Le château de Serrant est situé en France, sur la commune de Saint-Georges-sur-Loire dans le département de Maine-et-Loire, à une quinzaine de kilomètres à l'ouest d'Angers.
Le château est essentiellement de style Renaissance, construit à la place d'un château médiéval en schiste ardoisier. Les douves témoignent de la période où Serrant était une place forte surveillant le passage de la Loire.
En 1481, Ponthus de Brie fut autorisé par Louis XI à fortifier le château, propriété de sa famille depuis le XIVe siècle.
En 1539 son fils Péan dépêche l'architecte angevin Jean Delespine pour construire un corps de logis bâti autour d'un escalier à double volée contrariée, travaux qui sont continués par son fils Charles.
Il est aussi prévu deux ailes en retour, mais le propriétaire ruiné par ces travaux et par un long procès contre les assassins de son frère, se trouve à court d'argent, et les travaux ne peuvent être achevés immédiatement; le château ne comprend que la partie gauche et l'escalier central du bâtiment principal.
Sa veuve vend le domaine en 1593 au banquier Scipion Sardini qui ne le conservera que sept ans en raison d'une procédure de retrait lignager qui lui fait réintégrer en 1607 le patrimoine des Brie, qui le revendront en 1620 à Hercule de Rohan, duc de Montbazon.
En 1636 Guillaume Bautru, courtisan de Louis XIII, en devient propriétaire; il décide de reprendre les travaux interrompus un siècle plus tôt en respectant les plans d'origine; prolongation de la façade, édification de la tour Sud et des deux ailes en retour (qui seront allongées en 1710); dans les parties hautes l'étage de combles est remplacé par un étage d'attique ; cette modification a été supprimée par Lucien Magne en 1870 et l'homogénéité du style ainsi sauvegardée.
Guillaume Bautru, qui eut comme "compère" Bertrand Macé de La Bazinière, constitua la première bibliothèque de Serrant (qui comptait 12 000 volumes en 1992); c'est probablement lui qui y fit entrer le cabinet d'ébène attribué à Pierre Gole (grand salon), jugé "digne d'un musée royal" en 1854 par le baron de Wismes.
Serrant échut à Marguerite Thérèse de Bautru, épouse de son cousin Nicolas de Vaubrun, qui sera tué à la bataille d'Altenheim (1675) et en souvenir de qui elle fit édifier par Jules Hardouin-Mansart une nouvelle chapelle pour y abriter un mausolée qui n'y sera installé que 28 ans plus tard (1703) en prolongation de l'aile Sud, et dans un souci de symétrie fait également allonger l'aile Nord. D'autres travaux se feront au début du 18ème siècle: l'édification des deux pavillons d'angle et la grande grille d'honneur.
En 1749 François Jacques Walsh, riche armateur nantais devient seigneur de Serrant en achetant le domaine et le château meublé à Madeleine Diane de Vaubrun, duchesse d’Estrées, à qui avait échut le domaine du fait que le fils unique des Bautru, infirme, avait reçut les ordres mineurs.
Les Walsh réaménagent la décoration intérieure et créent un parc "à l'Anglaise".
En 1754, la seigneurie de Serrant est érigée en comté par lettre patente de Louis XV.
Louise de Vaudreuil, épouse d' Antoine Walsh, qui fit poser des boiseries et meubla le château vers 1755 (salon de Jean-Etienne Saint-Georges de la bibliothèque) devint dame d'honneur de l'impératrice Joséphine; après 1815 elle entrepris, avec l'aide du ferblantier du village Thierry et du peintre Girard, employé à la manufacture de porcelaine de Sèvres, des recherches destinées à ressusciter l'art du vitrail, faisant construire dans les communs un four dont sortirent en 1826 Les "premiers vitraux montés sur châssis de bois".
Elle fit aménager le château en vue d'une visite (écourtée) du couple impérial en 1806 au cours de laquelle, Napoléon Ier fut impressionné par son escalier d'honneur; en témoigne la chambre Empire, meublée entre autres par un bureau de Simon-Nicolas Marçion, dit "Marçion jeune".
Sophie Legrand, comtesse de Serrant en 1823, fit réaliser portraits et sculptures par les artistes renommés de l'époque Bettion, Hersent, Gayard, Berthon (œuvres conservées sur place) et entreprit de restaurer le château du Plessis-Macé, qui avait alors réintégré la patrimoine familial, et acquis pour le décorer des suites de tapisseries (ce château fut vendu par les Walsh de Serrant en 1888).
En 1830, Valentine Walsh de Serrant, petite-fille de François-Jacques, épouse Charles Bretagne Marie Joseph, duc de La Trémoïlle.
Le duc de la Trémoille (1856-1913) héritier par son épouse de la collection d'art et des archives du comte Tanneguy Duchâtel - qui posséda L'Œdipe et La Source d'Ingres (Paris, musée du Louvre) - les réunit à celle de sa famille, et confia la restauration du château à l'architecte Lucien Magne, archéologue et restaurateur de l'abbaye de Fontevrault qui procéda à une "retouche générale" du château dont il ceint le premier étage d'une longue balustrade (1894).
En 1939, la duchesse mit le château à la disposition de l'État pour y abriter des œuvres des musées nationaux.
Le dernier du duc étant mort jeune et sans postérité dans l'incendie d'un château anglais en 1933, l'important patrimoine familial, dont Serrant, a été transmis à leurs parents de la branche cadette de la famille princière de Ligne, qui afin de préserver le nom La Trémoïlle, furent autorisés à allonger leur nom en princes de Ligne-La Trémoïlle.
Cette importante demeure très bien entretenue, abrite, outre un riche mobilier familial ancien, le fonds Duchâtel, archives du comte Tanneguy, ministre de Louis-Philippe Ier, père d'une duchesse de la Trémoille qui fut proche d'Adolphe Thiers.
Elle a été classée Monument Historique par arrêté du 29 septembre 1948, de même que le tombeau en marbre sculpté du marquis de Vaubrun, placé en 1703, superbe témoignage d'art funéraire du XVIIIe siècle.
Depuis 1954, le château est ouvert à la visite en plus d'être une résidence.
En 2005, la princesse Hedwige de Ligne-La Trémoïlle hérite de Serrant où elle s'installe avec son époux le prince Charles-Guillaume de Merode, chef de la maison princière de Merode. Leur second fils, le prince Emmanuel de Merode, vit en République démocratique du Congo. La famille princière poursuit les travaux d'entretien et de restauration du château, tout en veillant à son dynamisme culturel.
Les douves datent du château médiéval préexistant.
Le logis est construit autour d'un escalier à double volée contrariée en pierre à voûtes décorées de caissons.
Le parc à l'anglaise du XVIIIe siècle entoure le château et diverses dépendances, le colombier, l'orangerie les écuries et les autres communs.
Un grand nombre de sépultures et de tombeaux des sieurs de Serrant se trouvaient en l'abbaye de st-Georges sur Loire, certaines furent relevées par Gaignières et se trouvent soit à la BNF soit à la Bodléian.