Dougga

Dougga ou Thugga est un site archéologique situé dans la délégation de Téboursouk au nord-ouest de la Tunisie.

<td class="navigation-only" colspan="2" style="border-top: 2px #F9F9F9 solid; font-size: 80%; background:inherit; text-align: right;">modifier </td>
Dougga / Thugga*
Patrimoine mondial de l'UNESCO
<div style="clear:both;" />
Panorama sur le site de Dougga au milieu des champs d’olivier
Coordonnées 36° 25′ 25″ Nord
       9° 13′ 13″ Est
/ 36.42361, 9.22028
Pays  Tunisie
Subdivision Gouvernorat de Béja
Région** États arabes
Type Culturel
Critères (ii) (iii)
Superficie 70 ha <div style="clear:both;" />Zone tampon : 80 ha
Numéro d'identification 794
Année d’inscription 1997 (21e session)
<div style="margin-top: 0.3em;" /><div style="clear:both;" />
Plan des principaux éléments du site
* Descriptif officiel UNESCO<div style="clear:both;" />** Classification UNESCO
Modèle:Infobox Patrimoine mondial/Paramètre Carte

Dougga ou Thugga est un site archéologique situé dans la délégation de Téboursouk au nord-ouest de la Tunisie.

L’Unesco a classé ce site sur la liste du patrimoine mondial en 1997, considérant qu’il s’agit de la « petite ville romaine la mieux conservée de l’Afrique du Nord ». La cité, qui se trouve en pleine campagne, est bien protégée de l’urbanisme moderne, contrairement, par exemple, à Carthage pillée et reconstruite à de nombreuses reprises.

Le site de Dougga est remarquable par sa taille — 70 hectares — la bonne conservation de ses monuments et la richesse historique de son passé punique, numide, romain et byzantin. Parmi les monuments qui font la renommée de Dougga se trouvent le mausolée libyco-punique, le Capitole, le théâtre ainsi que les temples de Saturne et de Junon Caelestis.

Localisation et géologie

]]

Le site archéologique se trouve à quelques kilomètres de la ville actuelle de Téboursouk, sur un plateau offrant une vue dégagée sur les plaines environnantes baignées par l’oued Khalled. La pente sur laquelle est bâtie la cité monte vers le nord et s’arrête à l’est par la falaise dite Kef Dougga<ref>Sophie Saint-Amans, Topographie religieuse de Thugga (Dougga). Ville romaine d’Afrique proconsulaire (Tunisie), éd. Ausonius, Bordeaux, 2004, p. 17</ref>. À l’est, les crêtes de la fossa regia témoignent de son statut de ville de contact entre mondes punique et berbère.

Le site offrait donc une protection naturelle qui peut expliquer l’ancienneté de son occupation.

Cité africaine progressivement romanisée

L’histoire de Dougga est surtout connue après la conquête romaine même si différents monuments pré-romains, comme une nécropole, le mausolée libyco-punique et des temples retrouvés grâce aux fouilles, attestent de l’importance de la ville avant l’arrivée des Romains.

Vieille cité africaine

Le nom numide de la cité est TBGG, du lybique TBG signifiant « protéger » selon Gabriel Camps<ref name="camps2522">Gabriel Camps, « Dougga », L’Encyclopédie berbère, tome XVI, éd. Edisud, Aix-en-Provence, 1992, p. 2522</ref>. La toponymie viendrait ainsi de façon évidente de la topographie du site, un plateau aisé à défendre. La fondation de la ville semble remonter au <ref name="khan13155">Mustapha Khanoussi, « L’évolution urbaine de Thugga (Dougga) en Afrique proconsulaire : de l’agglomération numide à la ville africo-romaine », CRAI, 2003, pp. 131-155</ref>. Certains historiens considèrent qu’il est possible d’identifier Dougga à une certaine Tokaï prise par un lieutenant d’Agathocle de Syracuse à la fin du  : Diodore de Sicile la présente comme « une ville d’une belle grandeur ».

]]

Quoi qu’il en soit, l’occupation humaine de ce site a été précoce et importante et a pris une forme urbaine comme en témoignent la présence d’une nécropole à dolmens, le plus ancien témoignage archéologique de Dougga, d’un sanctuaire à Ba'al Hammon, de stèles votives néo-puniques, du mausolée, de fragments architecturaux et d’un temple dédié à Massinissa divinisé dont des vestiges furent retrouvés lors des fouilles. Si les connaissances de la ville avant la conquête romaine restent très fragmentaires, l’archéologie a fortement renouvelé récemment la représentation qui a été faite de cette époque.

Ainsi, l’identification du temple à Massinissa sous le forum a infirmé la théorie de Louis Poinssot qui situe la ville numide sur le plateau et l’imagine séparée de la nouvelle ville romaine. Le temple, élevé en 10 de Micipsa ce qui correspond à l’année 139 av. J.-C., mesure plus de 14 mètres de longueur sur 6,3 mètres de largeur. Il montre que le quartier du forum a été urbanisé avant l’arrivée des colons romains. Un habitat du a aussi été retrouvé à proximité. De même, le célèbre mausolée de Dougga n’est pas situé en pleine campagne mais dans une nécropole urbaine.

En revanche, les fouilles récentes ont complètement bouleversé la chronologie de ce que l’on appelle couramment les « murailles numides ». Les murailles qui entourent Dougga ne sont en effet pas numides mais constituent une portion de la fortification de Dougga datant de l’Antiquité tardive. Des fouilles précises ont ainsi montré que ce qui est interprété comme deux tours numides dans la muraille sont en fait deux monuments funéraires d’époque numide réutilisés bien plus tard comme fondation et portion de l’enceinte à basse époque<ref>Mustapha Khanoussi, « L’évolution urbaine de Thugga (Dougga) en Afrique proconsulaire : de l’agglomération numide à la ville africo-romaine », pp. 131-143</ref>.

