Site archéologique de Volubilis

Volubilis est une ville antique berbère puis romanisée, capitale du royaume de Maurétanie , située au Maroc, sur les bords de l'oued Rhoumane, rivière de la banlieue de Meknès, non loin de la ville sainte de Moulay Idriss Zerhoun où repose Idriss Ier.

Le site archéologique de Volubilis est situé sur la commune rurale de Oualili, qui dépend de la préfecture de Meknès et de la région de Fès-Meknès.

Partiellement découverte de nos jours, la cité antique éclot à partir du IIIe siècle av. J.-C. en tant qu'établissement punique et se développe rapidement à partir du moment où elle entre dans le giron romain, pour dépasser une superficie de 40 hectares.

La parure monumentale de la ville se développe particulièrement au IIe siècle, à la suite de l'enrichissement économique de la région. Située dans une région aux riches potentialités agricoles, cette ville vivait du commerce de l'huile d'olive. On retrouve dans ses ruines de nombreux pressoirs à huile. Cet enrichissement se traduit également dans l'architecture privée par la construction de vastes villas pourvues de belles mosaïques.

La région, jugée indéfendable, est abandonnée par les autorités impériales romaines en 285. La ville, communauté urbaine christianisée puis cité musulmane, continue d'être habitée pendant sept siècles. La dynastie idrisside, considérée comme fondatrice du Maroc, y est fondée au VIIIe siècle. Au XIe siècle le site est abandonné et la population est transférée à 5 km de là, vers la cité de Moulay Idriss Zerhoun.

La ville ne subit pas de dégradations conséquentes semble-t-il jusqu'à un tremblement de terre au milieu du XVIIIe siècle. Par la suite les ruines sont utilisées en particulier pour les constructions de Meknès.

Identifié tardivement au XIXe siècle, le site fait partie du patrimoine protégé du Maroc depuis 1921. Le site fait l'objet de fouilles archéologiques depuis le début du XXe siècle et la moitié en est dégagée à ce jour. La qualité des trouvailles et du site a abouti à son classement sur la liste du patrimoine mondial par l'UNESCO. « Exemple éminent d'un ensemble architectural illustrant l'organisation de l'administration punique, pré-romaine et romaine en Afrique, [Volubilis] est aussi le lieu de permanence des sociétés qui ont habité le Maghreb extrême ».

Géographie, géologie et toponymie

L'origine du nom de la ville, « très controversée » viendrait du latin volubilis signifiant « qui a un mouvement giratoire, qui tourne » selon Félix Gaffiot. Son nom berbère est Walili, Oualili, ou Walila qui désigne la fleur de liseron ou le laurier-rose, particulièrement abondant aux abords de l'oued Khoumane. La ville est relativement peu mentionnée dans les sources antiques et médiévales.

Le site, dénommé Ksar Faraoun en arabe, se trouve à 60 km environ de Fès, 30 km environ de Meknès et à 3 km de Moulay Idriss, et est proche d'un massif rocheux, dominé par le Zerhoun, haut de 1 025 m, et haut à proximité de la ville de 500 à 800 m dont le grès et le calcaire ont fourni des matériaux de construction. Le sol est en outre riche en marnes utilisées pour la poterie et les constructions en briques crues. La ville elle-même se trouve à environ 390 m d'altitude, sur un plateau situé en surplomb de 60 m du plateau d'El Gaada. Les versants du Zerhoun sont encore utilisés pour la pâture du bétail mais également pour la culture des céréales, l'implantation de vignes et d'oliveraies.

Plusieurs éléments favorisaient l'installation de communautés humaines à cet emplacement. Tout d'abord, la région a un climat méditerranéen et bénéficie de pluies abondantes qui s'ajoutent aux sources pour assurer une disponibilité suffisante à une communauté urbaine de « plusieurs milliers d'habitants »,. Puis, le site est également facile à défendre, à proximité du Zerhoun. Dernier élément, le territoire de la future cité et ses abords immédiats sont particulièrement favorables à l'agriculture. La plaine dans laquelle est située la cité est très fertile et les oliviers en constituent encore un élément caractéristique du paysage. La diversité des sols permet la culture de légumes, de légumineuses, de vergers, de vignes ; cependant les cultures essentiellement pratiquées dans l'antiquité étaient celles du blé, de l'orge, et de l'olivier. L'exploration archéologique de l'arrière-pays volubilitain a permis de lister 325 sites antiques, sur une zone de 30 km de long sur environ 40 km de large.

Histoire

Des origines à l'annexion par Rome

Des origines aux guerres puniques

Le site de Volubilis, avec « toutes les caractéristiques d'un refuge naturel, du type de l'éperon barré » est occupé dès le Néolithique, mais il nait en tant qu'entité urbaine à l'époque maurétanienne, où l'entité joue le rôle de capitale du Royaume de Maurétanie, aux IVe siècle av. J.-C.-IIIe siècle av. J.-C. et se développe surtout au IIe siècle av. J.-C. Les vestiges les plus anciens, essentiellement haches polies, meules et également polissoirs, sont rares et trouvés hors contexte. Des fouilles archéologiques entreprises sous le quartier sud de la ville pourraient apporter la preuve d'une installation néolithique.

Les Phéniciens puis les Puniques fréquentent très précocement les côtes africaines à partir du Ier millénaire et leur civilisation pénètre l'intérieur des terres à partir de comptoirs, dont Lixus et Tanger. Les Puniques de Carthage fréquentent la zone géographique à partir du IVe siècle : avec les échanges commerciaux la langue et les institutions puniques pénètrent dans l'actuel Maroc. Quatre inscriptions en langue punique ou néo-punique ont été découvertes sur le site, malheureusement fragmentaires. Au nord du Maroc actuel, le royaume indigène de Maurétanie se développe même si les frontières en sont encore floues.

La région est influencée par la civilisation grecque au travers de la diffusion des objets. Cette influence grecque passe d'abord par Carthage avant d'être le fait de Grecs présents à la cour numide.

Les techniques de constructions et les artefacts retrouvés soulignent cette même influence. Cependant la cité, comme la Maurétanie, combat Carthage aux côtés de Massinissa, allié des Romains. Dans les guerres puniques, les rois maurétaniens jouent « un jeu complexe d'alliances et de retournements ». Baga s'allie à Massinissa contre Carthage.

Une cité d'un royaume allié de Rome

Le royaume maurétanien est unifié après la chute de Carthage en 146 av. J.-C. à l'issue de la Troisième guerre punique. Le roi Bocchus, à la charnière du IIe et du Ier siècle, est également par la suite un allié de Rome contre Jugurtha, « dernière tentative d'un prince numide d'échapper à l'emprise romaine en Afrique ». La Maurétanie de Bocchus s'étend vers l'est du fait de l'intégration d'une partie du royaume de Jugurtha.

