La citadelle de Damas est une place forte médiévale située à Damas, en Syrie. Elle fait partie de la vieille ville de Damas et est inscrite au patrimoine mondial de l'Humanité. La fortification a été bâtie par le général d'origine turkmène Atsiz Ibn Abaq en 1076, cependant il est possible qu'une citadelle existait déjà dès l'époque hellénistique ou romaine mais on n'a pas de preuves archéologiques validant cette hypothèse. Après l’exécution d'Ibn Abaq, l'édifice fut achevé par le seljoukide Tutush Ier. Après lui, les émirs des dynasties bourides et zengides y ont ajouté de nouvelles structures. Durant cette période, la citadelle et la ville de Damas furent assiégées à plusieurs reprises par les Croisés mais aussi par des armées musulmanes. En 1174, le sultan ayyoubide Saladin prit possession de la citadelle, il y installa sa résidence et en modifia les défenses. Le frère et successeur de Saladin, Al Adel entreprit de reconstruire complètement la citadelle entre 1203 et 1216 en réponse au développement du trébuchet à contrepoids comme engin de siège. A sa mort, des luttes de pouvoir opposèrent les princes ayyoubides rivaux, et bien que Damas changea souvent de maître, la citadelle ne fut prise par la force qu'une seule fois, en 1239. La forteresse demeura sous le contrôle des Ayyoubides jusqu'à l'arrivée des mongols et le général Kitbuqa qui captura Damas en 1260, et décida le démantèlement de la citadelle. À la suite de la défaite mongole la même année face aux Mamelouks, ces derniers ayant succédé à la dynastie ayyoubide en Egypte, Damas tomba sous le règne mamelouk. Sauf pour de courtes périodes en 1300 et surtout en 1401, quand les Mongols réussirent à prendre Damas, les Mamelouks gardèrent la citadelle jusqu'en 1516. Cette date marque la conquête de la Syrie par l'empire Ottoman. Damas tomba sans combats et à partir du XVIIème siècle la citadelle fonctionna comme un poste de cantonnement des janissaires - unités d'élite de l'infanterie ottomane. La citadelle perdra de son importance au XIXè siècle, et sa dernière utilisation militaire date de 1925 quand l'artillerie française bombarda la vieille ville à partir de la place forte pour réprimer les troubles survenus lors de la Grande Révolte syrienne contre le régime du Mandat français en Syrie. La citadelle continua de servir de garnison et de prison jusqu'en 1986, quand des fouilles et des restaurations commencèrent. En 2011, les recherches archéologiques sont toujours en cours. La citadelle est située dans le coin nord-ouest des murailles, entre Bab a-Faradis et Bab al-Jabiyah. L'édifice a une forme plus ou moins rectangulaire protégé par des tours reliées par des courtines et renfermant une superficie de 230 mètres de long sur 150 mètres de large. La fortification était protégée à l'origine par 14 tours massives dont il ne reste que 12. La citadelle a des portails sur les façades Nord, Est et Ouest. Ce monument remonte pour l'essentiel à l'époque ayyoubide, mais certaines structures plus anciennes datent de la période seljoukide. Des travaux de réparation ou de reconstruction dues aux sièges et aux tremblements de terre ont été conduits par les Mamelouks et les Ottomans.
En 1076, Damas est conquise par le général turkmène Afsiz Ibn Abaq, il se proclame souverain et entreprend la construction de la citadelle. Il tente d'envahir l'Egypte fatimide en 1077 mais il échoue. À la suite de leur victoire sur Ibn Abaq, les Fatimides décident la même année de mettre le siège devant Damas et encore en 1078 mais ne parviennent pas à reprendre la ville. Le second siège fut levé par Tutush, frère du sultan seljoukide Malik Shah, auquel Ibn Abaq avait eu recours contre les Fatimides. Après la fin du siège, Tutush Ier prend le contrôle de la cité et, ne faisant pas confiance à Afsiz, il le fait assassiner. La construction de la citadelle est achevée par Tutush.
