Primatiale Saint-Jean de Lyon

<td colspan="2" style="text-align:center; line-height: 1.5em;">La primatiale vue depuis Fourvière
La primatiale vue depuis Fourvière </td></tr> <tr> <th colspan="2" style="padding:4px; text-align:center; background-color:#E1E1E1; color:#000000">Présentation</th></tr> <tr> <th scope=row >Nom local </th> <td >Cathédrale Saint-Jean </td> </tr> <tr> <th scope=row >Culte </th> <td >Catholique romain
(rite lyonnais) </td> </tr> <tr> <th scope=row >Type </th> <td >Cathédrale
primatiale </td> </tr> <tr> <th scope=row >Rattachement </th> <td >Archidiocèse de Lyon </td> </tr> <tr> <th scope=row >Début de la construction </th> <td >1175 </td> </tr> <tr> <th scope=row >Fin des travaux </th> <td >1480 </td> </tr> <tr> <th scope=row >Architecte </th> <td >…
Jacques de Beaujeu (façade) </td> </tr> <tr> <th scope=row >Autres campagnes de travaux </th> <td >Henri de Nivelle (vitraux)

Antoine-Marie Chenavard (rest.)
Tony Desjardins (rest.)
Paul Desjardins (rest.)
Lucien Bégule (vitraux) </td> </tr> <tr> <th scope=row >Style dominant </th> <td >roman
gothique </td> </tr> <tr> <th scope=row >Protection </th> <td >alt=Logo monument historique Classée MH (1862)
alt=Patrimoine mondial Patrimoine mondial (1998, 2011, au titre du Site historique de Lyon) </td> </tr> <tr> <th scope="row" >Site web</th> <td > cathedrale-lyon.fr </td></tr> <tr> <th colspan="2" style="padding:4px; text-align:center; background-color:#E1E1E1; color:#000000">Géographie</th></tr> <tr> <th scope=row width="35%">Pays</th> <td >class=noviewer France</td> </tr> <tr> <th scope=row >Région </th> <td >Auvergne-Rhône-Alpes </td> </tr> <tr> <th scope=row >Département </th> <td >Métropole de Lyon </td> </tr> <tr> <th scope=row >Commune </th> <td >Lyon </td> </tr> <tr> <th scope=row >Arrondissement </th> <td >5e </td> </tr> <tr> <th scope=row >Coordonnées </th><td ><maplink latitude="45.7607" longitude="4.8273" text="45° 45′ 39″ nord, 4° 49′ 38″ est" zoom="13">[{"type":"Feature","geometry":{"coordinates":[4.8273,45.7607],"type":"Point"},"properties":{"marker-color":"228b22"}},{"properties":{"fill-opacity":0.2},"type":"ExternalData","service":"geoshape","ids":"Q1521"}]</maplink> </td></tr> <tr> <td colspan="2">
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Primatiale Saint-Jean de Lyon
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La primatiale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne (dite aussi, plus simplement, cathédrale Saint-Jean) est le siège épiscopal de l'archidiocèse de Lyon. Elle a rang de cathédrale et de primatiale : l'archevêque de Lyon a le titre de Primat des Gaules ; le poste est actuellement géré par l'administrateur apostolique du diocèse, Mgr Michel Dubost, nommé en juin 2019.

Elle est située dans le cinquième arrondissement de Lyon, au cœur du quartier médiéval et Renaissance du Vieux Lyon, dont elle est un des éléments marquants. Au Moyen Âge, elle faisait partie d'un complexe d'églises et d'autres bâtiments ecclésiaux, le groupe cathédral, qui comprenait entre autres les églises Saint-Étienne et Sainte-Croix, détruites à la Révolution, ainsi que l'actuelle manécanterie.

Originellement, l'église a été consacrée sous le patronage de saint Étienne, tandis que son baptistère était consacré sous celui de saint Jean-Baptiste, mais, comme cela est fréquent, le vocable du baptistère s'est ensuite appliqué dans la désignation courante. La première cathédrale dont l'existence est attestée, et que les sources de l'époque se contentent d'appeler maxima ecclesia, c'est-à-dire la « grande église », a été bâtie par Patient. La seconde, plus grande et datée du IXe siècle, est l'œuvre de Leidrade.

L'édifice actuel est un projet de longue haleine, porté dans sa conception par trois archevêques successifs au moment où l'architecture occidentale bascule du roman au gothique : Guichard de Pontigny envisage et entame la construction d'une église romane, Jean Belles-mains entame la transformation de l'édifice en un ouvrage gothique dont les ressorts techniques ne sont pas encore pleinement maîtrisés, enfin Renaud de Forez transforme le projet, grâce à l'évolution des savoir-faire, pour donner à la cathédrale son aspect actuel. La construction s'étale sur trois siècles, de 1175 à 1480. Le site contraint, entre colline et rivière, ainsi que les luttes politiques entre les différentes puissances régentant Lyon au Moyen Âge central, ont empêché la cathédrale de disposer d'un terrain aussi vaste et aussi favorable que ses concepteurs l'auraient souhaité. Par ailleurs, l'absence du savoir-faire particulier des bâtisseurs de cathédrale du Bassin parisien est une des causes de la relative modestie des dimensions et de l'ornementation de Saint-Jean.

