Omaha Beach

Omaha Beach est l'appellation utilisée par les Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale pour désigner l'une des cinq plages du débarquement de Normandie. Affectée aux troupes américaines, elle est celle où les Alliés perdirent le plus de troupes, ce qui lui a valu le surnom de « bloody Omaha » (Omaha la sanglante) et de « the Beach of blood ( la Plage du sang)».

Introduction

Longue de huit kilomètres, la zone de débarquement s'étendait sur la côte occidentale du Calvados, depuis Sainte-Honorine-des-Pertes à l'est jusqu'à Vierville-sur-Mer à l'ouest, sur la rive droite de l'estuaire de la Douve. L'objectif à Omaha était de s'emparer et, ensuite, de tenir une tête de pont de huit kilomètres de profondeur entre Port-en-Bessin et la Vire et, dès que possible, de faire la jonction à l'est avec les Britanniques et à l'ouest avec le VIIe Corps américain débarqué à Utah Beach afin d'établir une tête de pont continue sur la côte normande,.

La prise d'Omaha était de la responsabilité du commandement américain, placé sous les ordres du général Omar Bradley, et du major général Huebner pour la partie opérationnelle ; ] avec des troupes de l'US Army et des transports maritimes fournis par l'US Navy et des éléments de la Royal Navy.

La section du mur de l’Atlantique face aux assaillants était défendue par environ 2 000 hommes provenant de deux divisions d'infanterie allemande : la 716e et la 352e. De multiples obstacles avaient été installés sur la plage pour interdire tout débarquement. Ces obstacles étaient sous le feu de positions fortifiées construites sur le talus et la crête et équipées de mitrailleuses ainsi que de canons. On y trouvait aussi des observateurs d’artillerie chargés d’ajuster les tirs de batteries déployées plus dans la profondeur.

Le 6 juin à l’aube, après un bombardement aérien et naval des Alliés sur les positions allemandes, la 1re division américaine (« la Big Red One », une unité expérimentée) renforcée par un régiment de la 29e division (qui lui n'avait encore jamais combattu) débarqua sur cette plage. Le débarquement de la première vague eut lieu trois heures avant la marée haute. Ceci était indispensable pour ne pas jeter les barges de débarquement sur les obstacles situés en haut de l’estran et donner le temps aux équipes combinées du génie, de la marine et de l'infanterie spécialement constituées et arrivées avec les premières troupes débarqués, de les détruire et de dégager des chenaux pour permettre l’approche des forces suivantes et de barges plus grandes.

Les deux régiments renforcés qui débarquèrent en tête étaient :

  • à l’ouest, le 116 RCT (Regimental Combat Team), détaché temporairement de la 29e à la 1re division ;
  • à l’est, le 16 RCT, organique à la 1re division.

Chaque régiment était renforcé d’un bataillon de chars. Des chars, dont certains amphibies, devaient arriver avec l’infanterie et le génie lors de la première vague d'assaut.

Conjointement à ce débarquement, un assaut fut mené, quelques kilomètres plus à l'ouest, par des rangers américains pour s’emparer de la pointe du Hoc, une petite avancée de la côte normande dans la Manche avec une falaise de vingt-cinq à trente mètres de haut pour neutraliser de puissants canons allemands supposés y être installés dans des blockhaus et menaçant les plages d’Utah et d’Omaha. Si l’escalade réussissait, un signal devait être transmis et des renforts envoyés. Sinon ces renforts (huit compagnies de rangers) seraient détournés sur les plages d'Omaha.

Le plan de débarquement ne se déroula pas comme prévu et dès le début, la situation prit une tournure catastrophique pour les Alliés. Le bombardement aérien et naval avait manqué ses cibles et n’avait pas neutralisé les défenses ennemies. Les troupes américaines allaient se heurter à des positions allemandes quasi-intactes. La mer était agitée et le vent fort. La quasi-totalité des chars amphibies coula et seuls quelques-uns atteignirent la plage. Des difficultés de navigation entraînèrent la plupart des barges, déportées par le courant, à débarquer hors des endroits prévus. Les Allemands ne dévoilèrent pas leurs positions et ils attendirent que les premiers soldats américains sortissent des barges pour ouvrir le feu. Le vent fort fit monter la marée plus rapidement que prévu, poussant de nombreuses barges sur les obstacles allemands. La première vague américaine fut clouée sur place, ne progressant pas et subissant de très lourdes pertes. Les troupes suivantes ne progressèrent pas non plus. Les équipes du génie, du fait de la désorganisation de l'ordre du débarquement, arrivèrent avant l'infanterie. Sous le feu ennemi et avec peu de matériel, elles ne dégageaient, avec grande difficulté, que quelques chenaux pour les barges suivantes, subissant elles aussi de lourdes pertes. Dans l'incapacité de dégager suffisamment les obstacles, les Alliés ne pouvaient débarquer correctement troupes et matériels et ils n'arrivaient pas à dégager les sorties de plage, fortement défendues. Cela provoqua rapidement encombrement et désordre sur la plage et des retards pour les débarquements suivants. Les communications radio avec le commandement étaient difficiles, 80 % du matériel radio de la première vague furent perdus. La panique participa un peu plus à la désorganisation générale.