Après le décès de Tutush en 1095, la Syrie est divisée entre ses fils Abu Nasr Shams al-Muluk Duqaq et Fakhr al-Mulk Radwan. Duqaq prend le contrôle de Damas alors que Radwan s'établi à Alep. Durant le règne de Duqaq (1095-1104), de nouveaux travaux sont menés à la citadelle. En 1096, Radwan assiège la citadelle mais ne réussi pas à la prendre. Pendant la période de la dynastie bouride (1104-1154), des aménagements sont apportés à la citadelle en réponse aux attaques multiples des armées franques puis musulmanes sur Damas. Ainsi en 1126, les Croisés se sont approchés de Damas, mais leur avance est stoppée à 30 km de la cité. Dans une seconde tentative, les Croisés parviennent à environ 10 km de Damas avant d'avoir à rebrousser chemin. Zengi, l'atabeg (gouverneur) d'Alep et de Mossoul, attaque Damas à deux reprises, en 1135 et 1140. Cette deuxième attaque de Zengi échoue à cause de l'alliance formée entre l’émir de Damas et les états latins plus au sud ce qui permet à ceux-ci d'empêcher la formation d'une grande coalition musulmane contre eux. Néanmoins, les Croisés de la seconde Croisade décident d'attaquer Damas à nouveau en 1148. Le siège de la ville se termine par l'intervention des armées de Nur ad-Din, fils de Zengi et souverain d'Alep, en menaçant les croisés les forcent à se retirer de Syrie. Cependant Nur ad-Din ne s'empare pas de Damas facilement, mais seulement après plusieurs attaques en 1150 et 1151 avant d'y entrer victorieux en 1154. La citadelle ne s'est rendue à Nur ad-Din qu'après avoir obtenu de celui-ci les garanties d’épargner Mujir ad-Din Abaq, le dernier roi Bouride, et lui permettre d'atteindre et de gouverner la ville de Homs. Nur ad-Din règne comme émir zengide de Damas de 1154 jusqu'à sa mort en 1174. Il installe sa résidence dans la citadelle et entreprend de restaurer ou parfois de reconstruire les parties habitables. Damas est frappée par un tremblement de terre en 1170, ce qui pousse Nur ad-Din à bâtir une maison en bois pour la prière et pour dormir adjacente à la construction originale en pierre. En plus, il fait construire une mosquée et une fontaine à l'intérieur de la citadelle. Entre 1165 et 1174, Nur ad-Din renforce la défense de Damas en ajoutant un mur concentrique autour des murailles. Nur ad-Din meurt le 15 mai 1174 pendant qu'il réside à la citadelle où il est enterré. Son corps sera plus tard transféré au mausolée de la madrassah de Nur ad-Din à Damas.
Juste après le décès de Nur ad-Din en 1174, Saladin, le sultan Ayyubide d'Egypte, prend le contrôle de Damas. Cette année, Saladin embarqua d'Egypte traversant les états latins d'Orient jusqu'à Damas avec seulement 700 fantassins. La cité s'est rendue à Saladin sans combat, seule la citadelle résista jusqu'en novembre. Saladin renforce la citadelle en y ajoutant une tour, il rénove aussi les appartements résidentiels. Comme son prédécesseur, il est initialement enterré à la citadelle où il meurt de maladie le 4 mars 1193, puis sa dépouille est transférée plus tard dans un mausolée proche de la mosquée des Omeyyades à Damas. A la mort de Saladin (ou Salaheddine), ses fils s'établissent en Egypte, à Alep, à Damas et en Irak, rivalisant entre eux pour la succession de leur père. Al-Afdal, fils aîné de Saladin et émir de Damas, est reconnu au début par ses frères comme le souverain légitime de l'empire ayyoubide. Cependant, dès 1194, une hostilité grandissante s'installe entre lui et Al-Aziz Uthman (appelé aussi Al Malik al-Aziz), frère cadet et sultan d'Egypte. En 1196, Al-Aziz et son oncle Al-Adel s'emparent de Damas, sauf la citadelle où Al-Afdal se refugie. Après négociation, Al-Afdal se rend et remet ses titres à Al-Aziz et il est exilé à Salkhad, dans les montagnes du Hauran. Al-Adel reconnaissant la souveraineté d'Al-Aziz, devient l'émir de Damas. A la mort d'Al-Aziz en 1198, ses deux frères, Al-Afdal qui est rappelé au Caire et Zahir Ghazi à Alep, font alliance contre leur oncle et tentent d'assiéger Damas en 1201, mais sans succès. Al-Adel réussi à négocier la paix avec Al-Afdal et Zahir Ghazi, lesquels le reconnaîtront comme sultan d'Egypte et émir de Damas.