Les fils de Bocchus Ier, Bogud et Bocchus, se partagent le royaume de leur père. Alliés tous deux de Jules César, ils prennent des partis différents après les Ides de mars et sont donc partie prenante à la guerre civile romaine. Bogud, allié de Marc Antoine, est tué en 38 et le royaume de Maurétanie est réunifié. À la mort de Bocchus II en 33 av. J.-C., le royaume sans souverain est administré par Rome qui installe des vétérans dans les colonies de Tingis, Banasa, Zilil et Baba.

Le roi de Numidie Juba Ier met fin à ses jours et son fils futur Juba II est emmené à Rome et y est élevé au sein de la cour. Il y reçoit « une éducation gréco-romaine très complète » et devient un des grands savants de son temps, écrivant en grec ancien. Il est en 19 av. J.-C. marié à Cléopâtre Séléné et sa capitale était Iol, actuelle Cherchell, « creuset où se mêlaient les cultures indigène, punique, grecque et romaine ». Ce couple se devait de « représenter fidèlement les valeurs de Rome, à les propager et à s'en faire les garants ». Le mode de vie romain se serait développé à partir des couches sociales privilégiées dans les deux siècles de la Paix romaine. La majeure partie de la population reste autochtone.

La langue punique, attestée au IIe siècle av. J.-C., se maintient dans sa composante néo-punique à partir de 100-80 av. J.-C. jusque sous Juba II, roi vassal de Rome et époux de Cléopâtre Séléné placé sur le trône en 25 av. J.-C. par Auguste. Pendant son règne, Jérôme Carcopino (suivi par Prévot et alii) pense que Volubilis fut une résidence royale, mais cette situation ne dura pas et les indices d'une telle qualification sont ténus, avec les œuvres d'art uniques que sont le portrait de Juba ou celui de Caton. Le souverain soutient Rome dans la répression de révoltes numides.

Ptolémée, son fils, lui succéda en 23 ap. J.-C. Le royaume tenu par un « Roi allié et ami de Rome », cette dernière profitait tout à la fois du commerce et de la sécurité pour deux provinces importantes, la Bétique et l'Afrique proconsulaire.

La ville, qualifiée d'oppidum par Pline l'Ancien (au début du livre V de son Histoire Naturelle), se développera sur plus de 10 hectares. Elle fut protégée, sous le règne de Juba II, par une enceinte en brique crue, avec des maisons de même matière à l'intérieur. La cité royale maurétanienne avait peut-être une superficie de 12 hectares. La cité maurétanienne est prospère et le commerce est attesté par les découvertes archéologiques : céramique importée campanienne, amphores italiques Dressel 18, monnaies de Gadès et monnayage local en particulier sous Juba II. La cité est ouverte aux influences extérieures durant cette phase de son histoire, punique puis romaine, ce qui facilita peut-être la romanisation ultérieure. Après l'annexion de la Maurétanie à l'Empire romain, un tumulus fut élevé sur l'angle Nord-Est de l'enceinte. C'est certainement un monument commémoratif érigé à la mémoire des soldats morts au cours de la guerre contre Aedemon. Dès avant la provincialisation de la Maurétanie Tingitane, Volubilis est une cité montrant des traits de romanisation : certains des magistrats comme le fameux Marcus Valerius Severus, portent des noms romains et sont inscrits dans la tribu romaine Galeria,, ce qui indique l'obtention de la citoyenneté romaine.

Volubilis sous le contrôle direct de Rome

Alliée indéfectible de Rome

L'empereur Caligula fait assassiner le roi maurétanien Ptolémée. S'ensuit une révolte contre l'Empire menée par Aedemon, affranchi de Ptolémée. Volubilis se range alors résolument dans le camp des Romains en créant une milice d'auxiliaires qui contribue à l'anéantissement de la révolte. 20 000 hommes, légionnaires et auxiliaires, sont nécessaires pour mater la révolte qui occasionne des destructions comme peuvent en témoigner des traces archéologiques. La révolte se poursuit après la mort d'Aedemon et « l'ancien royaume maurétanien [est] livré à l'anarchie ». L'appui de Volubilis à Rome lui coûte cher et la cité demande à un notable local, Marcus Valerius Severus, de plaider sa cause auprès du nouvel empereur, et d'obtenir une récompense du fait « de leur loyalisme et de leur aide militaire ». Cet appui témoigne d'un processus de romanisation antérieur à la mainmise totale de Rome.

Fin 42 ap. J.-C. ou début 43 ap. J.-C., l'Empire romain annexe le royaume de Maurétanie qui est divisé en Maurétanie Tingitane (avec Tingi comme capitale) à l'ouest et Maurétanie Césarienne à l'est (avec Iol Caesarea comme capitale). La province était gouvernée par un procurateur équestre nommé par l'empereur. Volubilis est récompensée de sa loyauté par l'empereur Claude qui lui attribue en 44 le statut de municipe romain : tous les habitants libres de Volubilis, antérieurement pérégrins, sont désormais des citoyens romains,. La cité obtient sans doute d'autres avantages, en particulier dans le domaine du droit du mariage (statut de citoyen pour enfants avec femmes pérégrines), des successions, et également des avantages fiscaux pendant dix ans.

L'occupation romaine est ténue, les conquérants prenant essentiellement appui sur le réseau urbain hérité de l'époque d'époque punique et des créations coloniales augustéennes. Volubilis devient dans l'Afrique romaine « l'élément le plus avancé du dispositif [faisant] face aux tribus semi-nomades », avec 3 camps associés et des tours, et reliée à la capitale de la Tingitane, Tingi.

Cité prospère intégrée à la romanité

La ville s'enrichit du fait de l'exploitation de son arrière-pays et en particulier de l'oléiculture et du commerce de l'huile bien que située aux marges du monde romain et loin des côtes : la cité volubilitaine est « emblématique [des] cités prospères de l'Afrique romaine ». Le mode de vie romain se diffuse du fait de l'adhésion des élites, qui intègrent les institutions municipales mises en place sur modèle romain et connues par des inscriptions : des décurions, deux duumvirs annuels et deux édiles chargés de missions spécifiques (marchés, jeux, voirie). Ces élites se font bâtir des demeures pourvues de tout le confort de la vie romaine. La romanisation intègre « les fonds punique et berbère ». Autonome, la cité est dirigée par des élites favorisées par le pouvoir romain qui s'attache ainsi leur fidélité.