Le commandement allié envisagea un temps l'abandon d'Omaha. Mais outre la perte des 15 000 hommes déjà débarqués, cela présentait le grand risque d'affaiblir la position alliée avec une tête de pont américaine d'Utah à l'ouest qui aurait été séparée de 60 km de la tête de pont anglo-canadienne à l'est. Le général Bradley, qui supervisait l'opération au large à bord depuis l'USS Augusta, malgré le manque d'informations, décida de poursuivre le débarquement et continua d'envoyer des troupes sur Omaha. Finalement quelques pénétrations de la ligne de défense réussirent. Le bataillon de rangers qui devait être envoyé en renfort à la pointe du Hoc n'ayant pas reçu le signal, il fut détourné sur Omaha Beach. Il parvint à réaliser la première percée valable. De petits groupes réalisaient des assauts improvisés sur le talus escarpé de la côte. Ils étaient aidés par l'appui feu de quelques navires de guerre qui, au risque d'être touchés par les batteries terrestres allemandes, avaient fini par se rapprocher des plages. Certaines barges parvinrent à franchir les chenaux ouverts. Des troupes américaines prirent le plateau côtier qui domine la plage entre Saint-Laurent et Colleville et commencèrent à prendre les défenses allemandes, mal défendues sur leur arrières, à revers. D'autres unités suivirent et d’autres percées furent réalisées depuis la plage. Les Américains durent faire face à quelques contre-attaques allemandes mais en milieu d'après-midi, le dernier bunker allemand fut pris.

Omaha Beach est la plage du débarquement de Normandie qui a provoqué le plus lourd bilan des pertes du Jour J (30 % du total des pertes du 6 juin) et elle partage avec Juno Beach, le taux de perte le plus fort avec près de 8 % des effectifs débarqués dont beaucoup par noyade. Plus de 3000 Américains sont tués ou disparus et 2 000 sont blessés sur Omaha (le bilan précis reste inconnu), 90 % des hommes de la première vague étant tués ou blessés. L’histoire a retenu le surnom de « Bloody Omaha » (Omaha, la sanglante) que des films comme Le jour le plus long ou Il faut sauver le soldat Ryan ont mis en scène.

Terrain

Omaha Beach s'étend devant les communes de Vierville-sur-Mer, Saint-Laurent-sur-Mer, Colleville-sur-Mer et Sainte-Honorine-des-Pertes. Elle se présente comme une longue bande littorale, légèrement incurvée, de plage d'environ 8 km de long et est encadrée de falaises rocheuses à chaque extrémité. À 6 km plus à l'ouest se trouve le promontoire de la pointe du Hoc.

Venant de la mer, la plage comprend :

  • l'estran : une bande de 300 m de sable fin avec un très léger dénivelé de 5,4 m ;
  • une levée de galets en pente plus raide menant à l'ouest à une digue de mer avec une petite route et des villas et à l'est à une dune ;
  • une bande de 200 m plus ou moins horizontale marécageuse par endroits ;
  • un talus herbeux et sablonneux (qui correspond au rebord de plateau ou falaise morte) de 30 m à 50 mètres de haut dominant tout ce qui précède ;
  • le plateau de l'arrière-pays sur lequel se trouvent les quatre villages pré-cités.

Ce plateau est accessible depuis la plage par cinq petites vallées encaissées, ou vallons, et seuls chemins accessibles pour les véhicules pour sortir des plages. La première mène à Vierville (code US : D.1 Draw). La deuxième, près du hameau des Moulins (code US : D.3 Draw), et la troisième, au lieu-dit appelé Ruquet (code US : E.1 Draw), mènent à Saint-Laurent. Les deux dernières sont des chemins de terre aboutissant à Colleville (code US : E.3 Draw) et à Cabourg Hameau (code US : F.1 Draw).

Positions allemandes

Les Allemands ont parfaitement préparé leurs défenses. La plage a été « aménagée ». Les cinq accès menant vers l'intérieur des terres sont puissamment interdits par des obstacles et sont, bien entendu, sous le feu des positions défensives.

Obstacles

Sur l'estran, les Allemands ont installé toute une série d'obstacles. En venant de la mer, ils se succèdent comme suit :

  • des portes belges (ou éléments Cointet) : hautes barrières métalliques provenant de la ligne de défense belge de 1940
  • des rampes (Hemmbalken) : longs troncs d'arbre obliques recouverts d'une lame en acier, parfois minés, soutenus chacun par deux plus petits. Leur but est de soulever, voire d'éventrer l'avant des barges.
  • des pieux : troncs simples légèrement obliques surmontés d'une mine ;
  • des hérissons tchèques : ensembles de 3 poutres métalliques croisées en leur milieu et ancrées dans du béton.

Plus haut, certaines parties de la plage, ont été minées et sur différents accès, des fossés ou des murs antichars ont été créés. Des kilomètres de fil barbelé ont été déroulés. Des villas en bord de plage ont été rasées pour dégager le champ de tir. À l'extrême ouest, il en est une, par contre, qui a été fortifiée et intégrée à la position défensive.

Positions défensives

Article détaillé : Widerstandsnest 62.

Quinze positions de défense ont été installées, dont douze dominent la plage. Les Allemands les appellent Widerstandsnester (WN) et les ont numérotées de 60 à 74. Ces positions ne sont pas toutes terminées et leur équipement est variable. Dans chaque Widerstandsnest, on trouve généralement un ou deux canons de 50 à 88 mm, parfois une tourelle de char (6 au total), 1 à 4 mitrailleuses, 2 à 3 mortiers. Il s'agit souvent d'armement récupéré dans les nations vaincues. Il n'y a pas de grosse casemate d'artillerie, mais à Longues-sur-Mer (6 km à l'est), il existe une batterie de 4 canons de 152 mm capable d'intervenir devant Omaha. Le dispositif est redoutable car il tient toute la plage sous des feux croisés et les possibilités d'accès vers l'intérieur sont extrêmement bien dominées.

Troupes

Les unités allemandes qui défendent le secteur d'Omaha ont un effectif de 2 000 hommes. Elles appartiennent à deux divisions d'infanterie : la 352e à l'ouest et la 716e à l'est. Il y a toutefois une imbrication entre certaines unités car une reprise est en cours.