La découverte d’inscriptions libyques et puniques sur le site a entraîné un débat sur l’administration de la ville à l’époque du royaume numide, le cœur du débat — l’interprétation des sources épigraphiques — se situant dans la problématique de la prise en compte de l’influence punique ou d’un rapprochement avec les Berbères<ref>Gabriel Camps, « Dougga », L’Encyclopédie berbère, pp. 2522-2527</ref>,<ref>Gabriel Camps, Les Berbères, mémoire et identité, coll. Babel, éd. Actes Sud/Leméac, Paris/Montréal, 2007, pp. 299-300</ref>. Au-delà du débat sont apparues, dès l’époque numide, des institutions locales originales<ref>Gabriel Camps, « Dougga », L’Encyclopédie berbère, p. 2525</ref> distinctes d’une quelconque influence punique. Cependant, Gabriel Camps signale la présence à l’époque romaine de suffètes dans plusieurs cités dont Dougga<ref>Gabriel Camps, Les Berbères, mémoire et identité, p. 300</ref>, ce qui ne peut manquer de dénoter une influence bien postérieure à la chute de Carthage, et donc une survivance d’éléments de sa civilisation.

Intégration progressive

En tant que vieille cité numide marquée par l’influence de Carthage<ref>Collectif, L’Afrique romaine. 69-439, éd. Atlande, Neuilly-sur-Seine, 2006, p. 309</ref>, les Romains lui attribuent lors de leur conquête le statut de cité indigène (civitas).

La fondation de la colonie de Carthage sous le règne d’Auguste complique le statut institutionnel de Dougga. Celle-ci est en effet intégrée au territoire (pertica) de la colonie romaine de Carthage : un pagus (canton) de colons romains s’ajoute à la cité indigène. Pendant deux siècles, deux cadres civiques et institutionnels se partagent donc le même site urbain : la cité composée de pérégrins et le pagus composé de citoyens romains. Tous deux possèdent des institutions civiques : magistrats et conseil des décurions (ordo) pour la cité, conseil local à partir de la fin du Ier siècle et administrateurs locaux pour le pagus qui dépend en droit de la lointaine mais puissante colonie de Carthage.

Avec les progrès de la romanisation, les deux communautés se rapprochent : les notables de la cité pérégrine se romanisent et reçoivent la citoyenneté romaine et, de plus en plus souvent, les deux communautés représentées par leurs deux conseils prennent des décisions en commun. Ce rapprochement est facilité par le partage d’une même culture matérielle — les deux communautés ne sont pas distinguables d’un point de vue archéologique — puis par des aménagements institutionnels. Sous le règne de Marc Aurèle, la cité reçoit le droit latin : désormais l’intégration de ses magistrats à la citoyenneté romaine est automatique et le droit de ses habitants se rapproche de celui des citoyens romains. À la même époque, le pagus des citoyens gagne une certaine autonomie par rapport à Carthage et peut recevoir des legs et posséder une caisse publique.

Ce n’est cependant que sous le règne de Septime Sévère, en 205, que les deux entités fusionnent au sein d’un municipe dit libre alors que la pertica de Carthage est réduite. Soutenue par de grandes familles de riches notables pratiquant un évergétisme parfois fastueux, défendue par des ambassades auprès de l’empereur, la vie municipale à Dougga culmine alors et la cité obtient sous le règne de Gallien le titre de colonie romaine sous le nom de Colonia Licinia Septimia Aurelia Alexandriana Thuggensis. À partir du règne de Dioclétien et jusqu’à celui de Théodose l'Ancien, la cité est prospère comme en témoigne sa parure monumentale<ref name="afrrom310">Collectif, L’Afrique romaine. 69-439, p. 310</ref>. Cependant, à partir du IVe siècle, la cité entre dans une certaine torpeur, le christianisme n’y ayant laissé que des traces modestes.

« Liberté » de Dougga

À partir de 205, date à laquelle la civitas et le pagus sont fondus en un seul municipe, Dougga porte le nom de Municipium Septimium Aurelium Liberum Thugga. Chaque terme d’une telle nomenclature est significatif.

Septimium et Aurelium renvoient aux noms des « fondateurs » (conditores) du municipe, la concession du statut juridique étant assimilée à la fondation d’une cité nouvelle : Septime Sévère et Caracalla dont la titulature latine est Marcus Aurelius Antoninus. En revanche, le terme de Liberum n’est pas aussi facilement interprétable. Outre le cas de Dougga, ce terme figure dans la titulature d’un certain nombre d’autres municipes créés à la même époque : Thibursicum Bure<ref>ILAf, 506</ref>, Aulodes<ref>CIL VIII, 14355</ref> et Thysdrus<ref>CIL XII, 686</ref>. Plusieurs interprétations ont été avancées<ref>Jacques Gascou, La politique municipale de l’Empire romain en Afrique proconsulaire de Trajan à Septime Sévère, éd. CEFR, Rome, 1972, pp. 179-180</ref>,<ref name="lepelley10514">Claude Lepelley, « Thugga au Шаблон:S- : la défense de la liberté », Dougga (Thugga). Études épigraphiques, éd. Ausonius, Bordeaux, 1997, pp. 105-114, également disponible dans Claude Lepelley, Aspects de l’Afrique romaine : les cités, la vie rurale, le christianisme, éd. Edipuglia, Bari, 2001, pp. 69-81</ref>. Pour Alfred Merlin et Louis Poinssot, il faut reconnaître là le nom du dieu Liber Pater, ce dernier ayant un temple à Dougga<ref>CIL VIII, 26467</ref>, l’épithète Liberum succédant dans ce cas aux noms de Frugifer et de Concordia, des divinités présentes dans la titulature de Thibursicum Bure. Mais ce dernier cas est une exception : la titulature des autres municipes concernés ne contient pas de noms de divinités et l’hypothèse a donc été abandonnée. Le terme de Liberum renvoie donc à la notion de libertas (liberté). Cette interprétation est confirmée par une inscription de Dougga où l’empereur Sévère Alexandre est honoré comme conservator libertatis, l’empereur ayant conservé la liberté de Dougga<ref>CIL VIII, 1484 ; 26552 ; ILTun, 1415 ; Mustapha Khanoussi et Louis Maurin, Dougga. Fragments d’histoire. Choix d’inscriptions latines éditées, traduites et commentées (IШаблон:Er-IVШаблон:E siècles), inscription n°57. Sur l’inscription CIL VIII, 26561 Probus est honoré avec un titre proche</ref>.