Fortement endommagée par les guerres de religion en 1562, puis par la Révolution française et le siège de Lyon en 1793, la primatiale est restaurée au XIXe siècle. Les premiers travaux sont assez modestes et fortement empreints de classicisme ; mais cette politique change vigoureusement avec l'arrivée d'un nouvel architecte, Tony Desjardins, qui donne un élan inédit à la restauration. De son point de vue, non seulement les travaux doivent rendre à l'église son aspect médiéval, mais cet aspect est à sublimer pour faire de Saint-Jean une « cathédrale idéale » reflétant l'esprit gothique du XIIIe siècle. Ces travaux de modification de l'aspect de la cathédrale comprennent un relèvement de la charpente et l'ajout de flèches. Devant les critiques virulentes, ils ne sont pas tous réalisés. Au XXe siècle, les travaux d'embellissement et de réparation se poursuivent, mais la guerre interrompt les travaux. En septembre 1944, le retrait des troupes allemandes s'accompagne de sabotages, qui touchent indirectement l'édifice, brisant la plupart de ses vitraux. La remise en état des verrières, puis des façades et de l'aménagement intérieur, constitue l’essentiel des actions menées durant la seconde partie du XXe siècle et le début du XXIe siècle.

La primatiale est classée monument historique depuis 1862. Outre cette protection, elle est intégrée depuis le 12 mai 1964 dans le premier secteur sauvegardé de France. Enfin, le 5 décembre 1998, elle a été reconnue patrimoine mondial au titre de sa localisation dans le site historique de Lyon.

Lieu de culte et de prière, la cathédrale est la première église de l'archidiocèse de Lyon, mais aussi une des églises paroissiales du Vieux Lyon. Elle est demeurée durant des siècles le lieu par excellence de l'expression du rite lyonnais, un des rites de l'Église catholique, notamment du fait de l'attachement du chapitre des chanoines à cette forme liturgique. Cette particularité locale vaut notamment à la primatiale d'avoir été la dernière cathédrale française à se doter d'un orgue (en 1841), et explique en partie la modestie de celui-ci.

C'est aussi un lieu touristique fort prisé, pour sa localisation, pour les animations particulières qui y sont organisées, notamment durant la fête des Lumières, mais également pour son horloge astronomique du XIVe siècle (en restauration jusqu'en 2021).

Содержание

Primatiale Saint-Jean de Lyon

Titre et dédicace

[[Jean le Baptiste et Étienne, les deux saints à qui la primatiale est dédicacée. Icônes byzantines, coll. Musée national géorgien et Musée d'art byzantin Antivouniotissa, Corfou.|alt=]] [[Jean le Baptiste et Étienne, les deux saints à qui la primatiale est dédicacée. Icônes byzantines, coll. Musée national géorgien et Musée d'art byzantin Antivouniotissa, Corfou.|alt=]]
Jean le Baptiste et Étienne, les deux saints à qui la primatiale est dédicacée. Icônes byzantines, coll. Musée national géorgien et Musée d'art byzantin Antivouniotissa, Corfou.

La cathédrale est dédiée à saint Jean-Baptiste, cousin de Jésus, prophète et martyr. Toutefois, sa dédicace complète est « Saint-Jean-Baptiste-Saint-Étienne », car elle reprend la dédicace de l'église voisine, ancien baptistère de la cathédrale et de la cité, dédiée à saint Étienne, l'un des sept premiers diacres, également martyr.

Elle est non seulement cathédrale, c'est-à-dire lieu de la cathèdre (siège de l'évêque), mais également primatiale des Gaules, ce qui signifie un rang métropolitain (aujourd'hui simplement honorifique) sur toutes les autres cathédrales de France des quatre provinces ecclésiastiques de 1079 (Lyon, Rouen, Tours et Sens). Cette prééminence est fondée sur l'ancienneté de l'adoption du christianisme à Lyon, sur le martyre de nombreux et célèbres chrétiens, ainsi que sur l'importance théologique des écrits de l'un d'entre eux, saint Irénée.

La primauté de Saint-Jean en tant que cathédrale de Lyon a été contestée, en particulier au Moyen Âge, par les bourgeois de la presqu'île, affirmant que Saint-Nizier est la première cathédrale dont la ville se soit dotée. Les documents l'affirmant, tous rédigés aux XIIe et XIIIe siècles, ont été pris comme témoignages historiques au XIXe siècle, alors qu'ils ne sont que les témoins d'une falsification au profit des habitants de la presqu'île cherchant à s'émanciper de la tutelle du chapitre.

Histoire

Avant l'actuel édifice

La cathédrale Saint-Jean vue à travers une des arches de l'ancien baptistère Saint-Étienne.

Le nom de « cathédrale », c'est-à-dire église de l'évêque, ne commence à être donné qu'au Xe siècle. Avant, si l'église d'un diocèse possède une prééminence particulière, les termes utilisés sont plutôt « domus divina » ou « maxima ecclesia ». C'est le cas à Lyon, qui est une des premières villes de Gaule équipées d'un tel édifice, avec Trèves, Tours, Auxerre ou Clermont.

L'édifice de Patient

La première « maxima ecclesia » est construite en 469 par Patient ou Patiens, évêque de Lyon entre 449 et 494, qui fait rénover l'église voisine Saint-Étienne ; il semblerait, d'après le témoignage de Sidoine Apollinaire, qu'elle était déjà dédiée à saint Jean-Baptiste, alors que son baptistère était dédié à saint Étienne. La « maxima ecclesia » est décrite ainsi : « L’édifice élevé brille, et il n'est déporté ni sur la gauche ni sur la droite, mais par le sommet de sa façade, il regarde le Levant au moment de l'équinoxe. [...] Au bâtiment est joint un triple portique, fier de ses colonnes en marbre d'Aquitaine. À son imitation, un second portique ferme l'atrium, et l'espace central est enveloppé d'une forêt de pierre par ses colonnes éloignées. [...] D'un côté, c'est le bruit de la route, de l'autre, c'est la Saône qui fait écho... ». Cette église est détruite ou du moins fortement endommagée par les invasions sarrasines entre 725 et 737.

