Temple d'Apollon à Bassae

Le temple d'Apollon Épicourios (ou Épikourios) à Bassae est un temple de la Grèce antique situé à Bassae (latin Bassae, du grec ancien Βάσσαι, grec moderne Βάσσες, nom signifiant "les ravins"), à 8 km NO de la cité antique de Phigalie et à 7 km S du village moderne d'Andritsaina.

Perché à 1130 mètres dans les montagnes arcadiennes, en plein Péloponnèse, il est orienté face au nord sur une des terrasses ouest du mont Cotylion.

Description

C'est un bâtiment périptère, de forme allongée, d'environ 40 m sur 16 m, ce qui lui donne une apparence archaïque. Mais sa particularité essentielle est que ses colonnes appartiennent aux trois ordres, et surtout qu'il mêle ingénument des innovations originales à des archaïsmes architecturaux, lui donnant de ce fait une étrange identité, à la fois conservatrice et révolutionnaire.

Ce temple hexastyle (six colonnes de face) possède une colonnade extérieure de style dorique en calcaire gris local d'une extrême sévérité, les métopes, souvent ornées, étant ici vierges de toute sculpture. Par contraste, l'intérieur offre une plastique de grande qualité, associée à une architecture très élaborée.

Si on retrouve encore sur les fronts du pronaos et de l'opisthodome deux colonnes in antis d'ordre dorique, à l'intérieur du naos, apparaissent deux rangées de cinq colonnes ioniques appuyées sur les murs par des murets transversaux. Au fond du naos, les deux dernières colonnes ioniques encadrent une unique colonne corinthienne, séparant le naos de l'adyton aménagé au fond, qui comporte une entrée latérale au sud-est, tout à fait exceptionnelle.

À la différence du calcaire rustique employé à l'extérieur, le matériau des chapiteaux ioniques et corinthien, ainsi que les métopes sculptées de la frise et les plaques de la frise intérieure sont en marbre de Doliana.

Le temple fait l'objet de travaux importants et d'une restauration radicale. Depuis 1990, il est protégé par un immense vélum soutenu par des poteaux métalliques et des câbles d'acier, qui le recouvre entièrement. Ses éléments architecturaux ont été nettoyés et solidarisés par des étais et échafaudages boulonnés et capitonnés. Pour admiratif qu'il soit devant l'ampleur de l'entreprise, le visiteur, surtout photographe, n'en est pas moins fortement frustré !

Historique

Le peu que nous connaissons de ce temple nous vient de Pausanias, géographe grec du Шаблон:S-, qui le visita. Cet auteur, à l'esprit limité, mais consciencieux et honnête, parcourut la Grèce continentale et laissa des notes rassemblées de façon confuse, toutefois infiniment précieuses par leur caractère unique. Les informations qu'il nous donne sur le temple d'Apollon Épicourios amènent plus de questions qu'elles n'apportent de réponses.

Pausanias avance que ce temple fut consacré par les habitants de Phigalie à Apollon Épicourios, dieu guérisseur qui vint à leur secours lors d'une épidémie de peste, « comme il le fit durant les guerres du Péloponnèse ». Cette explication laisse sceptiques beaucoup d'archéologues modernes.

Il indique également que l'architecte fut Ictinos, sans apporter de preuve étayant cette affirmation. Or Ictinos est l'architecte le plus connu de la Grèce classique : il fut l'auteur du Parthénon d'Athènes et du Télestérion d'Eleusis. Pausanias néglige de dire comment et pourquoi Phigalie, modeste bourgade d'Arcadie, fut capable d'engager un architecte aussi prestigieux. C'est pourquoi les archéologues modernes hésitent à confirmer cette hypothèse. Mais si cette thèse était vraie, la construction de ce temple pourrait être datée précisément de l'époque de Périclès.

Pausanias n'explique pas non plus pourquoi le temple fut établi à l'écart dans la montagne, à 8 kilomètres de la cité, dans un lieu d'accès si difficile qu'il faille plusieurs heures de marche pour l'atteindre.

