Makaravank (en arménien Մակարավանք, « monastère de Macaire ») ou monastère de Saint-Macaire est un monastère arménien situé près de la communauté rurale d'Achajur dans le marz de Tavush, en Arménie du nord-est. Il a été fondé au IXe siècle sur un plateau boisé, et agrandi au XIIIe siècle. Restauré au XXe siècle, il a fait l'objet dans les années 2000 de mesures visant à consolider le sol sur lequel il est bâti.
Makaravank | |
---|---|
Sourp Astvatsatsin à droite et le gavit à gauche. | |
Nom local | (hy) Մակարավանք |
Latitude Longitude |
</small> |
Pays | Arménie |
Région | Tavush |
Ville | Achajur |
Culte | Apostolique arménien |
Type | Monastère |
Rattaché à | Église apostolique arménienne |
Début de la construction | Xe siècle |
Fin des travaux | XIIIe siècle |
Autres
campagnes de travaux |
Restauration en 1940 et dans les années 1970 |
Style(s) dominant(s) | Arménien |
Localisation | |
Géolocalisation sur la carte : Arménie |
Makaravank (en arménien Մակարավանք, « monastère de Macaire ») ou monastère de Saint-Macaire est un monastère arménien situé près de la communauté rurale d'Achajur dans le marz de Tavush, en Arménie du nord-est. Il a été fondé au IXe siècle sur un plateau boisé, et agrandi au XIIIe siècle. Restauré au XXe siècle, il a fait l'objet dans les années 2000 de mesures visant à consolider le sol sur lequel il est bâti.
Composé d'une ancienne église, d'une église principale Sourp Astvatsatsin (« Sainte-Mère-de-Dieu ») et de leur gavit commun, ainsi que d'une petite église Sourp Astvatsatsin et de divers bâtiments en ruine, ce monastère doté de remparts est particulièrement renommé pour ses décors sculptés. Son potentiel touristique est cependant encore peu exploité.
Le monastère est situé sur un plateau boisé près d'un versant du mont Paytatap<ref name="arts 552">Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, Les arts arméniens, Éditions Mazenod, Paris, 1987 Шаблон:ISBN, Шаблон:P.552.</ref>, au nord-est du haut-plateau arménien et sur la bordure extérieure du Petit Caucase<ref name="Armstat 2008">Шаблон:En ArmStat, Marzes of the Republic of Armenia in figures, 2008, Шаблон:Lien web.</ref>. Depuis son emplacement, une large vue s'ouvre sur la vallée de l'Aghstev et, par-delà la frontière azerbaïdjanaise, sur celle de la Koura<ref name="Mavian 148">Sèda Mavian, Arménie, coll. « Guides Évasion », Hachette, Paris, 2006 Шаблон:ISBN, Шаблон:P.148.</ref>.
Makaravank est situé à 3 km au sud-ouest de la localité d'Achajur, sur le territoire de la communauté rurale du même nom, dans le marz de Tavush, au nord-est de l'Arménie.
Historiquement, Makaravank est situé dans le canton de Mets Kuenk de la province d'Artsakh, devenu au Moyen Âge le canton de Kolbopor de la province de Gougark, ces deux provinces étant comptées parmi les quinze provinces de l'Arménie historique selon le géographe du VIIe siècle Anania de Shirak<ref>Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007 Шаблон:ISBN, Шаблон:P.43.</ref>.
En arménien, Makaravank signifie « monastère de Macaire »<ref name="pp">Шаблон:Lien web.</ref>. Selon la tradition locale, Macaire, ou Makar, était un des maîtres maçons en charge au monastère qui, devinant la mort de son fils que ses proches tentaient de lui cacher, se jeta du sommet d'un des bâtiments et fut enterré sous l'un des murs du monastère, lui donnant ainsi son nom<ref name="Mavian 149">Sèda Mavian, op. cit., Шаблон:P.149.</ref>. Il est cependant plus probable que le nom de l'établissement lui vienne du saint auquel il a été dédié, saint Macaire<ref name="dum 308">Шаблон:De Jasmine Dum-Tragut, Armenien: 3000 Jahre Kultur zwischen West und Ost, Trescher Verlag, 2008 Шаблон:ISBN, Шаблон:P.308.</ref>.
