Le Château d’eau pôle photographique de Toulouse, ou Galerie du Château d'eau, est une tour de briques située à la jonction du Cours Dillon et du Pont-Neuf, à Toulouse. Comme son nom le suggère le bâtiment servait initialement à la distribution d'eau dans le centre de la ville mais n'était pas à proprement parler un château d'eau puisqu'il ne comportait pas de réservoir de stockage. Il fut reconverti en 1974 en espace d'exposition dédié à la photographie et est désormais un lieu très apprécié des Toulousains, en même temps qu'un haut lieu de culture.
Le bâtiment et sa station de pompage font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 28 septembre 1987.
La première fonction de ce château d'eau était de distribuer l'eau de la Garonne, captée et filtrée à quelques mètres de là, sur la prairie des filtres.
À sa mort en 1789, le capitoul Charles Laganne légua cinquante mille francs-or à la ville dans le but de « distribuer des eaux de la Garonne, pures, claires et agréables à boire ». Charles Laganne précise dans son testament que cette somme devra être utilisée au plus tard dix ans après la mort de sa veuve. Les aléas politiques retarderont l'utilisation de cette enveloppe providentielle mais la mort de Mme Laganne en 1817 va inciter la ville à trouver une solution, tâche à laquelle Jean-François d'Aubuisson de Voisins (1762-1841), ingénieur des Mines en poste à Toulouse et conseiller municipal s'attelle la même année et sur laquelle il travaillera près de dix ans, étudiant et définissant les principes et systèmes de circulation d'eau nécessaires (filtrage, canaux et canalisations). Un concours est lancé pour concevoir la machinerie hydraulique d'élévation des eaux et sera remporté trois ans plus tard par Jean Abadie (directeur de la fonderie à canons de Toulouse), tandis que l'architecte Jean-Antoine Raynaud est chargé de concevoir le bâtiment.
Les travaux sont lancés en 1821 pour être terminés en 1825 et alimenter un vaste réseau de fontaines opérationnel à partir de 1829 et développé ensuite.
Très appréciée de nos jours, l'esthétique du bâtiment s'apparente à celle d'un phare (d'autres l'ont comparé à un « petit Château Saint-Ange ») mais est tantôt jugée très laide à l'époque, tantôt encensée pour son « aspect de solidité qui satisfait l'œil et l'esprit ».
Dès les années 1830, le bâtiment et son réseau hydraulique seront régulièrement cités en France parmi les réalisations industrielles remarquables de l'époque. Victime de son succès et très vite obsolète, le château d'eau fut désaffecté en 1870 et transformé en dépôt d'outillage par la municipalité pour le service des cantonniers.
Le bâtiment du Château d'eau culmine à trente mètres et dispose de sept étages répartis en un vaste sous-sol (comportant deux niveaux) et un rez-de-chaussée formant le soubassement circulaire de la tour, surmontés de la tour elle-même comprenant quatre étages dont le dernier est un lanterneau donnant accès à une terrasse circulaire. Le sous-sol est occupé par deux roues à aubes de 8 mètres de diamètre qui entrainaient deux groupes de quatre pompes aspirantes-foulantes couplées deux à deux. Ce dédoublement des groupes de pompage visait à éviter qu'une panne d'un des deux systèmes n'interrompe la distribution d'eau en continu.
Deux circuits d'eau arrivaient au sous-sol :
Implanté sur la rive gauche de la Garonne, le Château d'eau était paradoxalement destiné à alimenter exclusivement les fontaines publiques de la rive droite.
Depuis 1974, le rez-de-chaussée est accessible au public, converti en galerie. En 1984 la restauration du sous-sol a ajouté un nouvel espace d'exposition. Une partie de la machinerie et des conduites originelles sont encore visibles mais les huit pompes en cuivre poli, certaines conduites et l'auge circulaire du quatrième étage ont disparu au fil des remaniements du bâtiment. La circulation dans les espaces accessibles ne correspond plus aux aménagements d'origine mais plutôt à une disposition adaptée aux différentes fonctions successives du château d'eau. Les étages ne se visitent pas.
Sauvé de la démolition au début des années 1970, le bâtiment a été reconverti depuis avril 1974 en galerie dédiée à la photographie grâce aux efforts de Jean Dieuzaide qui initia ce projet avec le concours du Cercle photographique des XII.
À ce titre ce fut historiquement la première galerie publique exclusivement dédiée à l'exposition de photographies et la deuxième institution publique consacrée à la photographie en général après le musée Nicéphore-Niépce, fondé deux ans auparavant. Initialement, seul le rez-de-chaussée servait d'espace d'exposition. En 1984, le sous-sol fut aménagé en espace d'exposition complémentaire puis, en 1990 un centre de documentation et une seconde galerie furent aménagés respectivement sous les arches du Pont-Neuf et d'une des anciennes rampes d'accès au pont.
Le centre de documentation dispose d'une bibliothèque d'un peu plus de 12 500 ouvrages spécialisés dans la photographie, comprenant des livres rares mais également un fonds de DVD, VHS, diapositives, ainsi qu'une grande variété de magazines nationaux et internationaux auxquels il est abonné. La galerie du Château d'Eau dispose d'une collection permanente de plus de 5 000 photographies faisant en moyenne l'objet d'une douzaine d'expositions pédagogiques ou itinérantes par an, à la demande.
Si l'on excepte sa participation au festival d'art contemporain du Printemps de Septembre, la galerie du Château d'Eau propose six périodes d'exposition durant lesquelles deux expositions sont généralement proposées : un artiste confirmé dans l'espace principal et un artiste émergent dans la seconde galerie, ce qui porte la programmation annuelle à une dizaine d'expositions au maximum pour 30 000 visiteurs environ.
Des monographies (plus de 330, fin 2011), des ouvrages en coéditions avec de grands éditeurs et des affiches sont proposés à cette occasion. Depuis 1974 avec une exposition consacrée à Robert Doisneau, les œuvres des plus grands photographes internationaux se sont succédé aux cimaises de ce lieu, qui est de nos jours l'un des lieux les plus importants dédiés à la photographie, et l'une des rares institutions photographiques françaises bénéficiant d'une aura internationale.
Trois directeurs se sont succédé jusqu'à nos jours :