Ces élites accompagnent le développement de la parure monumentale du cadre urbain, « marques les plus évidentes de la romanisation » : un forum, quatre édifices thermaux publics et des maisons sont construits. Un aqueduc apporte l'eau des sources du Djebel voisin jusqu'à deux fontaines publiques, les thermes et les maisons. Deux puits et une citerne complètent ce réseau. Les maisons se couvrent de toits à double pente en tuiles romaines. Un temple avec ses lieux d'offrandes et de sacrifices se construit sur les pentes du tumulus. En 168-169, la construction est limitée par l'édification d'un rempart avec huit portes, dont la porte de Tanger, et une quarantaine de tours. La superficie de la ville est alors de 42 hectares. Des édifices publics sont agrandis, d'autres sont bâtis. Des maisons richement décorées de mosaïques sont dotées de thermes privés. On trouve de nombreuses installations commerciales et artisanales. Un portique borde le decumanus maximus (voie principale) depuis la porte de Tanger jusqu'au-delà de l'arc de triomphe, dédié à Caracalla pour le remercier d'avoir accordé une remise des arriérés d'impôts à la province, remise connue par l'édit de Banasa.

Ces faveurs garantissent une grande prospérité pour les grandes familles, c'est une période de grands projets architecturaux qui marque l'apogée de la ville au début du IIIe siècle. La population de la ville aurait atteint à son apogée un nombre de 15 000 à 20 000 habitants selon Limane Rebuffat et Drocourt. La cité a compté plus de 10 000 habitants selon Panetier et Limane et jusqu'à 12 000 habitants selon Golvin.

Après l'époque romaine

Cité livrée à elle-même

Les dernières traces d'une activité municipale sont constituées par deux autels et une base de statue dédiée à Probus, empereur dont le règne prend fin en 282. Les deux autels dits de paix sont conservés au musée de site de Volubilis : le premier est daté entre janvier et décembre 140 et date du règne d'Antonin le Pieux ; réalisé sur une pierre de remploi il s'agit d'une dédicace à l'empereur d'un baquate latinisé, Aelius Tuccuda,. Le second est daté du 06 mars 200 et le procurateur évoque Septime Sévère et ses fils, ainsi que deux princes baquates, Ililasen, fils d'Uret,.

Vers 285, après la grave crise du troisième siècle, les autorités impériales romaines -armée et administration- décident d'évacuer la ville et toute la région au sud du Loukkos et de se replier sur Tanger. Cette décision « participe plus d'une stratégie impériale de repli général en Afrique du Nord que d'une aggravation de l'insécurité locale », basée également sur une localisation excentrée ainsi qu'un moindre enjeu économique et stratégique. L'évacuation touche aussi les cités de Banasa et Thamusida. Les circonstances précises restent méconnues. La Tingitane est rattachée administrativement à l'Espagne sous Dioclétien. La province romaine est alors réduite de plus de moitié.

Les habitants, « romanisé[s] mais berbère[s] d'origine », « sont livrés à eux-mêmes ». Le retrait des Romains se traduisit aussi par des changements de mode de vie. L'aqueduc n'était plus correctement entretenu et la ville se déplaça : les habitants abandonnèrent les parties hautes pour se rapprocher de la rivière. Les maisons, d'abord entretenues dans le style romain par des matériaux de remploi, sont peu à peu modifiées. Les institutions municipales tombent peu à peu en désuétude. Des témoins de liens ténus avec l'Empire romain ont été découvertes en fouilles, des monnaies des empereurs Constantin II, Constance II, Gratien et Théodose. L'invasion des Vandales, venus d'Espagne en 429, et débarqués près de Tanger avec leur chef Genséric, marqua la fin de la période romaine. Le latin reste en usage dans la ville au VIIe siècle, jusqu'en 681.

Déclin et fin de la cité

Vers 600, l'habitat se replie progressivement sur la pente ouest, à l'intérieur d'une enceinte construite vers la fin du VIe siècle. Les fortifications sont prolongées du côté de l'oued Khoumane. On construit les nouvelles maisons et le nouveau rempart, dit aussi enceinte tardive, avec des blocs prélevés sur les édifices des autres quartiers. Dans la première moitié du VIIe siècle la zone autour de l'arc devient une nécropole chrétienne,.

En 681, la conquête islamique se répandit dans tout le Maghreb, mais Volubilis va cependant obtenir une certaine indépendance au VIIIe siècle à en juger d'après les monnaies préidrissides. Un quartier est occupé par les nouveaux maîtres du Maghreb au bord de l'oued. Les habitants de la cité se convertissent peu à peu à la religion musulmane, et une monnaie locale est frappée ici de 722 à 789. L'époque islamique a livré des thermes et également des cimetières.

En 789, Idrîs Ier, un descendant de Hasan surnommé Az-Zakî (vertueux) fils aîné d'`Alî et de Fâtima fille de Mahomet, s'enfuit pour échapper aux persécutions abbassides. Il s'installa à Volubilis, peut-être alors dominée par les Awraba, et la ville lui sert de base pour ses expéditions militaires dans le processus de création du royaume idrisside, « signe d'un rayonnement local que n'avait pas éteint l'abandon officiel ». Des monnaies d'argent et de bronze sont frappées là de 789 à 825. Idris Ier est assassiné en 791, « peut-être empoisonné par un émissaire du Khalife Haroun er Rachid, inquiété par cette fulgurante ascension ». Avec la fondation de Fès par Idrîs Ier (789), ou par Idris II en 808, Volubilis perd encore de son importance en abandonnant son rôle de capitale. En 818, Volubilis accueille des Andalous chassés de Cordoue et rescapés d'un massacre. Ceux-ci s'installent en bordure de l'oued Khoumane. Le site continue d'être occupé de façon permanente jusqu'au XIe ou XIIe siècle, jusqu'à l'époque almoravide voire jusqu'au XIVe siècle.

Au XIIe siècle, la ville est en ruines selon Ibn Saïd al Gharnati. Le site est appelé Ksar Pharaoun (château du pharaon) à partir du XIVe siècle. Jean Léon l'Africain l'appelle ainsi en 1550 dans une Description de l'Afrique. La ville romaine sert de carrière pour les matériaux de construction. En effet, durant le règne du « roi bâtisseur » Ismaïl ben Chérif, entre la fin du XVIIe siècle et le début du XVIIIe siècle, tout le marbre et autres piliers encore utilisables dans la ville antique de Volubilis ont été pillés pour les faire transporter à la cité impériale de Meknès.

Redécouverte, fouilles et mise en valeur du site

Des premiers voyageurs à l'identification

Les ruines font l'objet des premières descriptions vers 1720 par le biais de gravures effectuées par des anglais dont le premier est Henry Boyde, prisonnier d'Ismaël du Maroc, qui représente l'arc de triomphe. John Windus représente le même édifice ainsi que la basilique. D'autres représentations sont réalisées en 1830. Ces gravures laissent entendre une dégradation des vestiges du fait du tremblement de terre de 1755.