Mais quel est le contenu exact de cette liberté et que recouvre-t-elle ? Pour Jules Toutain, il s’agit d’un type de municipe particulier, des municipes libres où le gouverneur romain n’aurait pas eu le droit de contrôler les magistrats municipaux. Rien ne laisse penser toutefois que le municipe de Dougga a pu jouir de privilèges juridiques exceptionnels comme ceux que l’on trouve pour certaines cités libres telles que Aphrodisias en Asie mineure. Paul Veyne a donc proposé de ne voir dans la libertas de Dougga qu’une liberté idéale sans contenu juridique<ref>Paul Veyne, « Le Marsyas colonial et l’indépendance des cités », Revue de philologie, n°35, 1961, pp. 86-98</ref> : l’accession au statut de municipe est vue comme la fin d’une sujétion, la cité pouvant se parer des ornamenta libertatis<ref>CIL VIII, 210 (ILS 5570) à Cillium</ref> et la célébration de sa liberté va de pair avec l’exaltation de sa dignité : l’empereur Probus est conservator libertatis et dignitatis<ref>CIL VIII, 26561 ; Mustapha Khanoussi et Louis Maurin, Dougga. Fragments d’histoire. Choix d’inscriptions latines éditées, traduites et commentées (IШаблон:Er-IVШаблон:E siècles), inscription n° 63</ref>. Pour reprendre les mots de Jacques Gascou, selon l’interprétation de Paul Veyne, « Liberum, dans le nom de Thugga, est un terme flatteur [...] dont une cité qui a longtemps attendu le statut municipal se plaît à se parer »<ref>Jacques Gascou, op.cit., p. 180</ref>.

Plus récemment toutefois, l’attention a été attirée sur les aspects concrets que peut recouvrir cette liberté. Ainsi, Claude Lepelley a fait remarquer d’une part que le terme de municipe libre doit faire référence aux rapports entre la cité et Rome et d’autre part que le terme de liberté peut recouvrir des privilèges divers et partiels. On sait que le territoire de Carthage, auquel appartient le pagus des citoyens romains jusqu’en 205, a de semblables privilèges : les habitants du pagus de Dougga envoient sous le règne de Trajan une ambassade pour défendre l’immunitas perticae Carthaginiensium<ref>L'Année épigraphique, 1963, 94</ref>, c'est-à-dire l’immunité (fiscale) du territoire de Carthage. En revanche, la civitas de Dougga ne possède pas un tel privilège : toute fusion avec le pagus risque d’entraîner la perte d’une situation enviable pour les citoyens du pagus. La liberté des municipes sévériens désignerait donc l’immunité fiscale étendue à tout le municipe à l’occasion de la fusion, immunité permise par la générosité de Septime Sévère et la très grande richesse de la région. Sous le règne de Gallien, l’un des grands personnages de Dougga nommé Aulus Vitellius Felix Honoratus effectua une ambassade auprès de l’empereur « pour assurer la liberté publique »<ref>CIL VIII, 26582 (ILS 9018) ; Mustapha Khanoussi et Louis Maurin, Dougga. Fragments d’histoire. Choix d’inscriptions latines éditées, traduites et commentées (IШаблон:Er-IVШаблон:E siècles), inscription n°70</ref>. Pour Claude Lepelley, cela laisse penser que le privilège a été remis en question même si Dougga a finalement eu gain de cause, au moins partiellement, comme en témoigne l’inscription honorant « Probus, défenseur de sa liberté ».

semblables à cette inscription sont quasiment la seule source sur les institutions de la cité.]]

Pour Michel Christol, cette interprétation réduit cependant le sens du mot libertas à des situations trop concrètes<ref name="christol191">Michel Christol, Regards sur l’Afrique romaine, éd. Errance, Paris, 2005, p. 191</ref>. Selon lui, il ne faut pas oublier que la décision de l’empereur en 205 doit répondre à une demande venant de la civitas et tenir compte des relations qui ont pu exister entre celle-ci et le pagus. L’autonomie acquise par la civitas, sous le règne de Marc Aurèle, et la concession du droit latin<ref>Michel Christol, op. cit., p. 188</ref> ont en effet rendu la perspective de la fusion des deux communautés possible mais sans doute inquiétante pour le pagus qui aurait exprimé un « souci de défense et même de refus, devant les prétentions des voisins les plus proches »<ref>Michel Christol, op. cit., p. 190</ref>. Cela expliquerait que ce dernier a honoré Commode comme conservator pagi (conservateur protecteur) du pagus<ref>CIL VIII, 27374 ; inscription relue et commentée par Jacques Gascou, « Conservator pagi (d’après l’inscription de Thugga CIL VIII, 27374) », Dougga (Thugga). Études épigraphiques, éd. Ausonius, Bordeaux, 1997, pp. 97-104</ref>.

Dès lors, l’apparition du terme Liberum serait à comprendre dans ce contexte et le terme de liberté retrouverait un aspect abstrait : la liberté est ce qui se dégage de l’appartenance à une cité et le mot de Liberum permet d’exprimer la fin de la dépendance pour la civitas, « l’élévation à la liberté des Romains d’une communauté pérégrine » qui peut effacer aussi les craintes des habitants du pagus et ouvrir, à terme, la voie vers la promotion ultime, c'est-à-dire le titre de colonie. Cette promotion a eu lieu sous le règne de Gallien, en 261, à la suite, selon Michel Christol, de l’ambassade d’Aulus Vitellius Felix Honoratus. Dès lors, la défense de la libertas publica par ce dernier ne serait pas à comprendre comme la défense d’un privilège menacé mais comme la demande de la « liberté suprême » (summa libertas) qu’est la promotion coloniale<ref>Michel Christol, op. cit., p. 195</ref>. Michel Christol attire aussi l’attention sur le caractère abstrait de termes tels que libertas ou dignitas : les situations vécues par les cités étaient en revanche plus concrètes et chaque fois singulières<ref>« Les réflexions fondées sur le rapprochement avec l’immunité dont jouissait la pertica de Carthage, quoique vraisemblables, sont tout de même hypothétiques, quelle que soit l’ingéniosité mise à justifier ce point de vue et à l’adapter au commentaire de tous les documents rassemblés. La défense de la liberté pouvait aussi s’exprimer dans des conflits avec des communautés voisines, ou bien dans des questions de préséance dans la vie provinciale. Bref, si l’on veut l’envisager comme un tout, le problème de la liberté de Dougga, comme celui d’autres cités de la province, reste entier en raison du caractère abstrait du vocabulaire utilisé. Les références aux valeurs idéales de la vie municipale masquent trop souvent l’originalité et la singularité des situations vécues. » (Michel Christol, « De la liberté recouvrée d’Uchi Maius à la liberté de Dougga » Revue de philologie, de littérature et d’histoire anciennes, tome LXXVIII, 2004, pp. 13-42</ref>.