Plus loin, il rend hommage au toit exceptionnel du temple, « fait exclusivement de pierres », alors qu'en réalité des poutres de bois étaient employées pour soutenir le plafond. Et enfin, il fait l'éloge de la beauté des pierres et de l'harmonie des proportions, tout en restant silencieux sur le contraste des matériaux, sur la combinaison novatrice des colonnes et surtout, isolée dans l'axe de l'édifice, sur cette toute première colonne corinthienne connue de l'aire grecque, qui constitue une avancée historique, et qui eut un impact mondial sur l'architecture des siècles suivants.

Les questions qui viennent aux lèvres concernent le ou les bâtisseurs :

  • N'y aurait-il pas eu sur ce site deux architectes distincts à des époques différentes : un premier pour la partie la plus ancienne et la plus rustique, c'est-à-dire la partie extérieure dorique, et un second pour la partie intérieure plus récente et plus élaborée ?
  • Ou, si cela avait été vraiment Ictinos le seul maître d'œuvre de cet ouvrage, est-ce qu'il aurait alors commencé sa carrière par le Parthénon, entre –447 et –438, et l'aurait fini en Arcadie par ce temple d'Apollon entre –429 et –400, ce qui aurait été un parcours étrange pour une carrière d'architecte ?

Découverte

Ce temple, à l'écart de toute agglomération, resta ignoré pendant des siècles. Ce n'est qu'en novembre 1765 que l'architecte français Joachim Bolcher, voyageant dans le Péloponnèse et traversant cette région montagneuse, découvrit ces ruines fortuitement.

L'architecte britannique Charles Robert Cockerell, accompagné d'un certain nombre d'amis, explora le temple en août 1811, lors de son Grand Tour. Il découvrit la frise, l'acheta une bouchée de pain au Pacha de Tripolizza et la revendit 60 000 dollars au British Museum.
Il raconte l'épisode dans son journal. On y lit tout l'enthousiasme romantique de l'époque et la chance qui semble guider alors toute découverte d'un trésor archéologique :

« Il est impossible de bien décrire la beauté romantique du site où se trouve le temple. Il est au sommet d'une corniche d'où on aperçoit des montagnes désolées et la campagne immense à ses pieds. La vue nous offre Ithome, le dernier rempart des Messéniens contre Sparte au Sud-Ouest, l'Arcadie et ses nombreuses collines à l'est ; et au sud, le Taygète et encore au-delà, la mer. Nous avons passé en tout dix jours sur place, nous nourrissant de moutons et de beurre (le meilleur beurre que j'ai pu goûter depuis mon départ d'Angleterre) que nous vendaient des bergers albanais qui vivaient tout près. Le soir, nous avions l'habitude de nous asseoir autour du feu et de fumer en discutant avec les bergers albanais.
Un jour, un renard qui avait installé son terrier parmi les pierres, dérangé sans doute par notre bruit, sortit de son trou et s'enfuit. »

Ce fut en explorant le terrier que Cockerell découvrit un fragment de la frise (le fragment n°530 du catalogue des Marbres de Phigalie au British Museum).
Cockerell et ses amis négocièrent auprès du Pacha de Tripolizza le droit de fouiller le temple. L'autorisation fut accordée en 1812, en échange de la moitié de ce que rapporterait la vente des trésors découverts. Le temple fut exploré entre juin et août 1812.
La légende dit que les archéologues amateurs se gardèrent bien de préciser au Pacha l'ampleur de leurs découvertes. Celui-ci aurait senti qu'il se faisait rouler au moment où les Occidentaux embarquaient les marbres. Le Pacha aurait alors envoyé ses janissaires pour arrêter l'embarquement. Cockerell et ses amis auraient alors dû se contenter d'emporter la frise et abandonner le chapiteau corinthien (exemple le plus ancien de cet ordre). Le chapiteau aurait alors été détruit par les janissaires qui ne trouvèrent que cet objet pour passer leur colère et leur frustration.
La frise fut vendue aux enchères à Zante en mai 1814 et achetée par le gouvernement britannique pour le British Museum.

Cinéma

  • Bassae (1964) de Jean-Daniel Pollet

Notes

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