En 1871, le diplomate et archéologue français Charles Tissot visite le site et y travaille à des relevés. Son collègue Henri de La Martinière y procède à des fouilles et à des relevés en 1888 et en septembre-octobre 1889 dans des conditions de sécurité difficiles du fait de la présence de groupes d'insoumis armés rebelles au sultan et de l'absence dans la région de troupes du « sultan de Fès » susceptibles de la sécuriser. Il collecte de nombreuses inscriptions latines et en rapporte 34 estampages d'inscriptions dont deux grecques et un plan de la ville romaine, ainsi que les premières photos en absolu du site et des monuments de Volubilis,. Le terme Volubilitani de l'inscription de l'arc permet alors d'identifier le site archéologique.

À partir du XXe siècle, exploration archéologique et mise en valeur du site

La cité a été ensuite partiellement fouillée et aménagée à partir de 1915, sous le protectorat français, année qui voit l'installation du Service des Antiquités sur le site de Volubilis : le site de l'arc et de la basilique est dégagé en particulier par l'apport de la main-d'œuvre constituée par des prisonniers allemands. En octobre 1915 la direction des fouilles est confiée à Louis Chatelain, directeur du Service des antiquités du Maroc auquel succède Raymond Thouvenot dans les années 1930. Alors que les premières fouilles s'intéressaient au centre monumental, le second s'intéressa aux fouilles des demeures. Les premières fouilles négligent les structures tardives, les archéologues étant pressés de parvenir aux « ensembles monumentaux et [aux] œuvres d'art ». Avec l'Indépendance, les fouilles sont réalisées par des archéologues marocains et des collaborations étrangères, et s'intéressent au quartier tardif.

Les méthodes de fouilles utilisées lors des fouilles anciennes posent problème pour étudier l'évolution de la cité. En effet, il n'y a pas eu de fouilles stratigraphiques systématiques ce qui pose problème pour l'étude de l'évolution urbaine. De même, les couches les plus récentes ont été négligées lors des fouilles anciennes qui ont souffert d'un « dégagement hâtif », ce qui pose problème pour la connaissance de l'histoire de la cité dans l'antiquité tardive et au Moyen Âge islamique. On rencontre le même problème sur bien d'autres sites fouillés, en particulier à Dougga dans l'actuelle Tunisie.

Aujourd'hui, ce sont 40 hectares de vestiges qui s'étendent au milieu des oliveraies et des champs, les zones fouillées représentent moins de la moitié du site. Selon M. Morel Deledalle la surface fouillée est d'« un dixième de la superficie de son territoire » et est la partie orientale de la ville. Quelques monuments prestigieux ont été restaurés pendant le XXe siècle. Le site est classé le 14 novembre 1921. La qualité de conservation remarquable des mosaïques et l'exceptionnelle préservation du site ont incité le Maroc à proposer le site au classement international en juillet 1995 et l'UNESCO à le classer au patrimoine mondial de l'humanité lors de la session réunie à Naples le 06 décembre 1997,,.

Société et institutions de la cité

Pour la recherche historique l'épigraphie est la « source quasi exclusive d'informations sur la vie municipale et la société ».

Société hiérarchisée et inégalitaire

La majorité de la population était pauvre et diverse, et dans leur grande majorité les Volubilitains étaient autochtones. Il y avait également des Orientaux dans la cité, Grecs d'Asie Mineure, Juifs, Syriens et Arabes. 10% de la population au maximum était d'origine européenne, espagnole surtout mais aussi gauloise, italienne ou balkanique. Cette prédominance de l'élément autochtone peut expliquer la persistance de la cité longtemps après le retrait des autorités impériales. 10% de la population était servile. 488 habitants de la ville sont connus par les inscriptions, dont 417 étaient citoyens, Italiens immigrés ou Maures romanisés.

Le droit de cité et les avantages liés ne concernaient que les urbains et non les populations berbères extérieures à la ville. Les paysans de l'arrière-pays ne sont guère connus, tout comme les tribus berbères dont « il serait tentant d'en faire des réfractaires à la romanisation ». Les classes sociales privilégiées étaient propriétaires et exploitaient les richesses de la cité, le blé et l'olive. Elles avaient accès à un cursus honorum. 6 Volubilitains connus ont intégré l'ordre équestre, un a pour sa part intégré le Sénat de Rome. Leur cadre de vie contenait des produits de luxe importés d'autres régions de l'Empire. Cependant, la population était dans sa grande majorité africaine, comme en témoigne une influence régionale comme le plan des maisons qui reprend un plan africain.

Les documents épigraphiques et les sources littéraires mentionnent certaines tribus berbères semi-nomades. La tribu berbère des Baquates est la plus présente jusqu'à la fin de la présence romaine même si les Berbères sont peu romanisés. Les autels de paix indiquent des relations diplomatiques avec les autorités provinciales, les tribus conservant leur autonomie en échange de la sécurité pour la province. Des tribus pouvaient cependant également s'allier et générer de l'insécurité.

Institutions locales

Appartenant aux royaumes de Maurétanie, la cité est gérée dès le IIIe siècle av. J.-C. par des suffètes, des magistrats suprêmes, comme à Carthage et dans les villes punicisées. L'inscription dite des suffètes, datée entre 150 et 50 av. J.-C., a permis de déterminer que ces magistratures, peut-être héréditaires, étaient en usage vers 250 av. J.-C. Cet usage perdure jusqu'à la veille de l'annexion romaine, et même un peu après.

Il y a des édiles avant le statut municipal octroyé par Claude, et les institutions romaines étaient déjà présentes par les colonies de vétérans. En 44 les pérégrins intègrent en nombre la tribu Claudia, alors que de nombreux habitants étaient déjà citoyens romains dans les tribus Quirina et Galeria. La décision de Rome donne un « cadre officiel » à la romanisation dans la cité.

Les grandes familles locales ont été un soutien fidèle au culte impérial et aux institutions mises en place par Rome, accaparant les charges afin de réaliser leurs ambitions.

  • Décurions, sénat local (ou Ordo), anciens magistrats et membres des grandes familles locales, chargé de la vie religieuse et des finances ;
  • Deux duumvirs élus pour un an, administration générale, présidence des tribunaux et assemblées ;
  • Deux édiles chargés de la voirie, de la police, des marchés, des jeux ;
  • Questure, premier degré des honneurs, chargé de l'administration financière.
  • Flamines (hommes) ou flaminiques (femmes), élus pour un an, chargés du culte public, dont premier flamine investis de missions religieuses.
  • Sufètes, institution qui existe à Volubilis entre le IIIe siècle av. J.-C. et perdure ainsi après la conquête « un aspect de l'administration punique ».