Plan général de la cité

La cité telle qu’elle se présente aujourd’hui consiste essentiellement en des vestiges d’époque romaine datant principalement des IIe et IIIe siècles. Les constructions romaines ont dû prendre en compte à la fois le relief du terrain particulièrement accidenté et les constructions préexistantes, ne respectant pas de ce fait le plan orthonormé traditionnel<ref name="slim153">Hédi Slim et Nicolas Fauqué, La Tunisie antique. De Hannibal à saint Augustin, éd. Mengès, Paris, 2001, p. 153</ref>, particulièrement en œuvre dans les créations telles que la cité de Timgad.

Les fouilles récentes confirment la continuité de l’emprise urbaine de la cité. Le cœur de la cité resta le point culminant de la colline au cours de son histoire, le forum romain succédant à l’agora numide. Au fur et à mesure de son développement, les constructions occupèrent le flanc de la colline, la ville devant apparaître selon Hédi Slim comme « une masse compacte ».

Cité des vivants

Les premières habitations privées qui ont été dégagées le furent le plus souvent au début des fouilles, du fait des sondages effectués afin de découvrir les constructions publiques. Par la suite, un certain nombre de fouilles a permis de mettre en évidence quelques bâtisses privées particulièrement caractéristiques.

Habitat d’époque numide

Des traces d’habitat d’époque numide ont été décelées dans les soubassements de l’auditorium du temple de Liber Pater<ref>Mustapha Khanoussi, Dougga, éd. Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle, Tunis, 2008, p. 41</ref> mais sont très ténues. Les premiers archéologues, dont Louis Poinssot, pensent à une localisation différente des villes romaine et pré-romaine, ce qui a été infirmé par cette découverte, la ville ayant eu vraisemblablement une emprise sur la même zone.

Exemple de maison patricienne : la villa du trifolium

L’habitat de la ville des IIe et IIIe siècles se situe en contrebas de la ville haute qui abrite le forum ainsi que les principaux monuments publics de la ville, autour de rues au tracé irrégulier<ref name="golvin99">Jean-Claude Golvin, L’antiquité retrouvée, éd. Errance, Paris, 2003, p. 99</ref>.

La villa dite du trifolium, du nom d’une pièce en forme de trèfle qui sert sans doute de triclinium, est la plus grande maison privée fouillée à l’heure actuelle sur le site de Dougga. Elle possède deux étages mais il ne reste presque rien du second niveau. Située au sud du site, à mi-hauteur de la pente naturelle, elle est particulièrement intéressante car elle épouse le relief du terrain : le vestibule descend vers une cour autour de laquelle s’ordonnent les différentes pièces<ref>Mustapha Khanoussi, Dougga, pp. 64-66</ref>.

<div style="clear:both;" />

Marché

Le marché daté du milieu du Ier siècle est constitué d’une place de 35,50 mètres sur 28 mètres, entourée de portiques et de boutiques sur deux de ses côtés. Le côté nord est bordé par un portique et une exèdre qui occupe sa partie sud<ref>Pierre Gros, L’architecture romaine du début du Шаблон:-s- à la fin du Haut-Empire, tome 1 « Monuments publics », éd. Picard, Paris, 1996, p. 455</ref> doit abriter une statue de Mercure<ref name="khandoug27">Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 27</ref>.

Afin de pallier les différences de relief, les bâtisseurs ont procédé à d’importants travaux de terrassement. La datation des vestiges en fait l’un des apports romains les plus anciens et son orientation par rapport au forum laisse supposer l’absence de plan de construction préalable. Il ne faut toutefois pas se laisser méprendre par la proximité actuelle des vestiges car il n’y a aucune connexion avec le forum.

Lors des travaux d’aménagement du fortin byzantin, le marché a été presque complètement démoli. Il a été fouillé et dégagé en 1918-1919<ref>Sophie Saint-Amans, op. cit., p. 336</ref>.

<div style="clear:both;" />

Cité des morts

Dolmens

La présence de dolmens en Afrique du Nord a alimenté des débats historiographiques qui ne sont pas dénués d’arrières-pensées idéologiques<ref>Gabriel Camps, Les Berbères, mémoire et identité, coll. Babel, éd. Actes Sud/Leméac, Paris/Montréal, 2007 Шаблон:ISBN</ref>. Les dolmens présents sur le site de Dougga ont fait l’objet de fouilles, des squelettes ainsi que des céramiques modelées ainsi ont pu être découverts.

Même si leur datation pose problème, du fait d’une utilisation qui a pu perdurer jusqu’au début de l’ère chrétienne, il est probable que celle-ci ne soit pas postérieure aux deux premiers millénaires avant J.-C.<ref>Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 62</ref>. Gabriel Camps a envisagé une origine sicilienne pour ce type de sépulture ainsi que pour les sépultures dites haouanet<ref>Gabriel Camps, Les Berbères, mémoire et identité, p. 90</ref>.

Tombes à bazina d’époque numide

Un type de tombe propre au monde numide a été découvert sur le site : il s’agit des tombes dites à bazina ou monuments circulaires.

<div style="clear:both;" />

Mausolée libyco-punique

Article détaillé : Mausolée libyco-punique de Dougga.

Il s’agit de l’un des très rares exemples d’architecture royale numide, un autre exemple se situant à Sabratha dans l’actuelle Libye. Certains auteurs y ont vu une parenté avec l’architecture funéraire d’Asie mineure et les nécropoles alexandrines des IIIe et <ref name="grosII417">Pierre Gros, L’architecture romaine du début du Шаблон:-s- à la fin du Haut-Empire, tome 2 « Maisons, palais, villas et tombeaux », éd. Picard, Paris, 2001, p. 417</ref>.

