L'altiport de Courchevel (code AITA : CVF • code OACI : LFLJ) est un altiport français situé sur la station de sports d'hiver de Courchevel 1850 (commune de Saint-Bon-Tarentaise) au sein du domaine skiable des 3 Vallées, dans le département de la Savoie en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Plus ancien altiport, il est également connu pour sa courte piste (537 mètres), son altitude élevée (2 008 m / 6 588 pi) et pour sa pente (18,66 %) qui est la plus forte du monde pour un aéroport international.
Un altiport est un aérodrome de montagne, avec une piste en pente et où les décollages se font en descente et les atterrissages en montée. Plusieurs existent dans les Alpes (Megève, Méribel, Alpe-d'Huez...) mais celui de Courchevel, le plus ancien, est caractérisé par une unique piste, d'abord de seulement 375 mètres, à forte déclivité (12,50 et 18,66 %) et d'une approche abrupte. Le mot « altiport » a été imaginé lors de la création de celui de Courchevel. Cette pente est la plus forte du monde pour un aéroport international selon le Livre Guinness des records.
Plusieurs pilotes avaient déjà réalisé des atterrissages en pente (Hermann Geiger, Henri Giraud...) quand une équipe, autour de Michel Ziegler (fils d'Henri Ziegler) et Robert Merloz, décide de créer une compagnie aérienne déposant les skieurs au plus près des pistes. Les stations de Chamonix et Megève refusent, contrairement aux stations nouvelles et moins connues de Méribel et Courchevel.
En 1961, le maire Émile Ancenay et le conseil municipal approuvent la création de la piste au lieu-dit de l'alpage de Pralong, qui reçoit son premier atterrissage le 31 janvier 1962, le lendemain du premier atterrissage à l'altiport de Méribel. Une chenillette issue des expéditions de Paul-Émile Victor est utilisée pour damer la piste, qui n'est alors reliée à aucune route. Créée par Michel Ziegler et Robert Merloz la compagnie régionale Air Alpes dépose une clientèle internationale depuis Paris, Lyon ou Genève avec ses Twin Otter et Pilatus Porter.
La piste est enrobée en 1968. À partir de 1971 elle est déneigée en permanence, ce qui permet aux avions d’atterrir sans skis. En prévision des jeux olympiques de 1992, la longueur de la piste est portée en 1989 de 375 à 537 mètres et sa largeur doublée (de 40 à 80 mètres) pour permettre l’atterrissage d'avions Dash 7 de 50 places et la pose d'une balise radioélectrique. Les travaux, de 35 millions de francs, nécessitent de déplacer 400 000 mètres3 de terre et la construction d'une centrale à enrobé provisoire.
Exploité par la mairie de Saint-Bon Tarentaise, l'altiport est doté d'un VIM 12 P2,5, d'une navette et d'un tracteur. Le site fait 11,9 ha, et comporte un bâtiment de vigie, deux chalets d'accueil, des hangars, un ravitaillement en carburant des avions. En 2008, l'exploitation était assurée par cinq agents. En 2012, son budget était excédentaire, avec 0,5 millions d'euros de recettes pour 0,3 millions d'euros de dépenses de fonctionnement (non compris les travaux).
Implantée sur l'altiport depuis 2014, Alpine airlines est la seule compagnie aérienne autorisée par l'aviation civile a accéder à Courchevel en vol commercial.
L'unique piste d'atterrissage se situe au lieu-dit des chalets de Pralong, deux kilomètres au sud du chef-lieu, parmi les pistes de ski de Courchevel 1850.
Sa piste, large de 80 mètres et longue de 537 m, a un profil de travers incliné de 2 à 5 %, et surtout une pente très prononcée (0,45 % sur les 123 mètres de plate-forme, puis 18,66 % jusqu'à 403 m et enfin 12,50 % pour les 134 derniers mètres). Des talus de neige peuvent exister, et la Direction générale de l'Aviation civile impose des règles spécifiques pour prévenir les croisements.
En raison de sa dangerosité, atterrir ou décoller de l'altiport requiert une qualification de site spécifique (« qualification montagne roue »),. Moins de cent pilotes ont cette certification. L'utilisation d'avions de plus de 2,5 tonnes doit être autorisée au préalable par la DGAC et seule la compagnie Alpine airlines est autorisée a opérer en avion avec des passagers commerciaux. Outre les difficultés inhérentes à la piste de l'altiport, le pilotage en montagne doit prendre en compte une métrologie différente et un relief prononcé.
Plusieurs accidents ont eu lieu sur cet l'altiport : en février 2000, un De Havilland DHC 6300 subit une embardée au décollage et s'arrache une aile sans faire de victimes, en février 2008 un train d'atterrissage avant casse en atterrissant, puis deux personnes sont blessées en juillet 2010 lors d'un atterrissage (freinage). Enfin, deux pilotes se sont tués en octobre 2010 (l'appareil à roues, sans skis, ne peut décoller sur la piste enneigée et s'écrase). La chaîne de télévision History Channel avait classé en 2010 l’aérodrome au 7e rang mondial des aéroports les plus dangereux, et le Daily Telegraph parmi les dix plus dangereux en 2014.
C'est cependant au sol que le sénateur et ancien maire de Saint-Bon-Tarentaise, Pierre de La Gontrie, avait été grièvement blessé en 1969 par l'empennage d'un avion alors qu’il marchait sur la piste.
Destiné à l'aviation d'affaires, cet altiport accueille des hélicoptères venus déposer des touristes et des avions privés.
Air Alpes réalise d'abord des trajets vers Courchevel depuis les aéroports de Lyon-Bron, de Chambéry-Savoie ou de Grenoble-Isère, avant de réaliser des trajets directs depuis Paris-Orly. L'arrêt des dessertes par Air Alpes (lors de son rachat par TAT en 1981) et la prohibition des déposes sur glacier avec la loi Montagne de 1985 font diminuer la fréquentation de l'altiport.
Celle-ci est finalement relancée au cours des années 1980 avec le développement de l'hélicoptère privé (société SAF) et par la compagnie Savoie Airlines, devenue Alp’Azur, qui réalise des dessertes régulières au cours des hivers 1998-1999 et 1999-2000 depuis Paris et Genève, avant de s'arrêter définitivement en avril 2001. Depuis les années 1990, l'essentiel du trafic est constitué d'avions privés et d'hélicoptères-taxis qui effectuent du transport à la demande, à destination d'une clientèle fortunée. Cette modernisation a participé au développement du trafic touristique, et par conséquent, comme avec les aérodromes de Saanen pour Gstaad ou Samedan pour St.Moritz, à l'image haut de gamme de la station.
La DGAC avait longtemps refusé l'atterrissage d'avions de location (avec passagers commerciaux) mais depuis juin 2015, une compagnie aérienne propose une desserte en Vulcanair Aviator AP68TP-600 et Partenavia P.68 (en).
En 2008, le trafic de l'altiport était de 7 042 mouvements (58 % pour les hélicoptères et 42 % pour les avions) et en 2011 de 7 514 mouvements (60 % pour les hélicoptères et 40 % pour les avions). Le trajet depuis l'aéroport de Chambéry-Savoie coûtait, en 2013, 2 266 euros.
Le restaurant "Le Pilatus" est directement situé au bord du tarmac.