Le site et ses monuments

Plan général et infrastructures de la ville

La cité occupe un « plateau triangulaire, facile à défendre ». Les alentours de la cité sont riches en matériaux de construction divers, argile, marnes, molasses, grès et calcaires.

Plan de la cité et enceintes

La cité royale maurétanienne était peut-être bâtie sur un plan punico-hellénistique, cependant les traces en sont ténues. L'urbanisme de la cité romaine prend en compte les constructions préexistantes de l'agglomération maurétanienne ainsi que les contraintes topographiques,.

La cité primitive, selon certains auteurs derrière André Jodin, était située sur un éperon au-dessus de l'oued dans le quartier est, cependant les vestiges qualifiés alors d'enceinte hellénistique sont d'époque romaine selon les études stratigraphiques les plus récentes. La zone la plus anciennement occupée est sans doute dans le quartier central et sud du site archéologique, cependant les limites de la cité maurétanienne demeurent difficiles à préciser. Les archéologues ont dégagé un vestige de rempart de briques crues sous le tumulus et le temple C, cependant son tracé général reste inconnu. Les constructions romaines prennent appui sur la cité maurétanienne, et les lieux de culte reprennent les emplacements affectés au même usage antérieurement.

Une enceinte protège la cité au IIe siècle, en 168-169, selon une inscription découverte dans une porte. Cette enceinte ne protège pas que l'espace bâti, des zones vides sont présentes à l'est vers l'oued Fertassa, et cette construction est due selon René Rebuffat à un enrichissement de la cité et non à un problème de sécurité. L'enceinte après une première modification était longue d'environ 2600 m, épaisse d'1,50 m et haute de 5 à 7 m, pourvue d'environ 40 tours. 9 portes l'ouvraient, dont la porte dite de Tanger a été restaurée partiellement en 1969 par R. Thouvenot et A. Luquer même si cette restauration ne fait pas l'unanimité,.

Trois camps de 100 à 150 m de côté et d'un rayon d'action d'environ 25 km assuraient la sécurité de la cité, localisés à 5 km de cette dernière pour ceux de Aïn Schkour et Tocolosida, et à environ 20 km pour celui de Sidi Moussa. Des tours et des fortins complétaient le dispositif sur les parties hautes du relief. Les troupes présentes, estimées entre 1500 à 2000, étaient des auxiliaires supervisés par un préfet et complétés par des contingents berbères.

La ville tardive n'a qu'une superficie modeste de 15 ha et est protégée par une enceinte de 660 m de long sur 2 m de large, l'enceinte précédente étant réparée.

Voies de circulation et organisation des quartiers

Les rues de la cité sont assez régulières, en particulier dans le quartier méridional. Le decumanus maximus, « artère la plus animée de la ville », est long de 400 m et large de 12 m, il était bordé de portiques, de boutiques et un collecteur d'égoûts se situait au milieu. Il menait à la porte dite de Tanger et les maisons patriciennes y avaient leur accès.

Le plan de la ville semble très marqué socialement avec en particulier la présence des vastes parcelles du quartier nord-est qui accueillirent les villas des patriciens. Un quartier neuf destiné aux vastes demeures patriciennes est bâti au nord-est du site au Ier siècle,. Ce quartier bénéficie d'un plan en damier avec cardo et decumanus. Un aqueduc et un établissement de thermes, les thermes du nord, sont construits dans le quartier vers 60-80. Le quartier ouest de la cité est méconnu car non encore fouillé. Le quartier sud, moins régulièrement organisé, était destiné aux activités artisanales. En outre, les abords de la cité étaient pourvus de fermes le long des oueds et des voies.

La parure monumentale est au maximum au IIIe siècle avec la basilique, le forum, le capitole et l'arc et est un témoin de « la puissance de la civilisation romaine et [de] la civilisation romaine ».

Alimentation en eau et eaux usées

L’alimentation en eau de la cité est suffisante du fait des sources du Zerhoun et des deux oueds, Fertassa et Khoumane. Peu de vestiges de citernes ou de puits ont subsisté jusqu’à nous. Un système complexe de canalisations de plomb ou de terre cuite alimentait la cité, qui possédait aussi des châteaux d’eau, « chambres de distribution et de pression » tant des constructions publiques que privées. Les particuliers devaient acquitter une taxe définie selon la quantité d'eau à laquelle ils avaient accès. La perception de cette taxe permettait l'entretien du réseau et des équipements.

L’aqueduc, qui allait récupérer de l’eau à 1 km de la ville et était surtout enterré, est modifié aux IIeetIIIe siècles. Cette conduite d’eau se divisait entre diverses sections et aboutissait à deux fontaines. Il y avait des latrines mais qui ont peu laissé de traces, si ce n'est une rigole, car les sièges étaient construits en bois. L'égoût situé sous le decumanus maximus était haut d'1,20 m et couvert de dalles de calcaire de 0,20 m d'épaisseur collectait les eaux usées, les eaux pluviales et les eaux des fontaines. Les eaux usées rejoignaient l'oued Khoumane. L'oued Fertassa servait également d'égoût pour des maisons individuelles et les thermes du nord.

Après le retrait de Rome, les installations déclinent et la ville se rapproche alors de l'oued Khoumane, devenu principale source de l'eau de la ville.

Édifices politiques

Forum

Caractères généraux, la place et ses abords

Le forum est situé au centre de la cité, et était accessible aux piétons au moyen de deux escaliers. La place fermait au moyen de deux portes. Le centre de la cité a été beaucoup remanié du Ier siècle ap. J.-C. au début du IIIe siècle. Les constructions publiques de Volubilis antérieures au IIIe siècle sont peu connues, car les monuments visibles actuellement furent bâtis sur leurs fondations sous la dynastie des Sévères. Le forum avait lors de son expansion maximale 1 300 mètres carrés consacrés aux fonctions politiques et religieuses : à l'est on trouve la basilique et la curie, et à l'ouest un bâtiment, une place à portiques et un temple.

Les citoyens se rassemblaient sur la place dallée, bâtie à la fin du IIe siècle, sur laquelle on trouvait une tribune aux harangues devant laquelle il y avait nombre de statues d'empereurs et des dignitaires locaux, dont subsistent uniquement les piédestaux. 14 inscriptions y ont été découvertes, dont deux dédicaces impériales. Les autres sont dédiées à des membres illustres de la cité, principalement issus des grandes familles : le forum de la cité est alors « un lieu de mémoire civique » et un lieu où « les grandes familles (...) accaparaient ainsi l'espace public ».