La 352e division d'infanterie, commandée par le général Kraiss (PC à Saint-Lô), a commencé à prendre position en mars. Cette division est organisée autour de noyaux de vétérans du front de l'Est. Elle comprend trois régiments de grenadiers (914, 915 et 916) ayant chacun deux bataillons à quatre compagnies, un régiment d'artillerie et des unités d'appui.

  • Le 914 est à l'ouest d'Omaha beach.
  • Le 915, commandé par le colonel Meyer, est en réserve au sud de Bayeux.
  • Le 916 (colonel Goth, PC à Trévières) est déployé comme suit :
    • bataillon I : à l'est (vers Arromanches) ;
    • bataillon II : entre Saint-Laurent et Colleville.
  • Le régiment d'artillerie, parfaitement camouflé, est déployé pour pouvoir couvrir la plage d'Omaha.

La 716e division d'infanterie est de qualité moindre. Elle est commandée par le général Richter dont le QG est à Caen (à l'endroit où a été construit l'actuel musée mémorial pour la paix). Elle se trouve sur la côte normande depuis mars 1942. Elle comprend deux régiments d'infanterie (726 et 736) à trois bataillons chacun, un régiment d'artillerie et un bataillon de chasseurs de chars.

  • Le 726 est déployé comme suit :
    • bataillon I : deux compagnies à Colleville et deux autres 3 km à l'est ;
    • bataillon II : à Arromanches (Gold Beach) ;
    • bataillon III : à Vierville.
  • Le 736 est à l'est d'Arromanches.
  • Le régiment d'artillerie comprend 24 pièces dont les feux peuvent intervenir sur les 8 km de plage.

Plan allié

Le plan établi pour Omaha par les chefs alliés, les généraux américains Eisenhower et Bradley et le maréchal britannique Montgomery prévoit un débarquement des troupes à 6 h 30, à la fin de la marée montante. Ce débarquement sera précédé par un bombardement aérien et naval massif des positions allemandes et des obstacles des plages. Les Allemands doivent être pris par surprise et écrasés sous les bombes.

Mais ce plan ne suscitait pas l'adhésion de tous les officiers généraux. Le général américain Leonard T. Gerow, commandant le 5e corps d'armée, était lui partisan d'une attaque de nuit à marée basse. Il était convaincu, surtout sur une plage avec autant d'obstacles anti-débarquement, que les soldats du génie et les équipes de démolition de la marine, arrivés par surprise, auraient le temps de détruire suffisamment d'obstacles et dégager des chenaux à marée basse sans être sous le feu ennemi. Il était soutenu dans cette thèse par plusieurs officiers dont le contre-amiral John L. Hall, chef de la force d'assaut naval sur le secteur d'Omaha. Mais Eisenhower et Bradley ne souhaitaient pas avoir une attaque trop en avance sur les débarquements prévus sur les autres plages. Eisenhower pour convaincre Gerow lui indiqua que « la puissance de feu la plus grande jamais assemblée sur la terre » soutiendrait l'attaque. Mais Gerow continue de douter que le bombardement aurait l'effet prévu et fit ainsi part avant le débarquement de ses doutes de savoir si l'importance de l'imprévu dans ce type d'opération avait été suffisamment prise en compte.

Unités alliées

Forces de débarquement

Généralités

L'assaut de la plage d'Omaha a été confié au Ve corps US (lieutenant général Gerow) qui comprend trois divisions d'infanterie (les 1re, 2e et 29e), une division blindée (la 2e Tk Div), deux bataillons de rangers, des unités du génie et diverses unités d'appui. La 2e division d'infanterie et la 2e division blindée débarqueront dans les jours qui suivent le 6 juin.

Le débarquement sera exécuté par deux "Regiment Combat Teams" (RCT) de front :

  • à l'ouest, le 116 RCT de la 29e division (major général Gerhardt) dont ce sera le premier engagement ;
  • à l'est, le 16 RCT de la 1re division (major général Huebner) composé de vétérans des campagnes d'Afrique du Nord et de Sicile.

Les deux RCT sont sous les ordres du commandant de la 1re division afin d'assurer l'unité de commandement mais le 116 RCT repassera sous les ordres de sa division dès que le secteur s’élargira et que l'on pourra procéder au déploiement frontal de deux divisions.

Les RCT sont en fait des régiments d'infanterie renforcés principalement de chars. Chaque division avait été renforcée par deux bataillons tank, des unités antiaériennes et autres moyens d'appui.

Divisions d'infanterie

Sans renfort, chaque division d'infanterie compte 14 000 hommes et comprend :

  • un QG ;
  • une compagnie de reconnaissance ;
  • trois régiments d'infanterie, comprenant chacun :
    • trois bataillons d'infanterie avec chacun :
      • trois compagnies d'infanterie (les neuf compagnies du régiment sont "numérotées" de A à I ; chacune compte 190 hommes),
      • quatre compagnies d'appui (QG, obusiers 105 mm, canons antichars 57 mm, services) ;
  • quatre bataillons d'artillerie ;
  • un bataillon de génie ;
  • des transmissions et services.

La 29e division comprend les 115, 116 et 175e régiments d'infanterie. La 1re division comprend les 26, 16 et 18e régiments d'infanterie.

Bataillons de chars

Parmi les bataillons tank renforçant les divisions de tête, le 743e à la 29e division et le 741e à la 1re sont équipés de chars amphibies. Ils comprennent chacun :

  • un commandement ;
  • trois compagnies de 18 tanks moyens numérotées A, B, C (la compagnie A est équipée de chars Sherman M4 standards, les compagnies B et C de chars Sherman DD amphibies) comprenant chacune :
    • un commandement (3 tanks),
    • trois pelotons de chacun 5 chars ;
  • une compagnie de tanks légers numérotée D ;
  • une compagnie HQ (pelotons reconnaissance, mortiers, tank d'assaut) ;
  • une compagnie service.

