La tour de Bozel, dite tour Sarrazine, daté du XIIe siècle, est l'unique vestige d'une ancienne maison forte, reconvertie en habitation rurale et distante de quelques mètres quelle protégeait, qui se dresse sur la commune de Bozel dans le département de Savoie en région Auvergne-Rhône-Alpes.
La tour de Bozel est située dans le département français de Savoie sur la commune de Bozel, sur la rive droite du torrent du Bonrieu, dans le bourg.
La tour de Bozel, située près du ruisseau Bonrieu, était désignée par les habitants sous le nom de « Tour des Sarrasins ».
On sait que les Sarrasins vinrent une première fois dans les Alpes vers 730, mais qu'ils ne firent qu'y passer. Ils y arrivèrent de nouveau vers 906, et, quelques années après, occupèrent les vallées des Alpes, surtout la Maurienne et la Tarentaise, où ils se maintinrent pendant environ un siècle. Bien que la légende, chez nos paysans, comme on le sait, attribue aux Sarrasins tous les faits et gestes des Romains, des Burgondes, des Wisigoths, des Huns, des Normands, etc., qui traversèrent ou occupèrent notre pays, comme ils ont construit une assez grande quantité de tours et de châteaux-forts dans les contrées qu'ils ont conquises et occupées, il pourrait bien se faire qu'ils eussent élevé, pendant leur occupation de notre pays, une tour sur l'emplacement de celle qui, aujourd'hui, porte leur nom, quoiqu'elle ait été édifiée longtemps après leur évacuation.
Cette tour a appartenu successivement à différentes familles nobles. Bozel en a compté plusieurs, parmi lesquelles on distinguait celle des sires de Bozel, qui était très ancienne.
Saint Pierre II de Tarentaise racheta, au XIIe siècle, différents droits ecclésiastiques de Gonthier, fils de Rodolphe de Bozel, pour 8 sols de Suze, de Pierre de Bozel, pour 7 livres, et de Wullielme Ruffy de Bozel, pour 4 livres, même monnaie.
Un Aymon de Bozel, Aymo de Bosellis, figurait, en 1140, au nombre des hauts personnages, optimates, de la contrée. En 1225, un Rubens de Bozel y jouissait d'une grande considération. On sait aussi qu'en 1267 un seigneur de Bozel eut guerre avec les sires de Briançon, qui détenaient, dans la vallée de Bozel, quelques fiefs relevant de l'Église de Tarentaise. Dès le XIIIe siècle, on voit apparaître les nobles du Vergier de Bozel. Le centre de la juridiction seigneuriale de cette noble famille fut, dès cette époque, fixé à Bozel, où elle avait une maison forte avec tour, in angulo villoe Bozellarum. En 1353, Jean du Vergier, tant en son nom qu'en celui d'Urbain, son frère, et Sabrienne des Gouttes, vendent à l'archevêque de Tarentaise tous les droits qu'ils pouvaient avoir sur les alpéages de la vallée de Bozel. Jacques du Vergier, de Bozel, vend, en 1439, en faveur du cardinal de Arciis, le droit de juridiction qu'il avait sur certains hommes de cette vallée. En 1443, Jean du Vergier vend au même cardinal ses droits de marques, poids, mesures et aunages qu'il avait dans la vallée de Bozel. L'archevêque de Tarentaise avait acquis, en 1406, de noble François Sécalcy (Séchal) son domaine et ses droits de juridiction dans la vallée de Bozel.
La tour est endommagée, en 1630, par une crue du Bonrieu qui inonde l'étage inférieur. Elle sera réparée en 1715, après avoir été occupée.
La tour, de forme barlongue, de 9,70 X 8,20 mètres de côté hors œuvre, a des murs épais de 2,15 mètres à sa base, et sa méthode de construction l'a fait remonter à la fin du XIIe siècle. Haute de trois étages sur rez-de-chaussée, que sépare des planchers posés en retrait sur le mur, on accédait à la tour, côté est, au niveau du premier étage, par une porte située à 4 mètres au-dessus du sol. La tour est érigée en petits moellons bruts noyés dans un mortier fait de chaux et de sable. Les angles, les pieds-droits et les arcs des baies sont en moellons réguliers.
Le rez-de-chaussée, comme les deux premiers étages, sont percés d'archères à niche et double coussièges (XIIIe siècle ?). Le dernier niveau est éclairé par huit ouvertures en plein cintre et possède une petite salle, chauffée par un poêle, faisant office de cabinet de travail.
Entièrement réhabilitée, elle abrite une exposition permanente retraçant la vie du canton du néolithique à nos jours et également des expositions temporaires.