Dans la partie sud on trouvait l'établissement thermal appelé thermes du Capitole. Peut-être y avait-il au sud des thermes une place maurétanienne. Deux constructions publiques importantes du site possèdent des vestiges importants et sont emblématiques du site, la basilique et le Capitole qui sera évoqué dans les constructions à finalité religieuse mais dont il ne faut pas omettre l'aspect politique. Le bâtiment ouest était considéré comme un macellum mais cette interprétation est abandonnée du fait de l'absence de caractères architecturaux des boutiques. Il y avait également un espace cultuel au nord-ouest et une place à portiques. Cette place porte des temples et un autel de l'époque maurétanienne

La basilique civile et la curie

La basilique a été pour sa part utilisée pour l'administration de justice et le gouvernement de la ville et sa construction a débuté en 210. Achevée pendant le règne de Macrin au début du IIIe siècle ou sous les Sévères, c'est une des basiliques romaines les plus remarquables de l'Afrique romaine. Elle a probablement pris modèle sur celle de Leptis Magna dans l'actuelle Libye.

Les murs sont en opus quadratum et protégeaient les occupants tant des chaleurs que du froid. L'une des façades a fait l'objet d'une anastylose par A. Luquet, celle ouverte par 8 baies sur la place publique. Le mur extérieur de la basilique domine la place du forum où se tenaient les marchés. La construction, qui possédait à l'origine deux étages et deux galeries supérieures, avait 42,2 mètres de long et une largeur de 22,3 mètres. La hauteur intérieure de la bâtisse était de 15 mètres environ. L'intérieur du bâtiment est dominé par deux rangées de colonnes encadrant les absides à chaque extrémité où les magistrats prenaient place et les affaires étaient jugées. Dans le lieu les affaires économiques devaient également être évoquées. La basilique ouvrait sur par deux portes sur ce qui était sans doute la curie, où les différents magistrats prenaient les décisions liées à « la vie publique et administrative du municipe ».

Arc de Caracalla

L'arc de Caracalla est un des éléments emblématiques du site de Volubilis, localisé à l'extrémité de l'axe principal de la ville, le decumanus maximus. Il a été dédié entre le 10 décembre 216 et le 08 avril 217 par le procurateur de la ville, Marcus Aurellius Sebastenus,, pour honorer l'empereur Caracalla et sa mère Julia Domna à la suite d'une remise d'impôts accordée en 215-216 attestée à Banasa. Caracalla était issu de la dynastie africaine des Sévères et avait récemment étendu la citoyenneté romaine à l'ensemble des hommes libres de l'Empire. L'arc ne fut pas achevé avant la mort de l'Empereur, assassiné par Martialis et Macrin lui succéda.

L'arc est construit en pierre locale, du calcaire gris du Zerhoun, et était à l'origine couronné par un groupe statuaire de bronze figurant l'empereur et sa mère conduisant un char tiré par six chevaux. L'arc fait désormais 20 m de large et une arche de 8 m de haut sur 6 m de large. La hauteur originale devait être de 14 m. Il n'était pas dans l'axe du decumanus maximus et devait être visible de loin, témoignage du pouvoir de Rome pour les populations maures. Au pied de l'arc on trouvait des statues de nymphes versant de l'eau dans des bassins de marbre. Des médaillons portaient des représentations des saisons. Caracalla et Julia Domna étaient représentés dans des médaillons qui ont été martelés lorsque ces derniers ont été victimes de la Damnatio memoriæ. Le décor de l'arc était « plus simple et plus fruste » que les arcs de Rome. L'édifice révèle son origine provinciale : les motifs de saison sont fréquents en mosaïque mais absents des reliefs, ainsi que la technique est particulière avec l'usage du relief plat et de la niche en bâtière.

L'arc était en bon état au XVIIIe siècle et fut dessiné par le voyageur anglais J. Windus et s'est effondré lors du tremblement de terre de Lisbonne de 1755,. Le monument a été fortement restauré par les archéologues français entre 1930 et 1934, mais cette restauration est incomplète et son exactitude discutée, en particulier du fait des rapprochements avec les gravures réalisées au XVIIIe siècle. Des bas-reliefs n'ont pas été remis en place et sont au sol ou en remploi dans les bâtiments médiévaux. Ces bas-reliefs comportaient des motifs de Victoires et de trophées. L'inscription figurée sur l'arc a été reconstruite sur la façade orientale en 1935 à partir des fragments signalés par Windus en 1722, et qui avaient été en partie dispersés. L'inscription figurait sur les deux façades de l'édifice,.

Édifices religieux

Vestiges de l'époque préromaine

  • temple anonyme du IIIe siècle av. J.-C. Ce temple, de 40 m de côté, était peut-être à ciel ouvert. Ce type de temple à ciel ouvert était fréquent à l'époque punique en particulier il a été reconnu dans les fouilles du sanctuaire de Thinissut (Bir Bou Regba).
  • temples jumelés en tuf fin IIe-début Ier siècle av. J.-C. au nord-ouest du forum. Il y a des temples et un autel maurétanien.
  • temples dits G et H dans le quartier ouest, sous l'enceinte tardive, dont l'un a un podium de 75 m2.
  • un autre temple sous le temple B au-delà de l'oued Fertassa.

Époque romaine

Les habitants de la cité étaient imprégnés de la religiosité de l'époque, tant publique que privée, en témoignent les vestiges de statues monumentales en marbre mais aussi des statuettes de bronze retrouvées dans les demeures. Outre le culte à l'empereur et à Rome, les cultes officiels étaient répandus, dont ceux de la triade capitoline. De plus, les cultes orientaux y étaient répandus. Dans les maisons le culte aux Lares était répandu. Ont été retrouvé des traces de cultes orientaux, arabes, phrygiens, de judaïsme mais aussi de cultes locaux.

Les vestiges du Capitole se tiennent toujours derrière la basilique, et un autel est présent dans la cour qui lui fait face. Le temple possédait une simple cella. Le bâtiment était essentiel à la vie civique locale, car il était consacré aux trois divinités principale du panthéon romain, Jupiter, Junon et Minerve . Des assemblées civiques se tenaient devant le temple pour implorer l'aide des dieux ou les remercier pour des succès dans des entreprises civiques comme lors des guerres. La disposition du temple, faisant face au mur arrière de la basilique, est quelque peu inhabituelle et il a été suggéré qu'il peut avoir été construit au-dessus d'un lieu saint existant. Une inscription trouvée en 1924 rapporte qu'il a été reconstruit en 218, sous le règne de Macrin. L'inscription dédicatoire est datée de 217 ou 219. Il a été en partie reconstitué en 1955 et une restauration plus substantielle a eu lieu en 1962, avec une reconstruction de 10 des 13 marches de l'escalier, des murs de la cella et les colonnes. Il y avait quatre lieux saints plus petits dans l'enceinte du temple, dont l'un était consacré à Vénus.] L’édifice a été bâti sur un lieu de culte à ciel ouvert daté du IIe siècle av. J.-C. Le temple dit anonyme, situé à proximité du capitole, est pour sa part daté du IIIe siècle av. J.-C. et a été détruit au Ier siècle av. J.-C. Il faisait environ 40 m de côté et il « devait être à ciel ouvert ».