Ce tombeau de 21 mètres de haut bâti au IIe siècle av. J.-C. a été considéré comme dédié à Atban, fils de Iepmatath et de Palu de par le texte de l’inscription qui a été conservée. Cette inscription dont la localisation précise au sein du monument, sur un côté d’une fausse fenêtre du podium, n’a été tranchée que récemment<ref>Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 74</ref> n’est pas la seule car une autre inscription bilingue ornant l’autre côté de la fausse fenêtre a pour sa part été perdue. Selon ces dernières études, les noms cités ne seraient que ceux ayant construit la bâtisse, ceux de l’architecte et de représentants de divers corps de métiers. Le monument aurait été bâti par les habitants de la cité pour un prince numide, certains y ayant vu le tombeau ou un cénotaphe à destination de Massinissa,<ref>Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 75</ref>.

On accède au tombeau par un piédestal de cinq marches. Sur la face nord du podium, premier des trois étages, une fenêtre fermée par une dalle ouvre la chambre funéraire. Les autres faces sont décorées de fausses fenêtres, les quatre pilastres d’angle étant d’ordre éolique. Le second niveau est constitué d’une colonnade ayant la forme d’un temple (naïskos), les colonnes engagées flanquant chaque côté étant d’ordre ionique. Le troisième et dernier niveau est le plus richement décoré : outre des pilastres d’angle similaires à ceux du premier niveau, il se termine par une pyramide. Des éléments de statuaire perdurent également.

En 1842, afin de détacher l’inscription royale qui l’orne, le consul britannique à Tunis, Sir Thomas Read, endommage très gravement le monument qui ne doit son état actuel qu’à un archéologue français, Louis Poinssot, qui en entreprit une véritable reconstruction à partir des éléments qui jonchent le sol. L’inscription bilingue libyque et punique qui se trouve quant à elle au British Museum a permis de déchiffrer les caractères libyques.

Sépultures d’époque romaine

Les sépultures d’époque romaine<ref>Les textes latins retrouvés sur ces sépultures ont été rassemblés et publiés dans Mustapha Khanoussi et Louis Maurin [sous la dir. de], Mourir à Dougga. Recueil des inscriptions funéraires, éd. Ausonius, Bordeaux, 2002</ref> qui ont fait l’objet de dégagements sont aujourd’hui en partie gagnées par l’espace occupé par les oliviers.

Les diverses zones de nécropoles délimitent la zone d’habitation même si cette délimitation n’est pas si simple. On trouve cinq espaces identifiés comme nécropoles : la première au nord-est, autour du temple de Saturne et de l’église de Victoria, la seconde au nord-ouest, zone qui inclut également les dolmens présents sur le site, la troisième à l’ouest, entre les citernes d’Aïn Mizeb et d’Aïn El Hammam et au nord du temple de Junon Caelestis, la quatrième et la cinquième au sud et au sud-est, l’une autour du mausolée libyco-punique, l’autre autour de l’arc de triomphe de Septime Sévère<ref>Voir la figure n°3 dans Sophie Saint-Amans, Topographie religieuse de Thugga (Dougga). Ville romaine d’Afrique proconsulaire (Tunisie), éd. Ausonius, Bordeaux, 2004 Шаблон:ISBN</ref>.

Hypogée

L’hypogée est un édifice à demi-enterré, datant du IIIe siècle, bâti au milieu d’une nécropole plus ancienne et qui a été fouillé en 1913. Destiné à accueillir des urnes funéraires dans de petites niches aménagées dans les parois, il contient lors de sa découverte des sarcophages suggérant une longue utilisation<ref>Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 18</ref>.

<div style="clear:both;" />

Édifices politiques

Arcs de triomphe

Le site de Dougga possède encore deux arcs de triomphe dans un état de conservation inégal.

L’arc de Septime Sévère, très endommagé, se situe à proximité du mausolée libyco-punique et se trouve relié à la voie menant de Carthage à Théveste<ref name="khanoussi70">Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 70</ref>. Son érection est datée de l’année 205.

Quant à l’arc de Sévère Alexandre, daté des années 222-235, il est relativement bien conservé — en dépit de la perte de ses parties supérieures — et se situe à égale distance du Capitole et du temple de Junon Caelestis. Son arcade mesure quatre mètres<ref>Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 58</ref>.

Un dernier arc de triomphe datant de la Tétrarchie a quant à lui complètement disparu.

<div style="clear:both;" />

Forum

Le forum de la cité avec ses 924 m²<ref>Hédi Slim et Nicolas Fauqué, op. cit., p. 156</ref> est à la fois petit et inégalement préservé, la forteresse byzantine ayant endommagé une grande partie des bâtiments le constituant<ref name="grosII228">Pierre Gros, L’architecture romaine du début du Шаблон:-s- à la fin du Haut-Empire, tome 1, p. 228</ref>. Le Capitole intégré sur l’aire entourée de portiques écrase en quelque sorte les autres éléments de par sa présence imposante, et au premier chef tout autre élément pouvant être utilisé par les institutions locales. La présence de la « place de la rose des vents » — du nom de l’élément de décoration y figurant — ne parvient pas à donner de l’espace à cette place publique et ne sert en quelque sorte que comme esplanade au temple de Mercure la bordant au nord. Sur l’un des côtés de la place doit se situer la curie de la cité ainsi qu’une tribune aux harangues.

Très longtemps, les archéologues ont pensé à une création ex nihilo mais cette thèse est clairement contredite par la présence d’un sanctuaire dédié à Massinissa divinisé dont les substructions ont été dégagées récemment à l’arrière du Capitole<ref name="khanoussi32">Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 32</ref>.

<div style="clear:both;" />

Édifices de loisirs

Théâtre

Ce type d’édifice apparaît dès le règne d’Auguste comme un élément fondamental de la parure monumentale d’une cité<ref>Pierre Gros, L’architecture romaine du début du Шаблон:-s- à la fin du Haut-Empire, tome 1, pp. 290-291</ref>.

Le théâtre, construit en 168 ou 169, est l’un des mieux conservés d’Afrique romaine et peut accueillir 3 500 spectateurs alors que Dougga ne compte que 5 000 habitants. Il appartient à une série de bâtisses impériales dont la construction s’étale sur deux siècles et qui ne présentent que peu de différences par rapport à un modèle théorique, si ce n’est l’adaptation au terrain, des aménagements mineurs ou l’ornementation pour lesquels les architectes locaux ont pu avoir quelque liberté<ref>Pierre Gros, L’architecture romaine du début du Шаблон:-s- à la fin du Haut-Empire, tome 1, pp. 293-294</ref>.