L'église de Leidrade

Restes de l'église Saint-Étienne dans le jardin archéologique Girard Desargues.

Une nouvelle église est bâtie par Leidrade, dernier évêque de Lyon.</ref> au début du IXe siècle. Ce nouvel évêque, bavarois, est nommé expressément par Charlemagne pour restaurer une Église en déshérence, dont lui-même dit, dans un courrier adressé à l'empereur : « cette Église s'était alors trouvée appauvrie sous bien des aspects, spirituellement comme matériellement, dans ses célébrations, ses bâtiments et toutes les autres responsabilités de son clergé ». Leidrade s'attaque aux deux chantiers qu'il juge prioritaires : tout d'abord, dans la lignée du cinquième concile d'Aix-la-Chapelle (817) réglant certains aspects de la vie des religieux, à la formation du clergé cathédral ; d'autre part, à la restauration ou la reconstruction des édifices religieux. En priorité, il faut rebâtir la « maxima ecclesia ». Une des actions que l'évêque mène est particulièrement parlante sur l'état du culte lyonnais avant son arrivée : il fait bâtir une palissade (« maceria ») autour de son église, afin que les animaux n'y pénètrent pas. Leidrade en dit : « maximam ecclesiam que est in honorem sanctis Johannis Baptistea novo operuerim et maceria ex parte erexerim ».

Les textes médiévaux et les fouilles récentes indiquent un édifice assez important pour les techniques architecturales d'alors, doté d'une nef de probablement plus de dix mètres de largeur. Il était cependant tout entier contenu dans l'actuelle cathédrale. Il est probable que c'est à cette époque que le baptistère, tombé en désuétude depuis que le baptême est donné essentiellement à des enfants, est remplacé par l'église Saint-Étienne, que Leidrade restaure également.

Sous Leidrade, grâce au concours de Charlemagne, la cathédrale s'enrichit de reliques des saints Cyprien (évêque de Carthage), Spérat (un des martyrs scillitains) et Pantaléon de Nicomédie (médecin à la cour de l'empereur Maximien) ; enrichie matériellement, la « grande église » gagne surtout un prestige spirituel considérable. Devenant de ce fait une église du peuple, elle se fait iconographique, afin de transmettre l'Évangile par la décoration, de manière pédagogique. Ces décorations consistent en de nombreuses et vastes mosaïques, la plupart réalisées sous Agobard.

L'édifice carolingien de Leidrade reçoit un clocher au XIe siècle, offert par le doyen Fredaldus, mais le doute subsiste aujourd'hui quant à sa nature : clocher-porche ou tour de croisée. Entre 1064 et 1083, le doyen Richo conduit la réfection du toit et la consolidation d'un mur qui est doublé. Enfin, l'église désormais nommée « cathédrale » est décorée d'autres mosaïques (sur le sol de l'abside) et de plaques de marbre (sur les bancs du clergé) par l'archevêque Gaucerand.

Construction de la cathédrale actuelle

Plan du complexe épiscopal mérovingien.

La cathédrale actuelle s'élève sur l'emplacement de l'ancien complexe épiscopal d'époque mérovingienne dont les historiens modernes ont pu se faire une idée assez précise grâce aux écrits de Sidoine Apollinaire et aux fouilles menées sur le site lui-même.

L'emplacement de l'édifice : une source de conflits

Un conflit entre l'archevêque et le chapitre éclate au moment de la construction de la nouvelle cathédrale : les chanoines ont élu comme archevêque Dreux de Beauvoir, clunisien. Le pape Alexandre III impose alors à Lyon un cistercien, Guichard de Pontigny. Tout oppose les deux hommes : l'un est rallié à l'empereur et à l'antipape Victor IV, l'autre est l'homme du pape ; le premier aime le faste et la liturgie pompeuse de Cluny, l'autre l'austérité bernardine ; Dreux est issu du chapitre lyonnais et fait tout pour le favoriser, Guichard est au contraire envoyé par le pontife pour réformer le chapitre et lui redonner une simplicité plus proche de sa vocation initiale.

L'extension programmée de la cathédrale doit logiquement se faire à l'ouest, du côté de la colline, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, le terrain du côté de la Saône, à l'est, est en pente descendante vers la rivière et ne se prête guère à l'établissement d'une vaste plateforme qu'il faut nécessairement remblayer. Plus grave, ce terrain oriental n'est composé que d'alluvions déposées par la rivière le long du mur de protection construit au IVe siècle, et accumulées là depuis huit cents ans ; c'est donc un terrain sans assise rocheuse et peu stable. Ensuite, ces terres ne sont pas entièrement vierges, car elles sont empruntées par une voie de communication nord-sud, qu'un bâtiment plus vaste couperait.</ref>. Enfin, le déplacement vers l'est entraîne celui du sanctuaire, dont l'emplacement est généralement fixé à demeure dans une église catholique, même en cas de reconstruction. Mais le chapitre s'oppose à cette extension prévue à l'ouest par Guichard. Si les raisons officieuses sont évidentes (conflit ouvert du chapitre avec un archevêque qui déplaît), elles ne peuvent être officiellement déclarées. Un atrium gallo-romain est situé sous l'actuel parvis. Cette cour à portique, dont restait au XIIe siècle la galerie orientale, passe alors pour avoir eu à l'époque paléo-chrétienne une fonction funéraire. Les chanoines, se fondant sur cette présence de tombeaux chrétiens, avaient choisi de se faire enterrer là. Ils décrètent en conséquence qu'il est impossible de construire la nouvelle cathédrale plus à l'ouest.

