre bloc, créant ainsi Band-e Zulfiqar (le "barrage du sabre"). Un des serviteurs d'Ali, Qambar, aurait aidé son maître à provoquer la chute d'un troisième pan de rocher, donnant naissance à Band-e Qambar. Les esclaves du tyran, aidés d'Ali, créèrent Band-e Gholaman (le "barrage des esclaves"). Une femme ayant offert à Ali un fromage frais, celui-ci l'utilisa pour créer Band-e Panir (le "barrage du fromage frais"). Une fois tout ceci achevé, l'eau retenue par les barrages ne pouvant s'écouler, la rivière se serait assechée, provoquant l'inquiétude des villageois. Sensible à leurs suppliques, Ali aurait alors tracé avec les cinq doigts de sa main droite les chenaux nécessaires à l'écoulement de l'eau.
Les plateaux enserrant la vallée sont de nature marno-calcaire et sont de couleur beige à brune, teintée de rose et/ou de violacé. Ils ont été formés à l'époque Crétacé.
Les lacs de Band-e Amir sont le résultat de l'activité de sources aux eaux enrichies par dissolution des carbonates contenus dans les roches marno-calcaires. Ces sources ont lentement déposé des carbonates (notamment de calcium) sous forme de barrages beige clair de travertin qui retiennent aujourd'hui l'eau des lacs.
Les barrages de travertin ainsi formés atteignent 8 à 10 m de hauteur pour 2 à 3 m de large.
La flore joue un rôle important dans la formation de ces travertins, qui ne sont pas d'origine hydrothermale comme ceux de la vallée d'Ajdar, mais liés à l'activité des êtres vivants chlorophylliens aquatiques. Ces derniers, en consommant le dioxyde de carbone (nécessaire à la photosynthèse) dissous dans l'eau, provoquent la précipitation des carbonates et donc la formation de travertin. La végétation, alors encroûtée dans le carbonate de calcium, finit par mourir et sert de support aux nouvelles générations qui s'installent au-dessus. Le barrage est donc très lentement exhaussé au fur et à mesure de l'accumulation de ces couches de croûtes carbonatées (qui finissent par se compacter sous l'action du poids des couches sus-jacentes).
La grande beauté du site en a fait une destination touristique remarquable. La région fut déclarée parc national en 1973. Mais cette déclaration n'a jamais été publiée au journal officiel, et le parc n'a de ce fait aucun statut légal,.
Le parc national a une superficie de 41 000 hectares (410 kilomètres carrés), dont 600 pour l'étendue combinée des lacs.
Les eaux s'écoulent d'est en ouest. Le Dara-e Band-e Amir, émissaire occidental du dernier des lacs (le Gholaman) se trouve dans le bassin versant de la rivière Balkh-Ab et coule ultérieurement en direction du nord où ses eaux finiront par se perdre dans l'oasis de Balkh, la Bactres antique. Chaque printemps, il présente un important épisode de crue résultant de la fonte des neiges.
Sur les zones calcaires entre les lacs, on peut trouver des bois de petits saules, mais aussi une flore aquatique constituée de charophycées et de cyanobactéries. Cette flore a un rôle dans la formation du travertin formant les barrages (voir le paragraphe sur l'origine géologique).
On trouve en abondance dans les lacs une espèce de carpe (Cyprinidae), appelée localement poisson à lait ("shir moi").
Tant les lacs que le parc national sont malheureusement gravement menacés. La création du parc naturel est restée lettre-morte, en ce sens que la loi l'instituant n'a jamais été publiée au journal officiel afghan. L'absence de toute autorité de maintenance ou de surveillance est un fait.
Ils sont situés dans une zone densément peuplée, où la population pratique un élevage intensif, malgré les ressources limitées de cette nature fragile.