Il y avait cinq autres temples dans la ville, dont le plus important est le temple B supposé temple de Saturne qui se trouve sur le côté oriental de Volubilis et a été utilisé du Ier au IIIe siècle ap. J.-C. Il est différent des autres lieux de cultes du site. Il semble avoir été construit au-dessus d'un temple punique consacré probablement à Ba'al Hammon, selon un modèle connu selon les travaux de Marcel Le Glay. Ce niveau préromain est avéré par des découvertes de monnaies et d’une inscription néo-punique de la fin du IIe siècle av. J.-C. Le sanctuaire possède un mur qui l'entoure et délimite le téménos, ainsi qu'un portique à trois côtés. Le plan est celui des « sanctuaires africains de tradition locale ». L’édifice était vaste, avec 3 200 m2. 3 côtés étaient pourvus d’un péristyle qui abritait la foule des fidèles. Des salles annexes, aux missions peu claires, complétaient chacun des côtés. Sur le côté est 17 bases d’autels secondaires ont été retrouvées, 3 autels principaux occupant le milieu de la cour et deux citernes sur les côtés.
800 stèles ont été découvertes, de 15 cm sur 20 cm, de grès ou de marnes. Ces stèles sont anépigraphes, avec des motifs de personnages, et avaient sans doute un rôle d’ex-voto. La croyance n’est pas identifiable par les stèles, cependant le dépôt est sans doute antérieur à la dernière reconstruction datée du IIIe siècle. « Une nouvelle religion se serait substituée à la précédente » sur le site, à laquelle se lie des vases retrouvés avec des os brûlés de petits animaux.

À l'intérieur de cette enceinte sacrée on trouve un petit temple avec une cella construite sur un podium peu élevé. Des stèles et des ossuaires ont été retrouvés dans une grande favissa. L'identification de ce sanctuaire ne fait pas l'unanimité. Michel Ponsich évoque une divinité locale.

Le complexe du lieu de culte appelé temple C, du début du IIIe siècle, a une superficie de 600 m2 environ pour un édifice stricto sensu modeste puisque de 7,50 m sur 4,50 m. L’édifice a été détruit précocement après le départ des Romains et l’espace réutilisé en partie par des habitations. Deux temples jumelés en tuf au nord-ouest du forum et deux temples G et H dont l'un possède un podium de 75 m2. En outre, il y avait dans la cité une synagogue, attestée par une inscription.

Nécropoles et édifices funéraires

Les archéologues ont retrouvé des vestiges d'un mausolée pré-romain dans la maison de l'éphèbe, composé d'une antichambre et d'une chambre de 9 m2. Il y avait sans doute une nécropole dans cette partie de la ville, comme en témoignent des stèles puniques découvertes à proximité .

Des sépultures chrétiennes ont été découvertes dans le quartier centre et est, en particulier dans la maison à la citerne et la maison au compas des sarcophages ou tombes formées de dalles, avec la tête située à l'ouest. Les épitaphes portent des formulations chrétiennes : Memoria (en mémoire) ... domum (a)eternalem (demeure éternelle) ... dis/ces(si)t in pace (mort dans la paix).

Des nécropoles d'époque musulmane ont été découvertes dans l'ancien centre de la ville, au nord-est et au sud : le rituel d'inhumation est conforme aux préconisations de la religion musulmane avec une inhumation en pleine terre et la tête vers l'est.

Édifices de loisirs

On a retrouvé plusieurs établissements de bain : quatre d'époque romaine avec un hypocauste, et un hammam de la période arabe.

Le plan des édifices thermaux ne respecte pas le plan symétrique des thermes impériaux (comme celui des Thermes d'Antonin de Carthage) mais est organisé selon un axe qui oblige l'usager à « un itinéraire rétrograde ». Les pièces les plus chaudes étaient situées au fond des édifices, à proximité des foyers. L'édifice n'était pas destiné qu'à l'hygiène, des nombreux espaces étaient voués aux exercices physiques, intellectuels et ainsi un pivot de la vie sociale.

Quatre établissements thermaux publics ont été dégagés : les thermes du nord, de 60-80, sont les plus vastes, et possèdent une palestre de 300 m2 et un édifice de même superficie. Les thermes de Gallien tirent leur nom d'une inscription de remploi. Deux autres complexes sont de moindre importance, les thermes du Capitole et les thermes de la Maison à la citerne. Ce dernier complexe de la fin du Ier siècle a été détruit dès le IIIe siècle mais conserve son hypocauste.

Les thermes publics sont modifiés au IIIe siècle, et dans le même siècle des thermes privés sont installés dans des maisons patriciennes, « amorce d'une pratique plus individuelle de l'hygiène ».

Les thermes du forum, bien que d'une superficie modeste (560 m2) possédaient tous les éléments classiques d'un édifice thermal. Ils étaient bien situés et devaient être très fréquentés . Volubilis a aussi possédé plusieurs ensembles de bains publics. On peut toujours voir quelques mosaïques dans les bains dits de Gallien car refaits à l'initiative de cet empereur dans les années 260. Les thermes du Nord étaient les plus grands de la ville, couvrant une zone d'environ 1 500 m3. Ils ont été sans doute construits pendant le règne d'Hadrien.]

Près de l'oued Khoumane, au sud de la ville, des thermes islamiques ont été retrouvés.

Édifices à vocation industrielle et commerciale

L'activité antique de « culture et (...) transformation des produits agricoles » de la cité est visible par le nombre élevé d'huileries et de boulangeries identifiées.

L'oléiculture à Volubilis

La culture de l'olivier, débutée dès l'époque berbère, a été amplifiée surtout après la conquête romaine. Une vingtaine d'huileries est connue dans l'arrière-pays, espace où on a estimé le nombre de 120 000 oliviers plantés dans l'Antiquité. 57 huileries des IIe siècle et IIIe siècle sont connues dans la ville même, une installation a été restituée à proximité des thermes de Gallien.

Les huileries sont un indicateur de l'importance de l'agriculture dans l'économie de la cité et le blé était également produit en quantité sur le site. Une partie des maisons patriciennes était destinée à l'activité industrielle, qui a laissé des vestiges archéologiques.

Dans le quartier nord-ouest, « une dizaine de maisons sur les vingt-trois (...) comprenaient des pressoirs ». Au moins 100 pressoirs à huile étaient présents dans la cité, ce qui semble qualifier l'oléiculture comme la richesse principale du lieu. Morel Deledalle indique le chiffre de 57 pressoirs à huile retrouvés lors des fouilles.