Par ailleurs, Guichard se soumet à l'étiquette en acceptant la construction d'un édifice somptueux, richement décoré, ainsi que l'exige sa position d'archevêque d'un diocèse aussi important. Mais, fidèle à son idéal cistercien de simplicité et de pauvreté, et sur le modèle de ce qu'avait conseillé Saint Bernard à Eugène III, il se fait aménager une pièce, qu'il appelle « chambre cistercienne », où il retrouve le dépouillement qu'il a connu durant sa vie monacale.

La construction du chevet, prouesse technique et difficultés

Gravure de Nicolas Langlois, montrant Lyon à la fin du XVIIe siècle. La très faible distance entre le chevet de la cathédrale et la Saône y est bien visible. Coll. Musées Gadagne.

Guichard accepte donc le déplacement du chantier et ses nouveaux impératifs techniques : le chevet de la nouvelle église est situé à une vingtaine de mètres plus à l'est que l'ancien. Juridiquement, par contre, ce décalage ne présente aucune difficulté : en effet, les terrains gagnés sur le fleuve, nommés « créments » ou « lônes », relèvent juridiquement de la puissance publique. Or celle-ci est représentée par l'archevêque, en vertu de la bulle d'or de 1157. En 1175, l'opération de renforcement de la berge, très coûteuse, est lancée : il s'agit de renforcer le terrain instable par des pieux plantés dans les alluvions, afin d’accueillir le nouveau chevet.

La construction de la nouvelle cathédrale est un chantier complexe : en effet, elle doit être effectuée tout en maintenant en permanence le culte dans la cathédrale existante. Au fur et à mesure, l'ancien édifice est donc déposé pendant que le nouveau est élevé sur le même emplacement (ce qui est appelé chantier homotopique). Le processus est à ses débuts facilité par la largeur de la nouvelle cathédrale, qui englobe complètement l'ancienne. Dans un second temps, lorsqu'il s'agit d'élever les colonnes supportant la structure, et notamment dans la nef, en revanche, la cathédrale présente durant le chantier un aspect hybride, résultant de la juxtaposition des deux bâtiments sur un seul site. La cathédrale en chantier, malgré son inachèvement, accueille toutefois le premier et le deuxième concile de Lyon en 1245 et 1274, le couronnement de Jean XXII en 1316 ; entre 1244 et 1251, elle est l'église du pape (alors Innocent IV), qui demeure à Lyon durant près de sept ans.

La construction de la cathédrale, d'ailleurs, est ralentie pour partie par le manque de ressources, mais aussi pour partie par ce conflit latent entre archevêché et chapitre, et dure tout le XIIIe siècle. Par exemple, la tour nord du transept, dite « Saint-Thomas » est construite en priorité, car les chanoines ont besoin des cloches qu'elle abrite pour marquer leurs temps de prière quotidiens. Aussi les chanoines pèsent de leur influence et de leur financement pour qu'elle soit bâtie dès l'épiscopat de Pierre de Savoie (1308-1322). La tour sud, dite « de la Madeleine », privée de ce financement et de cette réclamation, n'est terminée qu'un siècle plus tard, et elle ne comporte pas de cloche. Les documents d'époque nomment cette pierre « chaon », pris directement sur les édifices romains (en particulier le forum, le théâtre et l'odéon) et descendus de la colline de Fourvière par la montée du Gourguillon.</ref> constituent le chœur et le chevet de la cathédrale, est employée : il s'agit d'un calcaire de dureté moyenne, mais qui durcit avec le temps. Ces pierres sont chargées près d'Anse sur des bateaux qui descendaient la Saône et déchargeaient au sud du cloître cathédral. Quelques zones présentent des pierres provenant de carrières plus méridionales, tirées des ruines romaines ; et, plus rarement encore, quelques pierres dorées sont incorporées au bâti. Dans certains autres cas, les pierres de l'église de Leidrade sont utilisées pour la construction de la manécanterie.

Aux débuts de la construction, c'est un édifice roman qui est envisagé par Guichard de Pontigny. En conséquence, le choin est poli et non taillé, technique appréciée dans l'architecture romane mais considérée comme obsolète à l'époque du gothique. Ces pierres sont utilisées dans le chœur jusqu'au niveau du triforium, mais dans le transept et les murs gouttereaux des premières travées des bas-côtés, seulement jusqu'à une hauteur de quatre mètres. Les quatre piliers d'angle de la croisée du transept sont en choin jusqu'au niveau du clair-étage.

Le passage du roman au gothique

Coupe longitudinale dressée par Tony Desjardins montrant l'intérieur de la primatiale. Les différentes époques, du chœur vers la façade, c'est-à-dire de gauche vers la droite, y sont bien visibles.

Si le premier archevêque (Guichard de Pontigny) qui mène le chantier a prévu un édifice roman, ses successeurs Jean Belles-mains et Renaud de Forez décident de construire un édifice gothique. Le premier s'inspire des modèles poitevins et angevins, le second des cathédrales gothiques de Genève et de Lausanne. La future cathédrale Saint-Jean s'adapte donc en cours de réalisation. Au moment de la transition, le sanctuaire est élevé, mais pas encore voûté, sauf les chapelles latérales du chœur. En effet, les constructeurs de l'édifice roman ont procédé par étapes : élevant les murs du sanctuaire jusqu'à la hauteur des premières baies, ils abandonnent ensuite cette partie de l'église pour travailler sur la chapelle méridionale du chœur, bâtie jusqu'à la voûte ; ensuite, c'est le tour de la chapelle septentrionale d'être réalisée. Il semblerait que la raison de ces changements ne soit pas d'abord constructive (attendre que le jeu des éléments s'atténue par tassement pour stabiliser la construction) mais plutôt liturgique, la chapelle du sud ayant une importance particulière.