Le site du monastère semble avoir été occupé dès l'époque païenne d'après des traces découvertes près des sources locales ; des vestiges de constructions en bois attestent également de son occupation au IVe siècle<ref name="Ney 55">Шаблон:En Rick Ney, Tavush marz, ArmeniaNow.com, 2006, Шаблон:P.55 Шаблон:Lire en ligne.</ref>.
L'actuel monastère de Makaravank est fondé au IXe siècle<ref>Yvan Travert et Raymond H. Kévorkian, Lumière de l'Arménie chrétienne, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2006 Шаблон:ISBN, Шаблон:P.67.</ref>, mais il ne subsiste de cette époque que l'« ancienne église », probablement du Xe siècle<ref name="holding 175">Шаблон:En Nicholas Holding, Armenia and Nagorno-Karabagh, Bradt Travel Guides, 2006 Шаблон:ISBN, Шаблон:P.175.</ref>. À la toute fin du XIIe et au début du XIIIe siècle, il est fortement agrandi sous ses abbés Hovhannès Ier et David et en partie grâce au mécénat de la noblesse<ref name="Futé">Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Arménie, Le Petit Futé, coll. « Country guide », Paris, 2007 Шаблон:ISBN, Шаблон:P.242.</ref>, participant ainsi au renouveau de l'Arménie zakaride<ref>Jannic Durand, Ioanna Rapti et Dorota Giovannoni (dir.), Armenia sacra — Mémoire chrétienne des Arméniens (Шаблон:Sp-), Somogy / Musée du Louvre, Paris, 2007 Шаблон:ISBN, Шаблон:P.300.</ref>. Des réfections sont menées sous l'abbé Hovhannès II (1250-1276). L'époque à laquelle le monastère est abandonné n'est pas déterminée.
Au XXe siècle, fortement délabré, le site fait l'objet de restaurations en 1940 et dans les années 1970<ref>Шаблон:It Josef Guter, I monasteri christiani. Guida storica ai più importanti edifici monastici del mondo, Arkeios, 2008 Шаблон:ISBN, Шаблон:P.185.</ref>. En outre, le terrain sur lequel le monastère est bâti étant soumis à un phénomène de solifluxion, des interventions ont été menées afin de le consolider au moyen de béton<ref>Шаблон:En Шаблон:Lien web.</ref>. Un programme d'étude des glissements de terrain s'est déroulé de 2003 à 2005<ref>Шаблон:En Шаблон:Lien web.</ref>. En dépit de ces travaux, le potentiel touristique du site reste encore peu exploité<ref>Шаблон:En Nicholas Holding, op. cit., Шаблон:P.149.</ref>.
Les principaux bâtiments du complexe sont l'« ancienne église », l'« église principale » (Sourp Astvatsatsin) et leur gavit commun, ainsi que la petite église Sourp Astvatsatsin. Les pierres utilisées sont l'andésite, le tuf et la felsite.
Plan du monastère
|
Le plus ancien bâtiment subsistant de Makaravank est l'« ancienne église » (1), datant probablement du IXe ou du Xe siècle et dont on ignore à qui elle était dédiée. Cette croix inscrite cloisonnée fermée de l'école de Tachir-Lorri<ref>Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., Шаблон:P.170.</ref> est complétée aux angles par quatre chapelles et supporte un tambour surmonté d'une coupole. Le décor sculpté y est relativement discret par rapport aux autres édifices et se limite à l'encadrement des fenêtres, aux pendentifs de la voûte (représentant les Évangélistes Matthieu, Luc, Jean et Marc)<ref>Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., Шаблон:P.124.</ref>, à la bande à entrelacs du tambour, et surtout à son bem (autel de type arménien) orné de motifs géométriques et végétaux. La partie supérieure du bâtiment, la décoration du tambour et les sculptures du bem indiquent une restauration au XIIIe siècle.
L'église est flanquée au nord d'une sacristie (6) plus tardive, utilisée notamment comme boulangerie où étaient préparées les hosties.