Bataillons rangers

Chaque bataillon de rangers a un effectif de 500 hommes répartis en six petites compagnies de 68 hommes numérotées de A à F. Chaque compagnie comprend 3 officiers et 65 hommes, soit un commandement et deux pelotons. Ce sont des unités d'élite ayant reçu une formation de commando.

Les deux bataillons de rangers (2e et 5e) ont, en fait, une mission isolée : s'emparer de la pointe du Hoc (5 km à l'ouest d'Omaha) avec initialement trois compagnies du 2e. La compagnie C de ce bataillon doit débarquer avec la première vague à l'extrême ouest d'Omaha pour établir la liaison. Au signal des assaillants, les autres unités doivent rejoindre directement la pointe du Hoc sinon, elles débarqueront à ouest d'Omaha et rejoindront la pointe du Hoc par la terre. Cette action fait l'objet d'un article séparé intitulé pointe du Hoc.

Génie

Les unités du génie comprennent les unités organiques des divisions mais aussi des renforts dont, entre autres, des unités spécialisées dans la démolition appartenant à la Navy.

Flotte

Article détaillé : Opération Neptune (Alliés).

Le commandement de la flotte est assuré par l'amiral Hall qui travaille en étroite collaboration avec le général Gerow. Pour le débarquement, ils se trouvent d'ailleurs tous les deux sur l’Ancon qui remplit la fonction de navire QG.

Navires d'escorte, d'appui feu et de services

  • USS Texas (tirs affectés prioritairement à la Pointe du Hoc)
  • USS Arkansas
  • HMS Glasgow
  • FS Montcalm
  • FS Georges Leygues
  • 12 destroyers

À cela, il faut ajouter 33 dragueurs de mines et quelque 600 navires de plus petite taille.

Navires de transport

Plus de 280 navires de types divers, barges de débarquement d'infanterie non comprises, assurent le transport de 34 000 hommes et de 3 300 véhicules.

Moyens amphibies

De multiples moyens amphibies ont été construits pour le débarquement dont des chars amphibies et des barges de divers types.

Les chars amphibies dits « chars DD », abréviation officielle de Duplex Drive (double conduite), étaient appelés Donald Duck par les tankistes. Il s'agit de chars Sherman munis d'une jupe de toile qui, dressée verticalement, leur permet de flotter. Deux hélices assurent la propulsion. La mise à l'eau est prévue à quelque 4 km de la côte. Dès l'arrivée sur la plage, la jupe est abaissée et le char peut ouvrir le feu et se mouvoir. Ce matériel, partie des Hobart's Funnies, imaginé par le général britannique Percy Hobart, est resté secret jusqu'au 6 juin.

Les principales barges étaient appelées :

  • Landing Craft Assault (LCA) : plus ancien et moins rapide (8 nœuds), peut transporter 30 hommes, longueur 12 m ;
  • Landing Craft Vehicle & Personnel (LCVP) : vitesse max 12 nœuds ; peut transporter 36 hommes ou des véhicules à roues, longueur 12 m ;
Les LCA et LCVP transporteront d'abord les compagnies d'infanterie.
  • Landing Craft Mechanized (LCM) : peut transporter 60 hommes ou un char, longueur 13 m ;
Les LCM transporteront d'abord les unités du génie avec leurs tankdozers.
  • Landing Craft Tank (LCT) : peut transporter 3 ou 4 chars moyens, longueur 60 m ;
Les LCT transporteront les chars Sherman jusqu'à la plage sauf les chars DD qui seront « lâchés » à quatre kilomètres en mer.
  • Landing Craft Infantry (LCI) : existe en deux modèles ; capacité soit 100, soit 200 hommes.

Il y a aussi des navires spéciaux :

  • Landing Ship Infantry (LSI): transporte des hommes, des LCA, des LCM qu'il met à l'eau ;
  • Landing Ship Tank (LST) : muni de grues et d'une rampe flottante pour décharger des chars et autres véhicules.

Planification du débarquement

Dans le cadre du plan Neptune (plan de mise en place de l'opération Overlord), la plage d'Omaha et la pointe du Hoc sont attribuées à la force d'assaut appelée "force O" qui sera suivie par la "force B". La "force O" comprend deux régiments de la 29e division (116 et 115), deux régiments de la 1re division (16 et 18), deux bataillons de rangers (2 et 5) et des moyens d'appui. Elle représente un total de 34 000 hommes et 3 600 véhicules placés sous le commandement du commandant de la 1re division (général major Huebner) assisté du général adjoint de la 29e division (brigadier général Cota). Cette organisation a pour but d'assurer l'unité de commandement dans la phase initiale et de faciliter le passage à deux divisions dès que possible. Les autres éléments des deux divisions constituent temporairement la « force B » qui débarquera dans la foulée et qui est placée sous le commandement du commandant de la 29e division.

Deux régiments débarqueront en tête, chacun sur un front de trois à quatre kilomètres :

  • à l'ouest, le 116e RCT (de la 29e division), renforcé, entre autres, par le 743e bataillon tank ;
  • à l'est, le 16 RCT de la 1re division avec, sous son commandement, le 741e bataillon tank.

Ces régiments sont appelés Regiment Combat Team (RCT) car ils sont composés principalement d'infanterie mais aussi de tanks, d'unités du génie, de moyens antiaériens, d'artillerie et d'appui logistique et médical.

Pour la mise à terre d'un RCT (3 500 hommes et 300 véhicules), sont prévus environ : 80 LCVP, 20 LCA, (?) LCM et 50 LCT (faisant des rotations entre la plage et les navires de transport).

