Le mausolée de l'empereur Qin (bīngmǎ yǒng en pinyin), qui s'étend sur environ Шаблон:Unité², est un mausolée dédié à l'empereur Qin Shi Huangdi (Шаблон:IIIe siècle av. J.-C.). L'ensemble archéologique, qui se trouve à proximité de la ville de Xi'an, comprend d'une part le tombeau proprement dit, et d'autre part les fosses où l'on a trouvé, à partir de 1974, l'armée enterrée formée par des milliers de soldats de terre cuite. Cette dernière est parfois appelée armée de terre cuite ou armée d'argile.
La tombe proprement dite est recouverte par un tumulus haut de Шаблон:Unité, mais n'a pas été explorée. On en connait le contenu légendaire au travers du récit de Sima Qian.
À environ 1500 mètres se trouvent les fosses contenant quelque huit mille statues de soldats datant de 210 av. J-C, statues qui ont quasiment toutes un visage différencié, et de chevaux en terre cuite. C'est « l'armée enterrée », destinée à garder l'empereur défunt. Ces statues furent cuites dans des fours à une chaleur d’environ 900 °C. Des couleurs minérales étaient appliquées après cuisson sur les statues, ce qui, tout en les individualisant davantage, permettait de distinguer par la couleur dominante les différentes unités de cette armée.
En 1914, à l'occasion d'une expédition archéologique, Victor Segalen avait livré une description détaillée de l'aspect extérieur du tombeau.
Le site a été ouvert au public à l'occasion de la fête nationale chinoise en 1979.
L'édification de la nécropole a nécessité trente-six ans d'ouvrage, avec une main-d'œuvre de quelque 700 000 personnes. D'après Les Mémoires historiques de l'historien Sima Qian, les ouvriers ayant préparé le tombeau et assisté à l'enterrement ont été emmurés vivants dans le mausolée à la fin de la cérémonie afin que les secrets de sa construction ne soient pas divulgués. Les sacrifices humains à la mort d'un personnage « important » paraissent avoir été fréquents dans la Chine des Zhou. Certaines fosses contiennent d'ailleurs de nombreuses dépouilles. Cependant cette pratique était déjà devenue rare au début de l'époque des Royaumes Combattants, la tombe du marquis Yi de Zheng, mort vers 433 avant notre ère, avec ses restes de 21 jeunes femmes était une exception pour des personnages autres que les plus hauts dignitaires, dans l'aire culturelle Zhou. La présence de « substituts » en terre cuite ou de bois s’était généralisée, elle allait être de règle sous la dynastie Han, et donner là l’occasion d’une création d’une très grande richesse dans le domaine de la sculpture chinoise.
Les premiers fragments de guerriers furent découverts par des cultivateurs qui creusaient un puits en mars 1974. C'est la fosse n° 1, elle n'est qu'une fosse parmi la dizaine d'autres mises au jour. Certaines ont été retrouvées à plusieurs kilomètres du tumulus de la tombe. Les fouilles commencèrent rapidement et de larges bâtiments furent édifiés pour les protéger. Le premier fut terminé en 1979. Six cents fosses d'accompagnement du défunt étaient repérées en 2008 .
La fosse n° 1, qui fait Шаблон:Unité de long sur Шаблон:Unité de large, renferme l'armée principale avec plus de 6000 guerriers de terre cuite (taille légèrement plus grande que nature et fonction de leurs grades), et deux modèles réduits (à l'échelle 1/2) de chars en bronze doré, peint et laqué. On y a trouvé aussi une fosse contenant du foin, pour les chevaux et des animaux rares (certains inhumés dans des cercueils de terre cuite) et six cents à sept cents chevaux des écuries impériales, sacrifiés, sous l'œil de leurs palefreniers de terre cuite. La fosse n° 1 comporte 11 couloirs, qui ont en majorité plus de Шаблон:Unité de largeur et sont pavés de petites briques et couverts d'un plafond de bois porté par des piliers et des poutres. Les plafonds en bois étaient couverts de claies de roseau et de couches d'argile pour l'étanchéité puis chargés d'une couche de terre de façon à ce qu'ils dépassent de 2 ou 3 m le niveau du sol. Selon des estimations officielles, à la date de 2012, il resterait encore 6000 statues de guerriers et de chevaux à déterrer dans la seule fosse n° 1.