L'ancien évêque de Poitiers Jean Belles-mains préside aux travaux de voûtement des chapelles ainsi qu'à la mise en place de la galerie du triforium, toujours de style roman, qui passe au-dessus de l'abside, du chœur et des deux chapelles adjacentes. C'est alors que sont déployées les premières croisées d'ogives et que le choin fait place à la pierre de Lucenay : l'ogive est déployée pour la première fois dans les chapelles, mais la technique n'en est pas encore maîtrisée : les voûtains ne s'appuient pas sur les ogives, celles-ci traversent la maçonnerie et dépassent dans les combles. Une des hypothèses justifiant ces procédés de construction mal maîtrisés serait que Jean, évêque de Poitiers, aurait amené avec lui lors de sa nomination à Lyon des artisans et maîtres ayant l'habitude de travailler selon les procédés en vigueur en Poitou et en Anjou. Or, la cathédrale de Poitiers est de style gothique angevin, très éloigné des standards alors développé en Île-de-France, où les ogives sont portantes et non bombées.

Au moment du basculement au style gothique, la cathédrale est un bâtiment composite, comprenant une large abside romane, encore non voûtée, des chapelles voûtées en ogives selon une technique encore immature, et une petite nef carolingienne datant de Leidrade, entourée des bases de colonnes des premières (à l'ouest) et dernières (à l'est) travées de la nouvelle nef. Il est facile de dater quels travaux sont effectués en premier, la production des divers éléments concernés étant en effet facile à rapprocher de ce qui se fait dans les deux modèles imités (Genève et Lausanne). Le premier chantier est la couverture complète du sanctuaire, afin de le mettre hors d'eau pour que le culte puisse y être célébré. Concomitamment, les murs fermant, au sud et au nord, les collatéraux sont élevés jusqu'au triforium. Les colonnes supportant la nef centrale, pour leur part, s'élèvent beaucoup plus lentement, la proximité de l'ancienne église gênant leur construction.

Plan, dressé en 1936 par l'architecte Gabriel Mortamet, représentant le chœur de la primatiale, surimposé au plan de l'ancienne basilique.

Dans un second temps, les piliers amenés à supporter la voûte centrale sont élevés, à commencer par les travées les plus proches du chœur. Les chapiteaux cessent de ressembler aux modèles helvétiques pour prendre des formes inspirées de ce qui est réalisé dans le Bassin parisien vers 1240. Le chœur, à l'inverse de ce qui est observable au Mans, est plus bas que la nef, ce que l'architecte compense en réalisant une rosace donnant de la croisée du transept vers l'est, au-dessus du chœur. Le chantier est mené en parallèle depuis le chœur et depuis la façade. C'est à cette époque que la nef acquiert sa forme caractéristique, du fait de ce double chantier : un décalage apparaît, ce qui oblige les constructeurs à le compenser par une double brisure de l'axe de l'édifice ; cette déviation est encore visible aujourd'hui, surtout dans le triforium beaucoup plus étroit. Dès le XIIIe siècle, des explications exégétiques (notamment de Guillaume de Mende) viennent donner un sens symbolique à cet incident de construction : la double brisure de l'axe évoquerait l'inclinaison de la tête du Christ sur la croix, telle que le rapporte l'Évangile selon Jean. Ces explications, pour intéressantes qu'elles soient sur un plan symbolique, ne justifient pas sur un plan technique cette brisure, qui n'est imputable qu'à une erreur initiale d'alignement.

La construction s'étageant sur trois cents ans, de nombreux changements de maître d'œuvre ont lieu. Malheureusement, la plupart ne nous sont pas connus. En revanche, leur nombre et l'endroit où ils ont dirigé le chantier peuvent être déterminés avec précision. Ainsi, il est probable que plusieurs architectes ont travaillé sur le projet roman de Guichard de Pontigny, dans l'abside, le chœur et les chapelles latérales à ce dernier. Enfin, le seul dont le nom nous soit parvenu, Jacques de Beaujeu, réalise les premières travées de la nef et conduit l'exécution de la façade.

Ces apports permettent, dans un premier temps, de bâtir la rosace sud du transept (1235-1240) et celle du nord (1240-1250).

Le déploiement du gothique flamboyant

Les chapelles funéraires latérales sont bâties durant le XVe siècle. Celles s'ouvrant sur le bas-côté méridional sont, depuis la plus orientale vers la plus occidentale : la chapelle saint Raphaël (construite avec le soutien du doyen Claude de Feugère en 1494 et remaniée au XVIIIe siècle), celle du Saint-Sépulcre, d'une longueur de deux travées du collatéral, élevée par l'archevêque Philippe de Thurey en 1401 ; enfin celle des Bourbons, de style gothique flamboyant, également longue de deux travées. Cette dernière est élevée par le cardinal Charles II de Bourbon et est conçue comme une chapelle funéraire à l'intention de sa famille. Les travaux, commencés en 1480, s'achèvent au début du siècle suivant, menés par le cardinal puis par son frère le duc Pierre II de Bourbon.