La plage d'Omaha est divisée en secteurs de largeurs différentes portant des noms tels Charlie, Dog Green, Dog White… afin de coordonner l'arrivée des unités vers leurs objectifs.

L'ordre de succession des unités fait l'objet de tables reprenant de manière très précise, en fonction du temps et par secteur, le personnel et les véhicules à débarquer avec les moyens de transport naval afférents. Les barges de débarquement devront effectuer des rotations entre la plage et les navires de transport et un certain taux de perte a été estimé. Des missions de sauvetage de naufragés sont aussi prévues. Il va de soi que les autorités savent que ces tableaux indispensables ne pourront être suivis à la lettre et qu'ils ne constituent qu'un guide.

Les premiers éléments qui devront arriver sur la plage sont les chars DD dont on compte sur l'effet de surprise. Il y en a 64 pour la totalité de la plage. Ils seront immédiatement suivis par des compagnies d'infanterie (quatre par RCT) et d'unités du génie.

Les unités du génie sont articulées en seize Gap Assault Teams (8 par RCT) composés chacun d'une quarantaine d'hommes provenant du génie mais aussi des demolition units de la Navy. Chaque équipe dispose d'un Tankdozer. Ils seront amenés sur la plage par des LCM. Leur mission est de détruire les obstacles pour créer 16 brèches de 45 m de large. Ce travail est indispensable car la marée sera montante et il faut permettre l'arrivée des barges qui vont suivre.

À titre d'illustration, le tableau ci-dessous donne une synthèse des tables de débarquement pour les trente premières minutes.

Timing 116 RCT 16 RCT
H-10 / H-5 32 tanks DD

deux compagnies tanks amphibies

32 tanks DD

deux compagnies tanks amphibies

H 8 LCT

une compagnie tanks standards

8 LCT

une compagnie tanks standards

H+1 6 LCA + 18 LCVP

quatre compagnies infanterie

12 LCA + 12 LCVP

quatre compagnies infanterie

H+3 2 LCA : une compagnie ranger

12 LCM : unités génie

8 LCM : unités génie

H+8 4 LCM

unités génie

H+25 6 LCM

unités génie

H+30 8 LCA + 19 LCVP

deux compagnies infanterie, HQs, unités antiaériennes

6 LCA + 20 LCVP

deux compagnies infanterie, HQs, unités antiaériennes

Ensuite arrivera, entre H + 40 min à H + 120 min, une vague toutes les dix minutes. Dans l'hypothèse où le 5e bataillon de rangers et les deux dernières compagnies du 2e bataillon ne seraient pas envoyés directement sur la pointe du Hoc, il est prévu de les faire arriver sur Dog Green entre H+60 et H+70.

En l'espace de quatre heures, les deux RCT de tête doivent avoir débarqué. Alors suivront les deux autres régiments d'infanterie de chaque division et les divers éléments d'appui.

Exécution

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Mise à l'eau de la flotte

À partir de 3 h 30, commence le transbordement des unités d'infanterie des bateaux de transport vers les barges de débarquement. Les premières barges quittent leurs navires d'attache à 5h20. Elles ont plus d'une heure de navigation avant d'atteindre les plages dans une mer forte. En effet, pour être hors de tir des batteries côtières allemandes, les plus gros navires mouillent à une quinzaine de kilomètres des côtes. Pendant cette traversée, une dizaine de barges coulèrent ou chavirèrent.

Dès 5 h 40, des LCT commencent à « lâcher » les tanks DD du 741 bataillon à cinq kilomètres de la côte. Recouverts par la forte houle (creux de 1,5 m), les 16 tanks DD de la compagnie C coulent assez rapidement. À la compagnie B, 13 chars sont mis à l'eau mais 2 seulement parviendront à atteindre la plage ; les 3 derniers pourront être débarqués sur l'estran par leur LCT (par hasard, la rampe s'étant bloquée, le LCT dérivera jusqu'à la plage). Le 741e bataillon tank commencera le combat avec seulement le tiers de ses chars. Le 743e bataillon tank a plus de chance. Informé des problèmes du 741e, le commandant décide de prendre le risque de faire amener tous ses chars sur la plage par les LCT.

Remarques concernant la perte des chars DD :

  • des fouilles sous-marines effectuées dans les années 1980 ont établi que des chars avec jupe levée et cheminée de chef-char en position coulèrent, hors de leur LCT, à bien plus de cinq kilomètres de la côte. Il semble probable que des marins effrayés par la vigueur du feu ennemi larguèrent « leurs » chars trop rapidement, donc trop loin ;
  • un fort courant marin parallèle à la côte est peut-être également en cause. Les jupes étaient plus vulnérables à des recouvrements d'eau venant latéralement.

Bombardement aérien et tir naval

Les bombardiers américains font leur apparition à 6h05. Les nuages sont bas. Ils arrivent par la mer et non en longeant la côte, survolant les barges de la première vague. Si cela permet de limiter le risque d'être touché par la DCA allemande, cela rend également le bombardement de la ligne de défense allemande plus difficile. 329 bombardiers lourds, Liberators et forteresses volantes de la 8e force aérienne américaine, vont larguer dans la demi-heure précédant le débarquement près de 13 000 bombes. Mais les aviateurs, craignant de toucher les leurs, les larguent trop tard. Aucune bombe ne touche les obstacles de la plage, les champs de mines ou les bunkers sur le talus. Les bombes tombent au-delà de la crête cotière, voire beaucoup plus à l'intérieur des terres, et les postes de défense allemands restent intacts.

À 5 h 58, le jour se lève et l'artillerie navale prend le relais. Le tir dure moins d'une quarantaine de minutes. La visibilité est mauvaise et les tirs tombent à l'intérieur des terres, 2 à 3 km derrière la ligne principale de défense allemande.