La fosse n° 2 renferme 1400 sujets : cavaliers à côté de leurs chevaux, et fantassins : « l’armée de gauche ».
La fosse n° 3 contient 68 soldats, un char et quatre chevaux : le poste de commandement avec ses officiers de haut rang.
La 4Шаблон:E, vide, prévue pour l’ « armée du centre », n’aurait pas été terminée.
La 5Шаблон:E renfermait des sculptures de pierre calcaire : armures (les plaques d’armure étant retenues par des fils de cuivre), casques, un caparaçon et un harnais. Au sud, une fosse de 48 × Шаблон:Unité contenait dans trois cellules des sabots de chevaux en bronze et un énorme vase à trois pieds (zhan).
La fosse 6 contenait plusieurs personnages de terre cuite et les os d’une vingtaine de chevaux immolés.
La fosse 7 renfermait des personnages dans des poses diverses et difficilement identifiables, certains semblent ramer, d’autres pêcher, ainsi que de splendides bronzes, grandeur nature, d’oiseaux aquatiques.
Enfin une autre fosse, en forme de caractère zhong, contenait des chevaux et des personnages dont 8 en costumes qui pourraient représenter des fonctionnaires civils .
Certains des personnages retrouvés dans les fosses 1 et 2 présentaient des traces d’incendie. En outre, on y a trouvé des solives de plafond brûlées, ce qui, joint à l’absence d’armes, est interprété comme étant le résultat du pillage par Xiang Yu et de l’incendie qui s’ensuivit. Celui-ci aurait entraîné l’effondrement des toitures et l’écrasement des personnages en terre cuite. Ceux qui sont exposés actuellement sont en fait remontés à partir des morceaux retrouvés sur place.
Les soldats ont pour la plupart été fabriqués en terre cuite dans des ateliers. Les différentes parties — tête, bras, jambes, torses, armes — furent produites séparément puis assemblées. Différents moules ont été utilisés pour le visage, avec ajouts d'argile pour individualiser les personnages. Une fois terminés, les soldats ont été disposés en ordre militaire dans les fosses, selon le rang et la tâche. On retrouve ainsi des officiers, des fantassins, des fonctionnaires, des arbalétriers, des chevaux et même des acrobates. Ils mesurent près de Шаблон:Unité à Шаблон:Unité. Ils portent tous une arme (épée, arc ou arbalète) en bronze recouverte d'une fine couche de chrome (raison pour laquelle certaines de ces armes sont toujours affûtées); certaines d'entre elles auraient été pillées ou en partie retirées par des archéologues pour les analyser ou les exposer dans un musée, mais on peut encore distinguer leur trace dans la forme des mains. Les personnages diffèrent les uns des autres par la taille, l'uniforme et la coiffe. À l'origine, les soldats étaient armés et peints de couleurs vives qui ont pour la plupart disparu à la suite de l'incendie des fosses par les rebelles Han en l'an 206 av. J.-C. et par leur exposition à l'air libre durant les premières fouilles archéologiques, de 1970 à 1990. Les restaurateurs sont maintenant en mesure de stabiliser certains pigments, ce qui permet d'apprécier le travail des artisans et d’imaginer l'état originel des sculptures peintes.
Une couche de laque, brun foncé recouvrait chacun d'eux. Sur ce fond, deux ou trois couches de laque et de pigments colorés étaient ajoutées. Le rouge servait ainsi à peindre les lacets, qui attachaient les plaques de l'armure, ou le ruban de la coiffe. Le vert et le bleu étaient utilisés pour les pantalons. Le rose, le jaune et le violet foncé se retrouvent sur les tuniques.
