Le bois des Moutiers se situe en France sur la commune de Varengeville-sur-Mer, dans le département de la Seine-Maritime en région Normandie.
Ce domaine de 12 hectares fut aménagé de façon que la nature organisée et la végétation sauvage se côtoient. Rhododendrons, azalées et magnolias, pour lesquels le bois des Moutiers est entre autres réputé, furent importés et naturalisés au milieu de la flore locale.
Le bois des Moutiers est composé de trois parties : des jardins aménagés de style anglais, un vaste parc qui donne sur la mer et un manoir, toujours habité par la famille.
Le domaine est labellisé Jardin remarquable initialement en 2004.
Après une inscription à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments historiques en 1975, l'ensemble du domaine fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 11 décembre 2008.
Le bois des Moutiers est préservé depuis 24 ans par l'arrière-petit-fils de Guillaume Mallet, Antoine Bouchayer-Mallet, qui, architecte DPLG, artiste et gestionnaire du site, souhaite le sauvegarder pour les générations futures.
En 1898, Guillaume Mallet et Adelaïde Grunelius deviennent propriétaires d'une vaste vallée donnant sur la mer. Il acquiert le site encore à l'état sauvage et, pendant plus de quarante ans, il s’attache à créer un grand parc.
Il confie l’aménagement des jardins à Gertrude Jekyll, la très célèbre paysagiste anglaise, et la construction de la demeure à un jeune architecte britannique de 25 ans, Edwin Lutyens qui est devenu par la suite l'un des plus célèbres architectes britanniques de tous les temps (Palais du Vice-Roi et plans de la ville de New Delhi...). Les deux artistes vont travailler ensemble pour élaborer une seule et même œuvre.
La maison, d'un modernisme incroyable, opère une forme de magie en marquant le visiteur d’une empreinte indélébile. Grâce à de fines recherches sur la lumière et des rapports architecturaux très subtils, des fenêtres s’ouvrant sur le vaste panorama du parc et de la mer, des jardins clos prolongeant à l’extérieur l’intimité de la maison, grâce à l’équilibre entre des espaces fluides et d’autres plus cloisonnés, au raffinement dans la simplicité. La vie dans ce lieu aux dimensions humaines s’organise alors autour de l'étude, de réunions philosophiques ou botaniques, de la musique ou des arts en général, dans une ambiance amicale et familiale, très à l’écart d’une vie mondaine.
Le bois des Moutiers est aussi un instrument au service d’une cause, la cause des théosophes (théosophie) dont les Mallet étaient membres :
L’écrivain britannique John Ruskin, décrit cet art d’habiter idéal : Une 'totalité d’être au monde'. « Je pense que si les hommes vivaient vraiment en hommes, leurs demeures seraient des temples à l’intérieur desquels nous oserions à peine entrer et où nous deviendrions des saints par le seul fait d’avoir la permission d’y vivre ».
Les Mallet étaient amis du philosophe indien Jiddu Krishnamurti considéré par les théosophes comme le futur « enseignant du monde ». Dans le même cercle théosophique, ils étaient également proches d'Émilie et de Mary Lutyens, épouse et fille de Sir Edwin Lutyens.
La célèbre Rukmini Devi Arundale, amie de Gandhi, fréquenta également le bois des Moutiers.
Alliant l’âme, l’esprit et la forme, le bois des Moutiers a été créé comme un tout cohérent. Les notions d’appartenance religieuse, ethnique, sociale sont ici transcendées. Au travers des choix subtils des couleurs, des textures et des formes émergent une partition architecturale et paysagère d’une sensibilité inouïe. La présence du nombre d'or, de la géométrie sacrée, des chiffres 2, 3, 7 (nombre)… utilisés comme une trame, un canevas ne laisse que peu de places au hasard… Le bois des Moutiers est simplement un lieu d'harmonie.
« Ce monde est chacun de nous ; le sentir, être véritablement imprégné de cette compréhension, à l’exclusion de toute autre, entraîne un sentiment de grande responsabilité et une action qui doit être non pas fragmentaire mais globale »
Jiddu Krishnamurti.
