Le château de Roquetaillade se situe sur la commune de Mazères, dans le département de la Gironde, en France.
Le château de Roquetaillade est dans la même famille depuis 700 ans. Il ouvre au public en 1956. Il est constitué de deux châteaux forts, l'un datant du XIe siècle et l'autre du XIVe siècle, se trouvant dans la même enceinte. Il est sauvé par Viollet-le-Duc au XIXe siècle, qui y entreprend également d'importants travaux de décoration et de création de mobilier.
Le parc de Roquetaillade comprend les vestiges de l'enceinte médiévale avec la barbacane, le ruisseau du Pesquey et ses berges, le chalet XIXe et le pigeonnier du Crampet, qui fait partie de l'écomusée de la Bazadaise.
Aucune information n'est disponible sur les seigneurs de Roquetaillade avant le XIe siècle, où le nom La Mota (ou La Mothe) apparait dans les archives. Depuis le XIe siècle le château de Roquetaillade est resté dans la même famille et cela jusqu'à aujourd'hui. En 1552, Catherine de la Mothe épouse Jean de Lansac et lui apporte le château en dot. En 1789, Marie Henriette, fille du dernier marquis de Lansac, épouse François de Laborie, lui apportant en dot les terres et le château. Elle en divorce sous la Révolution afin de sauvegarder le patrimoine familial, son époux ayant rejoint les rangs des émigrés. Enfin le marquis Lodoïs de Mauvesin et son épouse Geneviève, née de Galard-Béarn en héritèrent en 1866, et firent procéder aux profondes transformations du XIXe siècle, leur cousin Hippolyte de Baritault en héritant à son tour après leur décès.
Le site de Roquetaillade a toujours été habité par l'homme depuis la Préhistoire. La présence de grottes naturelles et d'un piton rocheux sur lequel on pouvait se protéger était favorable à une « installation » humaine. Les nombreux silex taillés, trouvés sur place, témoignent de cette présence. Ils ont aujourd'hui visibles dans la salle d’accueil du château.
Une tradition régionale totalement invérifiable attribue la construction d'un premier castrum à Charlemagne. Le Vieux Château émerge réellement des limbes de l'histoire au XIIe siècle. Cette construction évolua dans le temps ; la technique de la pierre remplaça celle du bois. Le château de Roquetaillade s'agrandit, incluant de nouvelles tours, des remparts et autres constructions défensives, reflétant la puissance du seigneur. La dernière construction fut l'élévation de la tour-porte en 1305, seul passage entre le cœur du château et le village, nommé Castelnau, qui s'était établi autour.
En 1306, avec la permission du roi Édouard Ier d'Angleterre, le cardinal de la Mothe, neveu du pape Clément V, bâtit une deuxième forteresse à Roquetaillade : le « Château Neuf », de plan carré avec six tours et un donjon central. Deux raisons expliquent la création d'un deuxième château dans le village. Premièrement les moyens financiers du nouveau Pape Clément V mais surtout le fait que « l'ancien » château n'avait pas de puits, mais était seulement équipé d'une citerne pour récupérer les eaux de pluie ; cela pouvait-être un énorme handicap en cas d'un siège long. Cette construction révolutionnaire pour l'époque alliait l'art militaire, le besoin de se défendre ainsi que la recherche du confort. Le château de Roquetaillade, ainsi que les autres châteaux « Clémentins » (châteaux construits par la famille du Pape), sont les premiers exemples de palais châteaux forts en France.
Roquetaillade subit ses premières transformations en 1599 ; ouverture au premier étage de fenêtres ainsi que l'installation des premières cheminées Renaissance dans le Bordelais. Ces dernières influenceront ceux construits par la suite au château de Cadillac. À la Révolution, il subit peu de dégâts, mais une tour ainsi que le sommet du donjon furent endommagés. À la même époque il subit également les dégâts de la foudre. Le bâtiment au début du XIXe siècle était en assez mauvais état.
C'est en 1864 que la famille Leblanc de Mauvesin décide de remettre en état le bâtiment et de le transformer en « rêve médiéval ». Pour cela, elle fit appel à Viollet-le-Duc sur le conseil du grand dessinateur archéologue bordelais Leo Drouyn. Le chantier durera de 1864 à 1878, avec une interruption de cinq ans après la chute de Napoléon III.
Ce chantier sera suivi par l'un des plus proches élèves de Viollet-le-Duc, Edmond Duthoit, « mon jeune aide de camp ». Ce dernier finit les travaux de 1875 à 1879 quand Viollet-le-Duc est en exil en Suisse.
Roquetaillade est le seul exemple en France d'une opération complète exécutée par Viollet-le-Duc : restauration, création, décoration, mobilier, organisation sociale ou intendance. C'est une « dictature » de style où rien n'est oublié et où il n'y a aucune place pour autre chose : c'est un « tout ». Le décor de Roquetaillade que l'on voit aujourd'hui est unique en France] et classé monument historique.
Une première protection est prise sous Mérimée et Roquetaillade fera partie des premiers 1000 bâtiments classés en France en 1840. Les ruines du château vieux et le château neuf avec sa chapelle font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 12 octobre 1976. Le parc du château, incluant les ruines de l'enceinte médiévale, le ruisseau du Pesquey et ses berges, le chalet du XIXe siècle et le pigeonnier du Crampet font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 7 novembre 2002.
Le château de Roquetaillade a servi de décor à plusieurs films, dont Fantômas contre Scotland Yard et Le Pacte des loups.
On le voit aussi dans certaines séries comme La Poupée sanglante de Marcel Cravenne (1976) d'après Gaston Leroux : c'est le château du marquis de Coutleray qui se trouve en Vendée dans l'intrigue.