Première vague

Dès 6 h 25, la première vague atteint la plage. Ce sont des équipes du génie qui arrivent en premier, suivies immédiatement puis dépassées par les huit compagnies d'infanterie. Les chars amenés par LCT arrivent quelques minutes plus tard. Les 2 Sherman DD rescapés sont aussi sur la plage. L'ensemble compte 1 450 hommes, une soixantaine de chars et divers engins du génie. La plupart des unités arrivent toutefois plus à l'est que prévu (parfois plus d'un km) ; le courant marin a fait dériver les barges. À la suite des tirs de l'artillerie allemande, plusieurs barges sont coulées et près de 150 hommes parviennent à gagner la plage à la nage.

Conformément aux ordres, les Allemands ne dévoilent pas leurs positions restées intactes. Ils attendent que les troupes débarquent pour ouvrir le feu. Les huit premières compagnies américaines du 116e RCT (E, F, G, A) et du 16e RCT (L, I, E, F) sont décimées. Les fantassins s'abritent, comme ils peuvent, derrière les obstacles des plages ou la levée de galet. Comme le fait remarquer un officier américain, il n'y a même pas un trou d'obus pour se mettre à couvert. Les hommes du génie, qui doivent ouvrir des brèches à travers les obstacles avant que la marée ne monte, subissent également des pertes importantes.

Le photographe de guerre Robert Capa, qui a débarqué avec la compagnie E du 116e RCT à Easy Red, prend les premières photos du débarquement. La situation est catastrophique. Le seul point positif se situe à l'extrême ouest de la plage où la compagnie C du 2e bataillon de rangers a réussi à atteindre le pied de la falaise. Au même moment, à 5 km de là, trois autres compagnies de ce bataillon doivent s'emparer de la pointe du Hoc. La compagnie C est chargée de débarquer à Omaha pour réaliser la jonction avec eux. Elle parviendra à passer juste à l'ouest du WN 73 pour l'attaquer à revers. D'autres rangers, toujours en mer, attendent de la pointe du Hoc le signal de rejoindre, sinon ils débarqueront aussi à Omaha.

Deuxième vague

À partir de 7 h, arrivent les barges qui amènent la deuxième vague. De nouvelles compagnies d'infanterie et les rangers débarquent. Le brigadier général Cota, adjoint au commandant de la 29e division arrive à Dog White. Il stimule les hommes. Le 5e bataillon de rangers, avec quelques compagnies d'infanterie, parvient à atteindre le plateau entre les WN 70 et 68.

Vers 8 h 15, les rangers aidés des fantassins réussissent une première percée en direction de Vierville. À l'est, le colonel Taylor, commandant du 16e RCT, parvient à faire passer un groupe d'hommes entre les WN 64 et WN 62. On retiendra d'ailleurs une maxime lancée par Taylor sur la plage : « Il n'y a plus que deux genres de soldats sur cette plage ; ceux qui sont morts et ceux qui vont mourir ! Alors bougeons-nous de là ! »

À 9 h, à l'extrême est de la plage, le WN 60 se rend après avoir été débordé.

À 10 h, trois percées ont réussi mais la situation reste désespérée. Deux destroyers s'approchent jusqu'à un kilomètre de la côte et effectuent un tir de précision sur les défenses. La voie d'accès du Ruquet (E1) peut être ouverte.

Après 10 heures

À 10 h 30, la marée est haute. Les 18 et 115 RCT commencent à débarquer. Avec l'aide de l'artillerie navale, les WN tombent les uns après les autres sauf les WN 66 et 68 qui tiendront jusqu'au soir. Entre-temps, les Allemands contre-attaquent mais sont repoussés. L'artillerie allemande commence à faiblir, elle commence à manquer de munitions. Chez les Américains, l'appui naval se fait plus efficace et réduit certains WN. Les LCI peuvent aborder devant le Ruquet (E1). Les hommes du génie aménagent un accès menant à Saint-Laurent afin de permettre l'acheminement des véhicules et du matériel. En début d'après-midi, les GIs occupent le haut de Vierville. Le soir, la pénétration n'est pourtant que de 2 à 3 km. Il y a toujours à Colleville des Allemands qui tentent de s'exfiltrer ; la plupart seront capturés.

Bilan de la première journée

Article détaillé : Bilan détaillé des pertes à Omaha Beach.

Les objectifs prévus à la fin du Jour J pour la zone d'Omaha ne sont pas atteints. Ils prévoyaient une tête de pont allant de l'embouchure de la Vire à l'ouest à la jonction avec la tête de pont anglo-canadienne à l'est sur une profondeur de 8 km à l'intérieur des terres, grossièrement sur une ligne du nord d'Isigny à Bayeux, suivant, sur sa partie est, la rivière Aure. La jonction avec la pointe du Hoc n'est même pas réalisée. Seule une petite tête de pont jusqu'au village de Vierville et un peu au-delà des villages de Saint-Laurent et Colleville est tenue, de deux kilomètres de la côte dans sa plus grande profondeur (et la côte entre Vierville et Saint-Laurent n'est pas encore sécurisée). Mais le périmètre dégagé est suffisant pour pouvoir alimenter la tête de pont.

34 000 hommes et 2 800 véhicules ont débarqué mais seulement 100 t de fret au lieu des 2 400 prévues. Les pertes en matériel sont importantes. Les pertes humaines sont de presque 1 000 tués et 2 000 blessés et disparus (quinze fois plus qu'à Utah Beach). On estime] qu'un quart des pertes est dû à des noyades.