Au sud-ouest de l'ancienne église se dresse le plus imposant des bâtiments du lieu, l'église Sourp Astvatsatsin (« Sainte-Mère-de-Dieu ») ou « église principale » ((2), 13,5 x 9,5 m à l'extérieur), érigée en 1205 par Vardan, fils d'un prince Bazaz<ref name="kiesling">Шаблон:Ref-Kiesling.</ref>. Cette église est une croix inscrite cloisonnée ouverte dotée d'une abside semi-circulaire à l'est comptant treize niches à arcature, complétée de pièces d'angle cloisonnées<ref>Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., Шаблон:P.364.</ref>, dont celles situées à l'est comptent deux étages. Elle est surmontée en son centre d'un tambour cylindrique coiffé d'une coupole<ref name="dum 310">Шаблон:De Jasmine Dum-Tragut, op. cit., Шаблон:P.310.</ref>.
Façade occidentale.
Portail occidental.
Le décor sculpté y est particulièrement riche, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. À l'extérieur se distinguent les façades orientale, méridionale et occidentale : les deux premières sont percées de niches dièdres surmontées de festons à palmettes typiquement géorgiens<ref>Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., Шаблон:P.202.</ref> et entourées de hauts-reliefs représentant des animaux, et voient leurs fenêtres décorées de motifs géométriques ; la façade méridionale compte également deux oculi. La façade occidentale est percée par un portail à chambranle encadrant une marqueterie de carrés verts et violets pour le tympan et d'hexagones verts et de triangles violets pour les écoinçons<ref>Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., Шаблон:P.209.</ref>. Quant à la façade septentrionale, elle est adossée au gavit<ref name="dum 309">Шаблон:De Jasmine Dum-Tragut, op. cit., Шаблон:P.309.</ref>. Le décor extérieur est enfin complété par l'arcature à doubles colonnettes, la frise géométrique et les fenêtres à chambranle du tambour.
Le décor intérieur se distingue particulièrement par le bem situé dans l'abside et orné de deux rangs d'étoiles à huit branches contenant des créatures mythiques (des sphinx, une harpie) ou ordinaires (des paons, des colombes, un aigle, des poissons) et deux hommes (dont l'un, avalé par une baleine, pourrait être le prophète Jonas), « l'un des chefs-d'œuvre de l'art arménien ».
Détail de la façade sud : les deux oculi, la fenêtre centrale, une colombe sur un perchoir et la partie supérieure d'une des niches.
Bem (autel).
Accolé à la façade septentrionale de Sourp Astvatsatsin et à la façade occidentale de l'« ancienne église » se situe le gavit (5), construit en 1224 par le prince Vatché Vatchoutian. Ce carré de presque 170 m2 est doté de quatre piliers supportant à l'origine une coupole et une voûte à caissons triangulaires soutenue par six arcs en étoile<ref name="arts 553">Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., Шаблон:P.553.</ref>. Seule sa façade occidentale est ornementée : au-dessus du portail décoré de frises aux motifs végétaux, la fenêtre centrale à chambranle est ornée à droite d'un sphinx ailé et couronné, et à gauche d'un bœuf attaqué par un lion.
Sculptures de la fenêtre centrale du gavit.
Intérieur du gavit.
La petite église Sourp Astvatsatsin, vue depuis le sud-ouest.
Au sud-est de ce groupe, une petite église également dédiée à la Sainte-Mère-de-Dieu (3) a été érigée en 1198<ref>Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., Шаблон:P.196.</ref> et se distingue par son plan : il s'agit d'une triconque inscrite dans un octogone dont la base cerclée est posée sur un carré. Surmontée d'un tambour cylindrique à coupole conique, cette église probablement bâtie pour les parents de l'abbé Hovhannès est dotée d'un riche décor qui en fait un « joyau architectonique ». Le portail occidental est ainsi orné d'une foison de motifs végétaux ; quant à l'octogone, il est ceint de paires de colonnettes et d'une bande moulurée surmontée de représentations d'animaux (une cigogne tuant un serpent au nord, une colombe et un médaillon contenant un aigle attaquant une autre colombe au sud-ouest, et deux lions au sud).
Au nord lui était accolée une chapelle mononef (4) aujourd'hui en ruine.
L'ensemble est complété par l'entrée du monastère (8, un fer à cheval creusé dans la roche) à 30 mètres à l'ouest, une fontaine (10) à 100 mètres au nord-ouest, des bâtiments civils (7, en ruines, dont une hôtellerie du XIIIe siècle) et des remparts (9, à moitié ruinés).
<div style="clear:both;" />
|