Une dédicace, gravée sur le fronton de la scène et sur le portique qui domine la ville, rappelle son constructeur, P. Marcius Quadratus, qui « a construit de ses deniers pour sa patrie » l’édifice et offert à l’occasion de la dédicace « des représentations scéniques, des distributions de vivre, un festin et des jeux gymniques ».

Le théâtre est encore animé de pièces classiques notamment lors du festival de Dougga et fait l’objet de travaux de conservation<ref>Шаблон:Fr Шаблон:Pdf Projet de restauration et de mise en valeur du théâtre romain de Dougga (Institut national du patrimoine)</ref>.

Cliquez sur une vignette pour l’agrandir

Auditorium

Le lieu dénommé auditorium est une annexe du temple de Liber Pater qui doit vraisemblablement servir de lieu pour l’initiation de novices. Ce n’est donc un lieu de spectacle que par la forme du bâtiment, un petit théâtre de 20 mètres sur 20 mètres<ref>Guy Rachet, Dictionnaire de l’archéologie, éd. Robert Laffont, Paris, 1994, p. 296</ref>, et non par la fonction qui lui est dévolue.

Cirque

La cité possède un cirque romain destiné aux courses de chars mais celui-ci n’est plus guère visible sur le site au travers d’une longue dépression au nord-ouest. Au départ, le lieu ne fut pas réellement construit : l’inscription du temple de la Victoire germanique de Caracalla, qui nous apprend qu’il s’agit d’un terrain donné par les Gabinii en 214, l’évoque comme un ager qui appellatur circus (champ qui tient lieu de cirque)<ref>CIL, VIII, 26546 et 26650</ref>,<ref>ILAf, 527, cité par Pierre Gros, L’architecture romaine du début du Шаблон:-s- à la fin du Haut-Empire, tome 1, p. 354</ref>. En 225 toutefois, il est aménagé et construit aux frais des magistrats (duumvirs et édile) à la suite d’une promesse de leur part et sur la demande du peuple tout entier<ref>Mustapha Khanoussi et Louis Maurin, Dougga. Fragments d’histoire. Choix d’inscriptions latines éditées, traduites et commentées (IШаблон:Er-IVШаблон:E siècles), figure n°15</ref>. Cette construction chercha à tirer le plus possible partie de la topographie, souci d’économie compréhensible pour une ville moyenne aux revenus limités mais aussi sans doute volonté de finir au plus vite les travaux, les magistrats n’exerçant qu’un mandat annuel. La construction doit avoir cependant « quelque envergure »<ref name="khanmaur41">Mustapha Khanoussi et Louis Maurin, Dougga. Fragments d’histoire. Choix d’inscriptions latines éditées, traduites et commentées (IШаблон:Er-IVШаблон:E siècles), p. 41</ref> et, avec une longueur de 393 mètres et une spina longue de 190 mètres et large de 6 mètres<ref>Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 61</ref>, elle est assez exceptionnelle en Afrique du Nord : Dougga prend place avec ce bâtiment parmi les plus importantes cités de la province, aux côtés de Carthage, Thysdrus, Leptis Magna, Hadrumète et Utique. Le don du terrain pour le plaisir du peuple (ad voluptatem populi) et son aménagement à la suite de la demande du peuple tout entier (postulante universo populo) rappellent l’importance des spectacles dans la vie sociale des cités et l’exigence du divertissement populaire.

Amphithéâtre

La question de la présence d’un amphithéâtre de Dougga n’est pas définitivement tranchée. Traditionnellement, une vaste dépression située au nord-ouest du site et de forme elliptique est interprétée comme le site d’un amphithéâtre. Les archéologues actuels sont toutefois beaucoup plus prudents sur la question.

Thermes

Trois espaces thermaux ont été totalement dégagés alors qu’un autre est en cours de fouilles. Parmi ces quatre thermes, l’un est inclus dans une maison privée, les « thermes de la maison à l’ouest du temple de Tellus ». Deux autres, les thermes d’Aïn Doura et les thermes longtemps dénommés « thermes liciniens », sont des lieux ouverts au public au vu de leur superficie. Le dernier lieu, les thermes des Cyclopes, est plus complexe à interpréter.

Thermes des Cyclopes

Au cours du dégagement des thermes des Cyclopes a été découverte la mosaïque des cyclopes forgeant les foudres de Jupiter qui est exposée désormais au Musée national du Bardo. Des latrines en très bon état de conservation y sont également visibles. L’édifice a été daté du IIIe siècle de par l’étude de cette mosaïque.

La taille de l’édifice, avec un frigidarium de moins de 30 m²<ref name="thebert179">Yvon Thébert, Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen, éd. École française de Rome, Rome, 2003, p. 179</ref> a poussé certains à en faire un espace thermal privé. Cependant, le rattachement à une domus dans son environnement immédiat pose problème, la « villa du trifolium » étant éloignée et les autres vestiges les plus proches étant d’une interprétation difficile de par la médiocrité de leur état de conservation. Yvon Thébert opte donc pour l’hypothèse d’en faire des bains de quartier.

Thermes antoniniens ou liciniens

Quant aux thermes antoniniens du IIIe siècle, ils ont été longtemps appelés liciniens, avec une construction datant du règne de Gallien, et possèdent encore plusieurs étages. L’identification réalisée par Louis Poinssot, basée sur la prospérité de Dougga à l’époque et sur l’interprétation d’inscriptions lacunaires, a été remise en cause par les recherches récentes en particulier celles de Michel Christol. Ce dernier a proposé une datation du règne de Caracalla<ref>Voir le débat dans Yvon Thébert, Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen, éd. École française de Rome, Rome, 2003, p. 177</ref> désormais confirmée par l’épigraphie<ref>Michel Christol, op. cit., p. 197</ref>. D’autres ont même avancé une datation du règne des Sévères, du fait d’une particularité qui se répand un siècle plus tard en Occident, les colonnes situées dans le péristyle nord-ouest portant des dais supportant eux-mêmes des arcs<ref name="encyclo2526">Gabriel Camps, « Dougga », L’Encyclopédie berbère, p. 2526</ref>.

Les thermes furent transformés en huilerie à une époque inconnue<ref name="thebert177">Yvon Thébert, op. cit., p. 177</ref>.