Le manoir est construit selon les plans d'Edwin Lutyens dans le style Arts & Crafts. Ce style se caractérise par la volonté de redonner aux matériaux leur primauté, par un désir de créer des œuvres simples et uniques. William Morris, qui était l'un des initiateurs de ce mouvement, disait : « J'ai essayé de faire de chacun de mes ouvriers un artiste, et quand je dis un artiste, je veux dire un Homme. »
La maison est conçue comme une œuvre à part entière où chaque détail de ferronnerie ou d’ébénisterie a fait l'objet d'attention lors de sa réalisation. La maison et les jardins font l'objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 11 décembre 2009.
C’est dans le village de Varengeville-sur-Mer, près de Dieppe, qu’ils décident de l’implanter.
Ancré en équilibre aux bords des falaises blanches de la Côte d’Albâtre, ce lieu compte parmi ses visiteurs réguliers un grand nombre de célébrités telles que : Joseph Mallord William Turner, Claude Monet, Georges Braque, Joan Miró, Pablo Ruiz Picasso, Fernand Léger, Auguste Rodin, Claude Debussy, Maurice Ravel, Eric Satie, Albert Roussel, Jacques Prévert, André Breton, Jean Cocteau, André Gide, Virginia Woolf et Jean Francis Auburtin.
Parmi cette liste impressionnante d'artistes, certains étaient particulièrement proches de G. Mallet : Marcel Proust, Jacques-Émile Blanche et Apel·les Fenosa.
Les sept niveaux de jardins réalisés par Gertrude Jekyll sont
des espaces clos entourant la demeure. Lors de leur création,
Gertrude Jekyll travailla à une harmonisation des formes, des
couleurs et des parfums afin de créer une atmosphère différente
dans chacune des chambres de verdure.
À l’arrière de la maison, le parc descend vers la mer dans un
vallon argileux. La nature acide du sol est propice à
l’introduction de nombreuses espèces rares comme les rhododendrons
de l’Himalaya, des azalées de Chine ou des eucryphias du
Chili.
La conception du parc est le fruit de Guillaume et d’Adélaïde.
Il s'agit d'un exemple fondateur de ce nouvel art des jardins né
dans le Surrey en Angleterre à la fin du siècle dernier. Conçu
comme un tableau vivant aux effets de broderies et de tapisseries,
les influences de Turner, et des artistes du préraphaélisme, Dante
Gabriel Rossetti, Edward Burne-Jones(l'Adoration-des-mages
commandé pour le bois des Moutiers)-, Arthur Rackham, Robert
Anning Bell et de Aubrey Beardsley sont partout présentes. Le but
de ces artistes était de s’adresser à toutes les facultés de
l’Homme au travers de son esprit, de son intelligence, de sa
mémoire, de sa conscience, de son cœur… et non pas seulement à ce
que l’œil voit].
Une des féeries de ce jardin réside sans doute dans les
rencontres que l’on y fait, et parfois, avec un peu de chance, dans
la rencontre avec « soi-même ».
Jean Cocteau, alors âgé de 24 ans, évoque dans le Potomak sa
visite au bois des Moutiers avec ses amis André Gide et
Jacques-Emile Blanche :
Le jeune Indien en question de 18 ans était Jiddu Krishnamurti.
Les compositions naturelles soignent les effets de masses, de contrastes, le choix des teintes, des pigments parfois aux tons pastel sont en parfaite harmonie avec la mer toute proche et ses couleurs laiteuses. Tout est dialogue, poésie, rencontres extraordinaires, la lumière sans cesse changeante est utilisée comme liant, insufflant la vie par petite touches ou grands effets. De multiples essences provenant du monde entier y sont présentes : les cèdres de l’Atlas, les rhododendrons de l'Himalaya, les azalées de Chine et de Turquie, les eucryphias du Chili, les érables du Japon, …
Selon Mary Mallet, « c’est le jardin même qui nous inspire, il n’est jamais statique, il vit, meurt et se transforme sous nos yeux. Il ne nous appartient pas, c’est plutôt nous qui lui appartenons] ».
En 1946, Guillaume Mallet et son épouse décèdent. Le bois des Moutiers a subi de nombreux dommages pendant la guerre. La famille se mobilise pour remettre le domaine en état. En 1970, la famille Mallet ouvre les portes de leur propriété au public. Le bois des Moutiers est le premier jardin privé de France accessible à la visite. Il est très vite considéré comme un des plus beaux jardins de France et se voit classé monument historique en 1975 avant d'obtenir le label Jardin remarquable en 2004. Depuis son ouverture, près de deux millions de personnes ont visité le parc .
En 2019, Jérôme Seydoux rachète le domaine.