Les ustensiles étaient réalisés en grès coquillier : des meules étaient destinées au broyage, d'autres servaient à décortiquer et malaxer la pâte pour en retirer l'huile, il y avait plusieurs pressurages. Une innovation est introduite au IIe siècle avec des contrepoids cylindriques de calcaire du Zerhoun trois fois plus lourds que les contrepoids parallélépipédiques utilisés auparavant et devaient donc faciliter l'extraction de l'huile dans les scourtins .

L'installation comprenait outre la zone de pressage un espace destiné à la manutention lors des différentes opérations, creusé de rigoles et aboutissant à un bassin de décantation profond d'environ 1 m-1,20 m, contenant 2 500 litres environ. Le rendement devait être de 16 litres pour 100 kg d'olives et la production était destinée aux besoins familiaux ou locaux. La région importait par ailleurs de l'huile de meilleure qualité de Bétique.

Blé et meunerie

La culture du blé était très répandue dans l'arrière-pays de Volubilis. 40 quintaux environ étaient nécessaires au ravitaillement quotidien de la nombreuse population.

La farine devait être moulue au jour le jour. 64 meules de pierre volcanique ont été dégagées lors des fouilles, de deux modèles différents. Des pétrins mécaniques servaient aux boulangers. Les pains étaient cuits et vendus dans les boutiques adjacentes. De nombreuses boulangeries étaient situées dans les maisons du quartier nord-est.

Commerce et artisanat

Les maisons comprenaient également des boutiques en façade des maisons et sans communication avec ces dernières. Dans le seul quartier nord-est 120 boutiques d'environ 24 m2 ont été dégagées lors des fouilles.

L'artisanat devait être développé, au vu des découvertes effectuées lors des fouilles archéologiques du site, mais les lieux précis des diverses activités ne sont pas identifiables. Un artisanat lié à la construction, à la poterie, au travail du métal et au travail des tissus et du cuir a été identifié, également un artisanat de réparation d'éléments militaires.

Maisons privées : habitat et mosaïques de sol

Diversité et originalité de l'habitat

Les maisons privées dégagées à Volubilis vont des hôtels particuliers richement décorés aux simples bâtisses comportant deux pièces et construites de brique et de boue séchée, et destinées aux habitants les plus pauvres de la ville.

Les maisons du quartier nord-est sont parfois vastes de plus de 1 500 m2, avec pour certaines un péristyle de plus de 300 m2 au milieu duquel se situait un bassin. Les maisons de Volubilis possèdent un plan qui diffère du plan-type des demeures comme celles de Pompéi et se rapproche du plan de la demeure traditionnelle d'Afrique du Nord. L'atrium n'existe pas en Afrique, la fonction étant assurée par le péristyle. Certaines possèdent un second atrium, un atriolum, bassin entouré de 4 colonnes, qui permettait d'avoir un puits de lumière supplémentaire et un complexe thermal privatif. Les fonctions des différentes pièces sont complexes parfois à identifier, sauf pour celles ayant eu une fonction industrielle ou commerciale. Les villas ont été réaménagées au fur et à mesure de l'histoire de la cité, donc les plans originels ont parfois été modifiés. Les espaces de réception étaient divers : vestibule, péristyle, triclinium, exèdre.

Dans ces riches maisons ornées d'œuvres d'art et richement meublées les propriétaires pouvaient recevoir.

À l'entrée de certaines pièces se trouvaient des pilastres et des demi-colonnes. Il y avait également des peintures à fresques, le marbre était utilisé avec parcimonie. Les colonnes sont soit de grès soit de calcaire et ornées de chapiteaux, le tout étant travaillé de façon diverse et inventive.

Caractères généraux des mosaïques de Volubilis

Les vestiges les plus spectaculaires sont les très nombreuses mosaïques ornant essentiellement le sol des triclinia ou exèdres de réception des riches demeures, et aussi les fontaines et bassins. Les découvertes sont liées aux fouilles de quartiers riches des sites antiques, et « nombre de sites sont potentiellement riches en pavements ». Les mosaïques ont toutes été découvertes dans les quartiers résidentiels du nord-est et de l'arc sauf la maison d'Orphée localisée pour sa part dans le sud. Ces mosaïques sont une source de documentation pour la mythologie et l'iconographie. « Les mosaïques de Volubilis (...) sont un épanouissement romain préparé par de nombreuses greffes » issues de « traditions indigènes, phénicopuniques et hellénistiques ».

Les mosaïstes ont utilisé du calcaire local, du marbre, du schiste, de la céramique et de la pâte de verre. Les mosaïques sont pour la plupart polychromes, et peu en bichromie noir et blanc. En 1965, 3 mosaïques provenant du site de Banasa (l'ancienne colonie romaine Julia Valentia Banasa située sur une voie romaine de la Maurétanie Tingitane, au Nord-Ouest du pays) ont été ajoutées aux vestiges conservés à Volubilis. Les mosaïques des deux sites sont les mieux datées, de 40 au milieu du IIIe siècle. Leur conservation pose toutefois problème : auparavant protégées, elles sont désormais exposées au soleil, au vent et aux visiteurs qui peuvent les fouler librement.

Les plus nombreuses ont un décor géométrique ou floral, d'autres possèdent un décor figuré. Il n'y a presque pas de mosaïques funéraires.

Les mosaïques figurées possèdent des sujets mythologiques ou animaliers, les scènes de vie quotidienne (pêche, jeux) sont très peu nombreuses,. Des représentations végétales, comme le laurier, l'épi de millet et la fleur de lotus, parfois stylisées servaient à des fins apotropaïques, tout comme des symboles de défense (trident, fourche) et des animaux fantastiques marins. D'autres symboles prophylactiques sont répandus, la croix

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Trucs et astuces
Nam Nắn Nót
5 july 2019
Must go place in Maroc,on the road from Meknes to Ouazzane.Ticket entry 60 or 70dirham.U will take 1 or 2 hours at this place without guide.If u really love Roman history,maybe it will take more time
Finn Reddig
24 october 2013
A magical place. Go there late afternoon as the light is great at this time.
youssouf El Ouadghiri
23 december 2013
A wonderfull place full of history and virgin nature not discovered
Al Myers
17 june 2023
Great visit. Amazing what the Romans did.
A5ma_
12 september 2017
Beautiful old Roman ruins. So worth the visit. We came from Meknes, but you can come from Fes too. The entrance fee is 10 DHs (1$) and its free for locals.
Petr Chervonec
21 july 2015
Развалины римского города, во многом превосходящие Карфаген. Не зря охраняется ЮНЕСКО.

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