L'historien américain Joseph Balkoski a estimé récemment que les chiffres donnés jusqu'à présent était très en dessous de la vérité. Pour lui les pertes s'élèvent à 4700 hommes sur 35000 personnes ayant débarqué soit 13 % (jusqu'à 40 % pour certaines compagnie, par exemple : Compagnie A/116th) dont 2000 morts ou disparus.

Chronologie du jour J à Omaha

  • 5 h 20, les premières barges quittent leur navire d'attache
  • 5 h 35, premières mises à l'eau des chars DD amphibies
  • 5 h 50, début du bombardement
  • 6 h 27, fin du bombardement
  • 6 h 35, débarquement de la première vague d'assaut américaine
  • 7 h 36, débarquement de la seconde vague d'assaut
  • 8 h 30, arrêt provisoire du débarquement, pas assez de place sur la plage et pas assez de chenaux dégagés
  • 9 h 10, débarquement des Rangers
  • 9 h 20, nouvel appui feu des navires alliés
  • 9 h 30, chaos sur la plage et au large
  • 10 h, le premier point fortifié allemand, WN 64, est mis hors service
  • 11 h 27, des éléments américains tiennent les hauteurs de la plage de Saint-Laurent-sur-Mer
  • 12 h 30, les Américains ont débarqué près de 19 000 hommes à Omaha
  • 13 h, une compagnie du 16e régiment d'infanterie et des hommes du 116e régiment attaquent le village de Colleville
  • 15 h 26, échec de la contre-offensive menée par le 916e régiment de grenadiers allemands
  • 15 h 30, abandon par le soldat allemand Heinrich Severloh du dernier point fortifié, le WN 62
  • 17 h 20, appel du colonel Talley à l'USS Ancon : la « circulation des véhicules à roues et à chenilles sur l'essentiel de zone sous la ligne des hautes eaux est ouverte »

Jours suivants

La tête de pont s'agrandit et le retard est rattrapé. Le 7 et 8 juin, la 2e division d'infanterie débarque, suivie le 10 par la 2e division blindée. La 29e division progresse vers l'ouest et établit le lendemain la jonction avec les Rangers retranchés à la pointe du Hoc. Le 175e régiment et le 747e bataillon blindé se dirigent alors vers Isigny qu'ils prennent dans la nuit. La Ire division américaine, la « Big One », réduit les poches de résistance à Colleville-sur-Mer le 7 juin et atteint le lendemain la Route nationale 13 (France). Une partie se dirige vers l'est pour faire la jonction avec les Britanniques débarqués à Gold Beach et essaye, sans succès, d'encercler le 726e régiment de grenadiers allemands au sud de Port-en-Bessin. Dès le 8 juin, les Américains disposent d'une tête de pont de 5 à 6 km de profondeur, la ligne de front, d'Isigny à Bayeux, se situant au sud de la RN13.

Un terrain d'aviation est construit devant Utah Beach dès le 8 ; il permettra l'évacuation de nombreux blessés. Un port artificiel Mulberry est assemblé au large de Saint-Laurent. Contrairement à son frère jumeau d'Arromanches, il ne résistera pas à la tempête du 19 au 22 juin. L'infrastructure sera toutefois adaptée pour faciliter des transbordements vers la plage. Jusqu'à la remise en service du port de Cherbourg, les plages d'Utah Beach et d'Omaha Beach seront massivement utilisées pour la logistique américaine, principalement par échouage des navires.

Conclusions

Omaha Beach était certainement, parmi les cinq plages, celle qui avait le relief le plus défavorable pour un débarquement.

Beaucoup de facteurs impondérables ont nui à l'opération :

  • la mauvaise visibilité a empêché la neutralisation de la défense par les bombardiers et l'artillerie navale ;
  • l'état de la mer, un courant marin plus fort que prévu et une mise à l'eau trop loin des plages ont causé le chavirement de nombreuses barges et la perte de 27 tanks DD sur 29. Cela a également causé le chaos dans l'ordre et les lieux de débarquement ;
  • la mise en place de la 352e division allemande est postérieure aux plans alliés.

L'artillerie navale ne semble pas avoir été à la hauteur. La visibilité n'était certes pas idéale mais les navires sont probablement restés trop éloignés de la côte. Seule, l'approche de deux destroyers après 10 heures a pu débloquer la situation.

Le manque de chars pour appuyer la première vague s'est fait cruellement sentir. Vingt-neuf chars DD, dont 27 ont coulé, ont probablement été lâchés trop loin en mer (plus de 5 km). Ils n'avaient pas été conçus pour affronter des creux de plus de 1,50 m. Sur les autres plages, il en a été tenu compte et les chars ont été mis à l'eau beaucoup plus près et ont pu remplir leur mission. Le courant a aussi probablement amené les chars à ne pas rester perpendiculaires aux vagues afin de garder le cap. Les flancs, moins protégés que la proue, ont été plus facilement submergés par la mer. Le manque de dispersion des autres chars DD amenés directement en LCT jusqu'à la plage en a fait des cibles plus faciles. Néanmoins, les chars qui ont « survécu » se sont avérés décisifs. Ils ont sauvé la journée, dira un commandant de bataillon d'infanterie.

Les rangers se sont montrés particulièrement efficaces ; ce qui prouve l'utilité de troupes d'élite bien entraînées.

Les percées entre les positions allemandes se sont avérées bénéfiques car elles ont permis d'attaquer les WN à leur point faible, c'est-à-dire par derrière.

Aucune contre-attaque d'envergure n'a pu être menée par les Allemands.

La percée fulgurante menée dans les jours qui suivirent par les Américains fit oublier les piétinements du jour J sur Omaha mais ne fera jamais oublier les pertes en vies humaines. La plage restera pour l'histoire « Omaha la sanglante ».