Du côté septentrional, les chapelles sont, d'est en ouest : celle de l'Annonciade, bâtie en 1496 par le custode Pierre de Semur ; la chapelle saint Michel, financée par le custode Jean de Grôlée en 1448 et longue d'une travée et demie ; enfin, la chapelle dédiée aux saints Jean-Baptiste, Austregille et Denis.

La période classique, des guerres de religions à la Révolution

Statues décapitées en 1562, lors des guerres de religion.

Les guerres de Religion : dégâts et reconstructions

En 1562, durant les guerres de religion, la cathédrale est dévastée par les troupes calvinistes du baron des Adrets. Le jubé est abattu, de nombreuses statues détruites, particulièrement sur la façade occidentale.

Les aménagements et restaurations durant l'absolutisme

C'est aussi durant cette période que sont construites les deux dernières chapelles du côté septentrional : celle de Notre-Dame et celle de saint Antoine. D'importants travaux de consolidations sont également menés par les chanoines, nécessités par des infiltrations venues de la galerie extérieure et qui menacent la partie inférieure de la façade. En effet, la particularité de la façade de Saint-Jean est de comporter une galerie, située juste au-dessus des trois portails, large d'environ un mètre et demi et parcourant la totalité de la construction. Cette galerie s'appuie sur un mur inférieur épais de trois mètres, dont l'étanchéité n'est alors assurée que par des dalles de pierres légèrement inclinées, jointoyées avec un ciment artisanal et peu étanche. Les infiltrations d'eau qui se produisent immanquablement provoquent fissures et descellements. Le 23 novembre 1697, les chanoines confient la restauration et la sécurisation de la façade à l'architecte autoproclamé Jean Saquin, qui s'offre le concours d'Hodet et Dondain, sous la direction de Chavagny. Leurs efforts sont insuffisants et, en 1706, le chapitre fait appel à Jean de la Monce. Celui-ci préconise une réfection totale en deux tranches, tout en respectant le style gothique, considération très rare à l'époque : « la reconstruction se fera tout à neuf lesdits plafonds frizes architraves seront profilés suivant son ordre gothique et tels qu'ils sont actuellement avec sculpture et ornement ».

Au milieu du XVIIIe siècle, un autre grand chantier est mené à l'intérieur de l'édifice : le blanchiment de toutes les surfaces, que des siècles de combustion de cierges ont noircies. Les deux tiers de ce blanchiment sont assumés financièrement par l'archevêque. L'opération de ravalement est confiée à des blanchisseurs italiens ou savoyards d'origine italienne, qui se sont spécialisés dans ce type d'opération. Le brossage de la suie est effectué avec des balais de « petit houx », sans endommager ni les statues ni les vitraux. Dans un second temps, le cahier des charges des chanoines précise que « les lunettes [voûtains situés entre les nervures] seront blanchies en couleur de pierre neuve en donnant aussi une couleur un peu plus foncée aux arêtes ou liernes des voûtes. De plus, feront revivre la dorure tant des clefs desdites voûtes que des autres endroits ». En bref, les chanoines commandent une restauration à l'identique de la cathédrale médiévale.

Un autre « chantier » du XVIIIe siècle consiste en l'achèvement de l'œuvre de destruction entamée par le baron des Adrets : les tympans des portails principaux sont systématiquement martelés afin d'ôter de la façade ses vestiges jugés moyenâgeux. Par ailleurs, la statue de la Vierge ornant le pignon de la façade principale est enlevée (actuellement située dans la chapelle Saint-Raphaël) et remplacée par une copie.

Pendant le siège de Lyon, en 1793, la cathédrale est endommagée ; elle est ensuite utilisée comme temple du Culte de la Raison et de l'Être suprême. Elle est surtout fortement délaissée et se dégrade rapidement. Des premiers travaux sont réalisés sous l'Empire, en particulier pour préparer le passage de Pie VII venant assister au sacre de Napoléon. Ces premiers travaux, terminés en novembre 1804, sont exécutés sous la direction de Toussaint-Noël Loyer, puis de Claude-Ennemond Cochet et de Louis Flachéron. Ils consistent en la réfection du pavé des trois nefs, la construction d'un nouvel autel, l'installation de stalles et de grilles, venant les unes et les autres de l'abbaye de Cluny détruite par les révolutionnaires.

Lors de la signature du Concordat en 1801, la cathédrale est en très mauvais état : les verrières ont pour la plupart disparu, l'étanchéité de la couverture est déficiente, l'eau pénètre par les baies et la voûte, les sculptures du portail sont délabrées ; enfin, le groupe cathédral est privé des églises Saint-Étienne et Sainte-Croix, démolies. Le palais archiépiscopal est de même en piteux état, en particulier en ce qui concerne les toitures. L'état du bâtiment est si mauvais que Saint-Nizier est provisoirement utilisée comme cathédrale. Le culte est rétabli dans la cathédrale le 6 juin 1802, jour de la Pentecôte.

En parallèle, d'importants travaux sont réalisés sur les berges de la Saône : la densification de l'espace pousse dans un premier temps les Lyonnais à bâtir de plus en plus près de la rivière, jusqu'à la construction de maisons « pieds dans l'eau ». Dans un second temps, les crues catastrophiques de la rivière poussent les autorités à bâtir des quais dont la fonction cumule l'endiguement de la rivière et la stabilisation de la rive. C'est ce chantier de dégagement du bâti et de construction d'espace public qui est entrepris durant la Restauration.