De taille moyenne, le plan de l’édifice est symétrique et de taille moyenne avec environ 1 700 m² de superficie hors les palestres, dont 175 m² pour le seul frigidarium. La construction a nécessité de gros travaux à la fois de nivellement et de remblai de la pente, cet élément pouvant expliquer la différence de conservation car l’espace bâti sur le remblai a largement disparu<ref name="thebert178">Yvon Thébert, op. cit., p. 178</ref>.

Thermes d’Aïn Doura

Dans l’environnement immédiat d’Aïn Doura se trouve un espace en voie de dégagement qui pourrait révéler les thermes les plus grands de la ville. La datation proposée pour la construction de cet ensemble est la fin du IIe siècle et le début du IIIe siècle, selon le style des mosaïques retrouvées<ref>Selon une thèse de M. Bouhlila, citée dans Yvon Thébert, Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen, éd. École française de Rome, Rome, 2003, p. 175</ref>, avec une phase de réaménagement du seul décor mosaïcal au IVe siècle<ref name="thebert176">Yvon Thébert, op. cit., p. 176</ref>.

L’ensemble thermal est très incomplètement fouillé mais il apparaît, selon Yvon Thébert, qu’il s’agit d’un ensemble à plan symétrique dont seule une portion des salles froides a été dégagée.

Thermes de la maison à l’ouest du temple de Tellus

Ce petit espace thermal de 75 m², accessible depuis la maison et la rue, a été dégagé au début du XXe siècle. Yvon Thébert n’en propose pas de datation mais l’analyse archéologique de sa relation avec la maison l’abritant lui a fait énoncer qu’il résulterait d’un aménagement postérieur à la construction primitive<ref>Yvon Thébert, op. cit., p. 180</ref>.

Édifices religieux

La petite cité est dotée d’un nombre important de temples. Plus d’une vingtaine de temples sont attestés archéologiquement ou épigraphiquement : onze temples le sont par l’épigraphie et l’archéologie, huit ne sont connus que par l’archéologie et quatorze ne le sont que par l’épigraphie<ref>Mustapha Khanoussi, « Le temple de la Victoire germanique de Caracalla à Dougga », L’Afrique du Nord antique et médiévale, actes du VIIIШаблон:E colloque d’archéologie et d’histoire de l’Afrique du Nord (8-13 mai 2000 à Tabarka), Tunis, 2003, p. 447</ref>. Cette multiplication est due en particulier aux manifestations d’évergétisme de familles aisées<ref>Pour approfondir, voir Sophie Saint-Amans, Topographie religieuse de Thugga (Dougga). Ville romaine d’Afrique proconsulaire (Tunisie), éd. Ausonius, Bordeaux, 2004 Шаблон:ISBN</ref>.

Temple de Massinissa divinisé

Le temple de Massinissa divinisé se situe sur la bordure occidentale du Capitole. Les vestiges furent identifiés par les premiers fouilleurs comme ceux d’une fontaine monumentale, bien qu’une inscription monumentale prouvant l’existence d’un sanctuaire au défunt roi numide a été mise au jour dès 1904. Cette inscription est datée de 139 av. J.-C., sous le règne de Micipsa<ref>RIL, 2</ref>.

Les vestiges possèdent une parenté architecturale avec le temple de Chemtou et témoignent de la même localisation entre le centre politique de la ville romaine et l’agora hellénistique<ref>Sophie Saint-Amans, op. cit., p. 44</ref>. Les vestiges lapidaires retrouvés dans le secteur du forum semblent appartenir à plusieurs édifices de même époque, alors que la localisation précise du sanctuaire est encore débattue<ref>Sophie Saint-Amans, op. cit., p. 46</ref>.

En outre, l’idée d’un tel sanctuaire qui divinise le souverain n’est pas acceptée par tous les chercheurs : Stéphane Gsell y voit un prolongement des pratiques orientales et hellénistiques, alors que Gabriel Camps nuance cette thèse en se fondant sur l’absence de sources antiques témoignant autre chose qu’un simple respect des sujets envers leur roi<ref>Sophie Saint-Amans, op. cit., p. 47</ref>. L’édifice serait uniquement un lieu de mémoire, un lieu de culte funéraire. La construction après dix ans de règne s’expliquerait par son sens politique : Micipsa, seul à régner après le décès de ses frères Gulussa et Mastanabal, aurait ainsi affirmé l’unité de son royaume autour de la personne du roi<ref>Sophie Saint-Amans, op. cit., pp. 48-49</ref>.

Capitole

Le Capitole est un temple romain du IIe siècle principalement dédié à la triade protectrice de Rome : Jupiter Optimus Maximus, Junon Regina et Minerve Augusta. Il est dédié de manière secondaire à la sauvegarde des empereurs Lucius Verus et Marc Aurèle ; il a sans doute été achevé en 166-167 de par leur titulature<ref>Pierre Gros, L’architecture romaine du début du Шаблон:-s- à la fin du Haut-Empire, tome 1, pp. 192-193</ref>.

Identifié comme temple de Jupiter dès le XVIIe siècle par Thomas d’Arcos, l’édifice fait l’objet d’études dès la fin du XIXe siècle, en particulier par le docteur Louis Carton en 1893. Les murs en opus africanum et l’entablement du portique ont été restaurés entre 1903 et 1910. Claude Poinssot y a découvert une crypte sous le sol de la cella en 1955. Les derniers travaux ont été effectués par l’Institut national du patrimoine tunisien entre 1994 et 1996<ref name="amans283">Sophie Saint-Amans, op. cit., p. 283</ref>.

L’état de conservation exceptionnel du site peut s’expliquer par son inclusion dans une fortification byzantine. Un escalier de onze marches mène au portique de façade. Les colonnes corinthiennes de la façade s’élèvent à huit mètres de haut, au-dessus desquelles se trouve le fronton en parfait état. Il conserve une représentation de l’apothéose de l’empereur Antonin le Pieux enlevé par un aigle,<ref>Pour trouver une présentation proche, consultez l’article sur la colonne d'Antonin le Pieux.</ref>.

Le fond de la cella comporte encore les emplacements pour trois statues destinées au culte. Dans celui du centre se dresse une statue colossale de Jupiter. Pour la crypte, la découverte d’une tête de statue de Jupiter a fait envisager à Claude Poinssot une datation de l’époque du triomphe du christianisme. Sophie Saint-Amans n’exclut pas un aménagement du temps de la construction de la citadelle byzantine, le forum et le Capitole en constituant le centre névralgique.

