Le Kōfuku-ji (興福寺) est un temple bouddhiste de la cité de Nara (préfecture de Nara, au Japon). C'est le temple familial des Fujiwara (藤原氏,Fujiwara-shi) et le principal du bouddhisme Hossō-shū (法相宗). Il est également appelé, avec l'Enryaku-ji (延暦寺), Nanto-Hokurei (南都北嶺), terme désignant les deux temples les plus puissants pendant l'ère Heian : le Kōfuku-ji au Sud (Nanto, ville du sud) et l'Enryaku-ji sur le mont Hiei, au Nord (Hokurei, sommet du nord). Le temple fait partie depuis 1998 des « monuments historiques de l'ancienne Nara » inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Histoire générale
Ses origines remontent au quartier de Yamashina à Kyōto où il fut
fondé en 669 par Kagami no Ōkimi à la mort de son époux Fujiwara no
Kamatari et il fut nommé Yamashina-dera. Elle y fit installer une
représentation du Bouddha Shaka que son défunt époux avait commandé
après sa défaite contre le clan Soga en 645. Le temple fut d'abord
déplacé à Fujiwara avant d'être installé à la capitale permanente
de Nara par Fujiwara no Fuhito en 710, comptant alors parmi l'un
des premiers établissement religieux de la nouvelle capitale.
Le Kōkfuku-ji brûla de nombreuses fois, destin tragique de
nombreux monuments historiques japonais, et notamment en 1180 en
même temps que le Tōdai-ji
(東大寺), pendant les guerres
qui ponctuèrent la fin de l'ère Heian, période pendant laquelle le
temple possédait un pouvoir politique dominant sur la province du
Yamato. Les architectures actuelles datent donc des époques
Kamakura et Muromachi pendant lesquelles le shogunat considérait le
temple comme gouverneur, protecteur (shugo, 守護) du Yamato.
À cette époque, de nombreux fils de nobles entraient en religion
au Kōfuku-ji, ce qui provoquait des conflits entre les fondations
monastiques nobles qui y étaient annexées, par exemple entre
l'Ichijō-in (一乗院) de la
famille Konoe (近衛家,Konoe-ke) et le Daijō-in
(大乗院) de la famille Kujō
(九条家, Kujō-ke).
Contrairement au Tōdai-ji qui subit l'influence de
l'architecture Song lors de sa reconstruction, le Kōfuku-ji fut
restauré dans son style initial (wayō). C'est notamment
grâce aux 21 000 koku (石) que le shogunat de l'ère Edo, qui lui rendit son
statut d'établissement purement religieux, versait chaque année au
temple que les restaurations des bâtiments furent possible.
Le Kōfuku-ji fut particulièrement atteint par la politique
anti-Bouddhiste du début de l'ère Meiji. La majorité de ses
propriétés furent confisquées mais il tente maintenant de les
récupérer et souhaite continuer de jouer son rôle de temple
principal du Hossō.
Les
bâtiments
Bâtiments
anciens :
- Le hōkuendō (北円堂) est un petit pavillon octogonal érigé au Nord du
bâtiment principal en 721, à la demande des impératrices Gemmei et
Genshō en l'honneur du premier anniversaire du décès de Fujiwara no
Fuhito. Le bâtiment actuel date de 1240 et fut reconstruit selon
les proportions de l'époque de Nara. Il contient actuellement
plusieurs sculptures d'Unkei et il est classé Trésor National.
- La pagode à trois étages (三重の塔, sanjū-no-tō) fut importée depuis le
temple impérial en 1143 sur l'ordre de l'ancien empereur Sutoku.
Lors de sa reconstruction après l'incendie de 1180, elle bénéficia
des perfectionnements de l'architecture de la période Kamakura
remarquable notamment par la relative clarté intérieure obtenue
grâce à l'installation de fenêtres à treillage ou par la structure,
unique en son genre, de la nouvelle charpente : le pilier
central, arrêté au deuxième étage, est remplacé par une colonne
plus mince reposant sur un plancher soutenu par quatre autres
colonnes. Tous ces éléments porteurs sont décorés par de nombreux
bouddhas peints. Ce bâtiment est donc Trésor National.