Le second chantier lancé par Chenavard, en septembre 1836, est la restauration des vitraux du chœur, réclamée depuis 1824 par l'administrateur apostolique Jean-Paul-Gaston de Pins. Il envisage la réfection des sept fenêtres basses (sous le triforium), et la reprise des fenêtres hautes. C'est cette dernière qui pose problème, ainsi que le remplacement des vitraux de la rosace orientale (située au-dessus de la croisée du transept). Même si l'architecte affirme faire des copies exactes des vitraux endommagés, et ne remplacer les verrières manquantes par de nouveaux ouvrages qu'avec la plus grande prudence, sa proposition suscite méfiance. Ainsi, le ministre des Cultes écrit-il : « on pourrait croire que M. Chenavard n'attache pas plus de prix à ces anciennes verrières qu'à des panneaux de verre blanc ». À la suite de ce courrier, les travaux sur les vitraux sont aussitôt ajournés.

La chaire réalisée par Antoine Chenavard.

En avril 1838, l'architecte entreprend, sans autorisation, les badigeonnages des voûtes des nefs. Un enduit de couleur rouge avait été appliqué à la fin du XVIIIe siècle sur les voûtes, nervures et encadrements des fenêtres hautes. L'intention d'Antoine Chenavard est de le faire disparaître, tout en masquant des taches de salpêtre et en colmatant des lézardes. Mais la teinte jaune qu'il choisit suscite la réprobation générale, et l'administration fait immédiatement cesser les travaux. Le cardinal de Bonald, nommé évêque de Lyon en 1839, grand amateur de l'architecture médiévale et fervent partisan du néogothique, préconise le limogeage de Chenavard et son remplacement par Pierre Bossan, en invoquant l'agenda chargé de l'architecte diocésain ; le préfet du Rhône accède à son désir le 9 mars 1842 et démet Chenavard du chantier de l'édifice, ce qui entraîne sa démission le jour même. Le seul chantier dont la cathédrale actuelle garde le souvenir visible est la chaire, réalisée en 1839, et dont le style oscille entre gothique flamboyant et Renaissance,.

Tout l'échec de la restauration de la cathédrale en cette première moitié du XIXe siècle n'est pas à mettre sur le compte de Chenavard. Le manque de crédits est, lui aussi, criant. La réfection totale des toitures du comble est ainsi reportée indéfiniment, ainsi que celle de la couverture de l'abside. À résumer les actions de cette période, elle consiste surtout à effacer les traces du XVIIIe siècle, sans pour autant restituer à la cathédrale son aspect pré-révolutionnaire : le jubé, par exemple, n'est jamais reconstruit ; Tony Desjardins devient le nouvel architecte diocésain (et, à partir de 1854, l'architecte en chef de la ville de Lyon). Un premier devis pour une restauration générale est accepté par le conseil des bâtiments civils le 6 août 1846 ; un second document, émis le 12 janvier 1847, propose le phasage des travaux en deux tranches : le chœur et les chapelles latérales. En outre, une seconde statue du pignon, celle de l'archange Gabriel, est ôtée et remplacée par une copie,. En 1879, de nouvelles grilles sont installées devant la façade principale, puis devant les chapelles latérales. Le 13 juin 1881, la restauration de la partie supérieure de la façade, proposée par l'architecte Paul Abadie est approuvée, pour un devis de 56 863,25 francs ; ce dernier en profite pour toiletter les deux tours occidentales, ainsi que la grande rosace de la façade. Mais en 1887, les crédits étant épuisés, les travaux s'arrêtent.

La réfection de la galerie extérieure est entreprise en 1890, par Paul, fils de Tony Desjardins, travaux poursuivis entre 1894 et 1896 par Henri Révoil. Ce dernier, de son côté, insiste auprès de l'archevêché pour poursuivre la restauration de la façade, travaux qui débutent en 1888. Il poursuit ce chantier par un travail sur le porche et le parvis en 1896 ; en 1897, il plaide pour la restauration de la tour sud ; entre 1901 et 1905, il conduit la nouvelle couverture d'ardoise de la nef.

Le chœur est restauré dans sa disposition médiévale entre 1935 et 1936, sur proposition de la commission des Monuments Historiques, après deux années de négociation auprès des autorités diocésaines. Le siège épiscopal est ôté et transporté dans la chapelle des Bourbons ; le massif plancher couvrant le sol du chœur est retiré. Lors de ces travaux très lourds, des fouilles sont effectuées sous le transept ; elles exhument les fondations de l'ancienne basilique. Un des buts avoués de ces fouilles est la tentative faite de retrouver les restes de l'ancien chapitre, la chaire d'Innocent IV, mais surtout la tête de saint Irénée. De ce point de vue, les fouilles sont un échec complet. Les restes retrouvés sont des fragments de mosaïque et les gradins circulaires du presbyterium. Un nouveau dallage est posé et l'autel est rétabli dans sa configuration d'avant 1789.

Durant ce siècle, la toiture de la nef continue de faire polémique : l'architecte Jean Gélis, ayant restauré la tour de la Madeleine entre 1931 et 1938, dégagé le bas-côté sud et remis à neuf la rosace en 1936, propose en décembre 1937 au préfet du Rhône le remplacement des ardoises par des tuiles, surtout dans un but d'harmonisation : « il y a lieu de regretter cette toiture, dont les dimensions et la couverture en ardoises font tache au milieu d'un des plus beaux paysages de Lyon, composé de toitures basses à lignes horizontales... ». Il se trouve que le faîtage est en mauvais état ; se fondant sur cette dégradation, Gélis peut faire démolir le comble en 1940 et le reconstruire suivant l'ancienne pente entre 1941 et 1942.