La fouille du mausolée de l’empereur Qin, ainsi que de nombre de tombes de la période des Royaumes combattants, a livré des épées et autres armes très tranchantes qui étaient revêtues d’oxyde de chrome, afin de les empêcher de s'oxyderШаблон:,Шаблон:,. Le chrome n’est venu à l’attention des Occidentaux qu’au Шаблон:XVIIIe siècle. Les alliages d’étain et de cuivre ont prémuni les armes de bronze (couteaux, épées) contre l'oxydation et les ont gardées affûtées en dépit de 2000 ans de dégradation.
La tombe elle-même se trouve à environ 1,5 kilomètre à l'ouest de l'armée enterrée. Elle est enfouie sous une pyramide de terre de Шаблон:Unité de haut et de près de 350 mètres carrés.
Selon les sources historiques, elle contiendrait, outre le corps de l'empereur Qin Shi Huangdi, une reproduction de son empire, avec des rivières de mercure coulant éternellement, et un plafond constellé de perles, pour représenter la voûte étoilée. On dit aussi que la tombe de l'empereur contiendrait les tombes de 48 concubines, enterrées vivantes avec lui. Deux chariots de bronze somptueux ont déjà été déterrés près du tumulus contenant la tombe.
La tombe elle-même n'a pas encore été fouillée. L'État souhaite en effet attendre le développement de technologies qui garantissent que le contenu, en particulier la momie de l'empereur, ne subira aucun dommage. De plus, les archéologues cherchent à s'assurer que les pièges et les trappes équipées d'arbalètes, installées, pense-t-on, par l'empereur pour protéger sa dépouille des pillards, ne constituent pas un danger.
Selon l'historien Sima Qian (145-90 av. J.-C.), la construction du mausolée commença en 246 av. J.-C. et impliqua plus de 700 000 ouvriers. Dans ses Mémoires historiques, écrits un siècle après l'achèvement du mausolée, il décrit celui-ci en ces termes :
Шаблон:Citation bloc Шаблон:Ouvrage, t. II, traduits et annotés par Édouard Chavannes, p. 193
Des recherches entreprises récemment sur le site ont fait apparaître des niveaux anormalement élevés de mercure dans le sol du tumulus funéraire, ce qui va dans le sens des Mémoires historiques de Sima Qian.
Selon l'architecte chinois Chen Jingyuan, qui a examiné l'armée enterrée, celle-ci ne serait pas celle de l'Empereur, mais celle de son arrière arrière-grand-mère, l'impératrice douairière Xuan, comme le montreraient certaines caractéristiques stylistiques. Cette théorie, publiée dans son ouvrage grand public The Truth of Terracotta Warriors, ne suscite guère d'adhésion.
En l'absence de datations irréfutables, des doutes ont été émis à propos de l'authenticité de l'armée enterrée : en 1988, l'écrivain Guy Debord qualifie l'armée de terre cuite de « faux bureaucratique ». Jean Leclerc du Sablon, correspondant de presse à Pékin 30 ans durant, évoque ses doutes dans son livre L'Empire de la poudre aux yeux : Carnets de Chine, 1970-2001, Paris, Flammarion, 2002. En 2007, le diplomate et sinologue suisse Térence Billeter considère l'armée comme fausse, se fondant principalement sur la découverte du site au moment où Mao Zedong se comparait lui-même à Qin Shi Huang, sur l'absence de mention de cette armée dans la description pourtant détaillée que Sima Qian fait de la tombe, et sur le style artistique des statues. En 2010, le sinologue Jean Levi reprend ces affirmations dans son livre La Chine est un cheval et l'univers une idée. Ces contestations de la part de non archéologues contrastent avec la reconnaissance internationale accordée à l'armée de terre cuite par son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité établie par l'UNESCO.