La construction du Capitole de Dougga est concomitante avec celle d’autres édifices du même type en Afrique du Nord. Cette vague peut s’expliquer, selon Pierre Gros, par une plus grande proximité du culte impérial et de celui de Jupiter<ref>Pierre Gros, L’architecture romaine du début du Шаблон:-s- à la fin du Haut-Empire, tome 1, p. 193</ref>.

Aux abords se situent la « place de la rose des vents » — du nom des divers vents soufflant à cet endroit et gravés sur le pavage — ainsi que les vestiges de la citadelle byzantine qui reprend une partie des ruines à l’époque tardive du recul de la cité.

Cliquez sur une vignette pour l’agrandir

Temple de Mercure

Le temple de Mercure est dédié également à Tellus et fait face au marché de la cité dont il est séparé par la « place de la rose des vents ». Très ruiné, il possède trois cellae<ref name="grosI197">Pierre Gros, L’architecture romaine du début du Шаблон:-s- à la fin du Haut-Empire, tome 1, p. 197</ref>. Il ne comporte pas de cour et le sanctuaire est établi sur un faible podium, un escalier de quatre marches en permettant l’accès<ref>Sophie Saint-Amans, op. cit., p. 329</ref>. Il a été fouillé et consolidé entre 1904 et 1908.

<div style="clear:both;" />

Temple de la Piété Auguste

Le petit temple de la Piété Auguste a été bâti sous le règne d’Hadrien et se trouve être le résultat de l’évergétisme d’un certain Caius Pompeius Nahanius<ref>Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 23</ref>. Il fait face à la place de la rose des vents. Il en subsiste une partie du vestibule alors qu’à l’arrière, sur les soubassements du temple de Fortuna, Vénus Concordia et Mercure, a été construite une petite mosquée, seul vestige subsistant de nos jours du petit village qui a perduré jusqu’à la construction de la Nouvelle Dougga<ref>Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 24</ref>.

Il a été identifié dès 1631 par Thomas d’Arcos grâce à une inscription encore en place à cette époque. Le podium en est relativement bas (1 mètre à 1,5 mètre) et un accès se fait par sept marches se présentant sur le côté sud<ref>Sophie Saint-Amans, op. cit., p. 346</ref>.

Temple de Minerve

Le culte de Minerve a été à l’honneur dans la cité de Dougga, puisque deux sanctuaires y furent consacrés. Un premier temple de la fin du Ier siècle lui a été offert par le patron de la civitas<ref>Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 47</ref>.

Mais le lieu le plus important consacré à cette divinité est l’édifice qui comporte un temple et une aire entourée de portiques datant du règne d’Antonin le Pieux. Il est dû à l’évergétisme d’une prêtresse du culte impérial ou flaminique perpétuelle Iulia Paula Laenatiana<ref>Mustapha Khanoussi, Dougga, p. 60</ref>. Il utilise la pente du terrain car le podium se situe au niveau des toits des portiques et le temple stricto sensu se situe hors de la place, l’escalier d’accès empiétant sur celle-ci et accentuant l’aspect inaccessible de la divinité.

<div style="clear:both;" />

Temple de la Victoire germanique de Caracalla

Parmi les édifices religieux, le temple de la Victoire germanique de Caracalla est le seul édifice dédié au culte impérial à avoir été localisé avec précision<ref name="redde457">Véronique Brouquier-Reddé, « La place du sanctuaire de la Victoire germanique de Caracalla dans la typologie de l’architecture religieuse païenne de l’Afrique romaine », L’Afrique du Nord antique et médiévale, actes du VIIIШаблон:E colloque d’archéo

Répertorié dans les catégories suivantes:
Poste un commentaire
Trucs et astuces
Nulled Nulled
3 september 2015
Wow great place
Arianna Perlini
27 may 2014
You have to visit these ancient ruins!
Ivan Oprya
22 september 2011
In the restoran free wi-fi:)
Khaled Bach Tarzi
10 february 2017
Ce site est vraiment magnifique, même par temps pluvieux et venteux. Majestueux à couper le souffle. Un oasis de beauté, loin de l'urbanisation anarchique que connaît Carthage.
6.8/10
492 personnes ont été ici

Hôtels à proximité

Voir tous les hôtels Voir tout
La Cigale Tabarka

à partir $161

Hotel Itropika Beach

à partir $43

Hotel Residence Mehari Tabarka

à partir $56

Hotel Les Mimosas

à partir $30

Dar Ya

à partir $39

Dar Ben Gacem Hotel

à partir $100

Sites recommandés à proximité

Voir tout Voir tout
Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Zama Regia

Zama Regia (dite parfois Zama Maior, ou juste Zama) est une ville

Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Mégalithes d'Ellès

Les mégalithes d'Ellès en Tunisie représentent une variante no

Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Chemtou

Chemtou ou Chimtou (شمتو) est un site antique du nord-ouest de la Tun

Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Thuburbo Majus

Thuburbo Majus est un site archéologique situé au nord de la T

Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Makthar

Makthar (مَكْثَر), aussi orthographiée Maktar ou Mactar, est une vil

Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Bab Saadoun

Bab Saadoun (باب سعدون) ou, plus exactement, Bab Bou Saadoun (باب بو

Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Cathédrale Saint-Vincent-de-Paul de Tunis

La cathédrale Saint-Vincent-de-Paul (كاتدرائية تونس) est la cathédrale

Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Lac de Tunis

Le lac de Tunis (Шаблон:Lang), souvent appelé simplement « 

Attractions touristiques similaires

Voir tout Voir tout
Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Machu Picchu

Le Machu Picchu (du quechua machu, vieille, et picchu, montagne) est

Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Acropole d'Athènes

L'Acropole d'Athènes (en grec ἀκρόπολις τῶν Ἀθηνῶν) est un

Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Persépolis

Persépolis Шаблон:Éty, Parsa en vieux-persan, Шаблон:

Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Quebrada de Humahuaca

La Quebrada de Humahuaca est un profond canyon d'origine à la fois

Ajouter à la liste de souhaits
J'ai été ici
Visité
Pompéi

Pompéi (Pompeii en latin, Pompei en italien) est une ville de

Voir tous les lieux similaires