Lieu de mémoire

Cette plage est un lieu de mémoire essentiel dans l'imaginaire collectif des opérations du débarquement proprement dites. Le cimetière américain de Colleville-sur-Mer et son centre d'accueil qui surplombent et veillent aujourd'hui paisiblement sur la plage en contrebas, rappellent combien « Bloody Omaha » fut la plus sanglante de toutes les plages du débarquement, bien que la plupart des soldats enterrés là ne soient pas décédés lors du débarquement, mais au cours des jours voire des années précédents (équipages de bombardiers) ou des jours et des mois suivants au cours de la bataille de Normandie.

Plus à l'ouest, sur la commune de Saint-Laurent-sur-Mer, à la sortie principale de la plage qui se fit au lieu dit « Les Moulins », identifiée « D3 », se trouve édifié un des dix monuments signaux. Sur chaque côté de celui-ci, deux fresques honorent la 1re division d’infanterie US et le 116e RCT (Regimental Combat Team) de la 29e Division d’infanterie US.

Implantée sur la plage même, face au monument signal précédemment cité, l’œuvre de la sculptrice Anne-Laure Banon, composée de trois monuments (les ailes de la fraternité, debout la liberté et les ailes de l'espoir), intitulée « Les Braves », en hommage au courage des soldats des forces alliées, a été réalisée pour le 60e anniversaire du D-Day de 2004.

Encore plus à l'ouest, commune de Vierville sur Mer, sortie D1, sur l'ancienne position qu'occupait le WN72, se trouve le monument en mémoire aux combattants de la National Guard US lors des deux guerres mondiales.

À l'est du cimetière, face à Fox Green, se trouve le monument dédie à la Big Red One (1st Infantry Division US), sur lequel sont inscrits les noms de ses 627 soldats tombés entre le 6 juin et 24 juillet 1944.

Voir aussi

Bibliographie

  • Joseph Balkoski, Omaha Beach, 6 juin 1944, Histoire et Collections, 2014 (ISBN )
  • Georges Bernage, Omaha, Heimdal Eds, 2001 (ISBN ).
  • Henri Bernard, professeur à l'École royale militaire, La Guerre et son évolution à travers les siècles.
  • Olivier Wieviorka, Histoire du Débarquement en Normandie, éd. du Seuil, 2006.
  • Antony Beevor D-Day et la bataille de Normandie, éd. Calmann-Lévy, 2009 (ISBN ).
  • R.W. Thompson, Le Jour J, éditions Marabout.
  • Richard Holmes, Le Débarquement, édition Gründ, adaptation française : Christophe Rosson.
  • Helmut Konrad von Keusgen, Point d'appui WN 62 - Omaha Beach, éd. Heimdal 2004 (ISBN ).
  • Helmut Konrad von Keusgen, Omaha Beach. La tragédie du 6 juin 1944, éd Heimdal (ISBN ).
  • Steven J Zaloga. Le jour J. Omaha Beach, le débarquement américain. éd Osprey. Collection Grandes batailles de la seconde guerre mondiale. 2012.
  • Gérard Cardonne, Raymond Couraud, Omaha au nom des derniers témoins, Éditions Hirlé, 2004, (ISBN ).
  • Franz Gockel, traduit par Sandrine Woelffel, La Porte de l'enfer, Éditions Hirlé, 2004, (ISBN ).
  • Christophe Prime, Omaha Beach : 6 juin 1944, Tallandier, 2011 (ISBN ).

Bande dessinée

  • Operation Overlord, Glénat, 2014, 46 p.
    • Omaha Beach (scénario : Bruno Falba ; Story-board : Davide Fabbri ; Encrage : Christian Dalla Vecchia ; Couleur : Domenico Neziti) (ISBN ).

Filmographie

  • Le Jour le plus long (The Longest Day), 1962.
  • Au delà de la gloire (The Big Red One), de Samuel Fuller 1980.
  • Il faut sauver le soldat Ryan (Saving Private Ryan) de Steven Spielberg, 1998.
  • D-Day, leur jour le plus long, Film documentaire, 2004.

Liens internes

  • Utah Beach
  • Gold Beach
  • Juno Beach
  • Sword Beach
  • Pointe du Hoc
  • Bilan détaillé des pertes à Omaha Beach
  • Plages du débarquement allié en Normandie
  • Bataille de Normandie
  • Musée du débarquement Utah Beach

Liens externes

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Trucs et astuces
Christoph Lühr
21 june 2017
Plenty of space. Good for parents with kids - let them roam free! Water is pretty shallow, though during low tides quite a distance away.
Andrea Cau
16 août 2015
Omaha Beach is a beautiful place with a touching Memorial. Here there are about 9.300 buried soldiers who have participated at D-Day.
UMDAlumniAssociation
25 july 2014
Day 4 - Taking in Omaha Beach and its memorial. Continuing along the Calvados coastline, the theater for Operation Overlord, and then seeing the U.S. Military Cemetery at St. Laurent-sur-Mer.
 ℋumorous
8 june 2014
Holidaymakers enjoy the sunshine, while on June 6, 1944 US reinforcements landed on Omaha beach during the Normandy D-Day landings.
Sierra Joyeros
2 september 2013
Impresionante la historia y la representación de todo lo ocurrido. el cementerio americano sin duda algo tan visto en películas que no deja de serprender
Rafael Gil de la Calleja Lluch
Un gran "pedazo de historia" que hay que visitar
9.0/10
Vadim I, Tatiana Istratova et 6 640 plus de gens ont été ici
Carte
48 Rue Bernard Anquetil, 14710 Saint-Laurent-sur-Mer, France Itinéraire
Thu 11:00 AM–7:00 PM
Fri 11:00 AM–6:00 PM
Sat-Sun 10:00 AM–7:00 PM
Mon 11:00 AM–6:00 PM
Tue 10:00 AM–6:00 PM

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