- Le tō-kondō (東金堂, kondō de l'Est) fut érigé en 726 par
l'empereur Shōmu dans l'espoir d'obtenir la guérison de l'ancienne
impératrice Genshō. Après deux destructions en 1017 et en 1046, et
deux reconstructions en 1027 et en 1049, il fut à nouveau incendié
en 1180, par les Taira. Le gouvernement de Kamakura le fit une fois
de plus reconstruire, en 1185, mais il connut encore deux
incendies, en 1356 et en 1411. Le bâtiment actuel date de 1415 et
il est classé Trésor National.
- Le gojū-no-tō (五重の塔, pagode à cinq étages) fut réalisé selon le
souhait de l'impératrice Kōmyō, épouse de l'empereur Shōmu, et
achevé en 730. Cette pagode mesure environ 50 mètres de haut, ce qui en fait l'une des
plus hautes du Japon. Elle fut de nombreuses fois frappée par la
foudre, incendiée et détruite (1017, 1060, 1180, 1356 et 1411) mais
à chaque fois reconstruite (1031, 1078, 1205, 1388 et pour finir
1426) dans le même style « à la japonaise » que le
tō-kondō. Cependant, la finesse de ses éléments témoigne
bien de l'ère Muromachi. Il est également considéré comme Trésor
National.
- Le nanendō (南円堂), bâtiment également octogonal au Sud du bâtiment
principal, fut fondé en 813 par Fujiwara no Fuyutsugu et
reconstruit en 1789. Sa lanterne de bronze est cependant d'époque.
Il n'est ouvert au public qu'un jour par an, le 17 octobre.
- Le chū-kondō (中金堂, kondō central) fut réalisé entre 710 et
714, à la demande de Fujiwara no Fuhito. La structure actuelle date
de 1811 mais a beaucoup souffert est n'est plus fonctionnelle. Les
statues qu'il contenait, dont certaines pièces maîtresses, ont été
déplacées pour éviter leur détérioration. Elles se trouvent
maintenant dans un bâtiment annexe au nord du bâtiment.
- Le ōyuya (大湯屋, salle pour le bain), reconstruit durant la période
Muromachi (1426), contient deux grands chaudrons de fer destinés à
recevoir de l'eau chaude.
- Le bodai-in ōmidō (菩提院大御堂) actuel date de 1580 mais il fut initialement
érigé au cours de l'ère Nara. Il contient d'importantes statues
dont le Fukukensaku Kannnon. Il est fréquemment évoqué dans les
contes traditionnels japonais sous le nom de Salle des Trente
Cloches.
Bâtiment
récent :
- Le kokuhōkan (国宝館, Musée des Trésors Nationaux) fut construit en 1959
pour abriter les statues, tableaux, livres et documents historiques
qui ont été désignés comme Trésor National ou qui sont considérés
comme Importante Propriété Culturelle. Son but est de permettre au
public de mieux comprendre le Bouddhisme et de pouvoir apprécier
les artéfacts bouddhiques culturels.
Bibliographie
-
L'Art de l'ancien Japon, Danielle et Vadime Elisseeff,
Éditions Mazenod, 620 p. (1980) (ISBN )
-
Le Japon : Dictionnaire et civilisation, Louis
Frédéric, Éditions Robert Laffont, Collection Bouquins, 1470 p,
(1999) (ISBN )
-
Dictionnaire historique du Japon, Collectif, Éditions
Maisonneuve et Larose, Collection Monde Asiatique, 2993 p. (2002)
(ISBN )
-
L'art japonais, Christine Schimizu, Éditions Flammarion,
Collection Vieux Fonds Art, 492 p. (1998) (ISBN )
Voir
aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
- Liste de temples bouddhistes au Japon
- Architecture japonaise
- Art japonais
- Nanto Shichi Daiji
- Guerre de Gempei
Liens
externes