La statue de Dieu le Père ornant le pignon de la façade principale est à son tour enlevée, exposée dans la chapelle Saint-Raphaël et remplacée par une copie. L'explosion de ce dernier met à mal de nombreux édifices. En particulier, toutes les verrières de Saint-Jean sont plus ou moins endommagées. Fort heureusement, la plupart des vitraux anciens avaient été ôtés, mis en caisses et placés dans les caves du château de Bagnols, dans le Beaujolais. Ne sont ainsi détruits que les vitraux à motifs géométriques, placés dans les grandes fenêtres de la nef, les vitraux imagés de la fin du XIXe siècle situés dans les chapelles latérales (entre autres plusieurs vitraux de Lucien Bégule), ainsi que les meneaux en pierre de deux chapelles situées du côté méridional de la nef. Le choix fait de protéger les vitraux est en tout cas judicieux, car les planches obstruant les fenêtres sont totalement arrachées par l'explosion ; même les portes et la toiture sont abîmées.

La remise en état de l'édifice est particulièrement longue. Il faut l'intervention énergique du cardinal Gerlier pour que le sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts accepte de lancer des travaux, prévus pour être exécutés en deux temps : la réparation des baies hautes, prévue pour durer quelques mois, et la création d'un nouvel ensemble pour les chapelles latérales et les bas-côtés, lancé en 1956 par André Donzet, architecte en chef des Monuments Historiques du Rhône. Le programme de vitraux s'accorde avec la dédicace particulière de chaque chapelle, à l'exception de la chapelle des Bourbons, où les nouvelles verrières doivent mettre en scène les deux premiers évêques de Lyon.

Les années 1970

carton de l'un des vitraux réalisés dans la cathédrale au XIXe siècle par Lucien Bégule. À droite, photographie de la même verrière, où l'un des vitraux non-figuratifs réalisés par Jean-Jacques Grüber remplace le vitrail précédent, détruit en 1944.]]

Les travaux de création et de mise en place des nouveaux vitraux prennent beaucoup de retard. Alors que les réparations de la tour nord et de la couverture sont en cours en 1963, celles des verrières sont encore en suspens. Cinq baies sont réalisées en 1969 et 1970 dans les ateliers de Jean-Jacques Grüber, d'après les dessins de sa fille Jeanette Weiss-Grüber. En 1973, le cardinal Renard fait remarquer que nombre de traces de la guerre sont encore visibles sur la cathédrale, et en particulier qu'en de nombreux endroits des planches disjointes tiennent lieu de fermeture des baies à la place des vitraux non encore remplacés. Il fait le vœu de profiter des commémorations prévues pour le septième centenaire du deuxième concile de Lyon pour rafraîchir la primatiale. C'est également à cette date que Jean-Gabriel Mortamet devient architecte en chef des Monuments historiques. En 1974, deux verrières, dessinées par Charles Marq, sortent de l'atelier de Jacques Simon et viennent enrichir la chapelle des Bourbons. En 1975, Mortamet lance le chantier de nettoyage des façades de l'édifice, ainsi que celui de la restauration des tours sud et la reprise des maçonneries de la tour nord.

Depuis le 12 mai 1964, André Malraux avait créé dans le Vieux Lyon le premier secteur sauvegardé de France ; cet acte mettait un frein aux divers travaux de rénovation urbaine lourde prévus dans le secteur, dont les plus radicaux impliquaient le passage d'une bretelle d'autoroute à travers le quartier (le projet « Navigation »). À la suite de cette protection inédite, de nombreux projets voient le jour pour redorer l'image du quartier. L'un d'entre eux correspond au dégagement de la partie nord de la primatiale, à la faveur de l'agrandissement du palais de justice (finalement non réalisé). L'architecte des Bâtiments de France lance alors une étude visant au dégagement des vestiges de Sainte-Croix par la démolition des immeubles situés rue de la Bombarde. De 1972 à 1977, sept campagnes de fouilles sont menées sous les immeubles détruits ou en voie de l'être ; en parallèle, trois sondages sont réalisés dans l'abside de Saint-Jean, et un à l'extérieur ; les trouvailles faites permettent la reconstitution et la datation des édifices successifs du groupe épiscopal, ainsi que du mur jouxtant la Saône. Le choix est fait de mettre en valeur les restes de deux petites églises du groupe cathédral en les insérant dans le jardin archéologique Girard Desargues.

Les années 1980

Le chevet de la cathédrale, principal centre d'activité des chantiers de restauration de la fin des années 1980.

À partir de 1977, l'État s'investit en lançant des campagnes de nettoyage des façades, en commençant par le bas-côté septentrional. Un financement spécial est proposé par le premier ministre (et futur maire de Lyon) Raymond Barre. Les travaux se déroulent de 1980 à 1982, à la suite de quoi le chantier s'attaque aux deux tours côté Saône ; à l'occasion de la pose des échafaudages en vue du blanchiment des pierres, d'autres équipes sont dépêchées sur place pour nettoyer et restaurer les vitraux des bas-côtés.

En 1981, le conservateur régional des monuments historiques coupe la ville de Lyon en deux circonscriptions distinctes. Jean-Gabriel Mortamet reste chargé de la fin de la restauration de la façade occidentale, puis Didier Repellin lui succède en 1982. À l'occasion de la visite de Jean-Paul II à Lyon du 4 au 7 octobre 1986, d'autres travaux sont effectués dans la cathédrale. En particulier, l'éclairage est revu. Les lustres de Paul Desjardins avaient été remplacés par des suspensions hémisphériques en acier galvanisé ; les années 1980 voient



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